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Sarkozy : l'erreur fatale ? ; Hollande candidat en 2017 ; djihadisme et islam : le débat chaud-bouillant
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi le double discours qui entoure la "laïcité", la législative partielle du Doubs ou la preuve qu'il n'y a pas eu d'"effet Charlie" et, et, et... ce que va faire "Charlie Hebdo" de ses millions. Y'a de quoi lire, et de quoi réfléchir, dans la revue de presse des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Beaucoup de choses intéressantes, cette semaine — intéressantes, oui, oui. Pas forcément drôles, carrément sérieuses, même, mais pas compliquées à comprendre, et surtout sacrément titillantes. Comme, par exemple, l'article des "Inrocks" sur le djihadisme, sur ce qu'il est, et surtout, sur ce qu'il n'est pas, en résumé sur "les idées reçues" qu'on s'en fait... Hou, vous allez pas être déçus !

Un djihadisme sans islamisme et sans islam

Pour savoir ce qu'est et ce que n'est pas le djihadisme, "Les Inrocks" sont allés interviewer le sociologue et philosophe Raphaël Liogier qui dirige l'Observatoire du religieux, et il a bien fait ! Sérieux, si vous pouvez, lisez l'article tout entier : il n'y a rien à jeter. "Aujourd'hui, dit le chercheur, on a un jihadisme sans islamisme, et donc a fortiori sans islam. (...) Les jihadistes ne passent même pas par un endoctrinement politique construit, ils sautent directement à la case jihad, sans passer par la case islam, car ils ont préalablement ce désir de violence. (...) ce sont des jeunes (...) qui n'ont pas réussi leur processus d'individuation, (...) qui sont complètement désocialisés. (...) Y compris de leur communauté d'origine. Le problème n'est donc pas le communautarisme". Ah, on voit les choses un peu autrement, tout d'un coup, hmmm ?

Les Français "méfiants" vis-à-vis de l'islam

Vous trouvez Raphaël Liogier angéliste ? Il a devancé le reproche : "Je ne cherche même pas à être éthique", dit-il aux "Inrocks". On est loin, il est vrai, du discours tenu dans "L'Express" qui, ce jeudi, affiche en couverture : "La République face à l'islam". Qu'est-ce que va-t-on encore trouver là-dedans ?, s'est-on demandé en découvrant la une... Il faut dire que le dossier commence par un "état des lieux" où l'on rappelle, d'emblée, que "l'islam en tant que religion suscite toujours une profonde méfiance" en France. Et le mag de rappeler les résultats d'une étude de l'institut américain Pew Research Center selon qui "74 % des Français (auraient) une bonne opinion des musulmans" tandis que "51 % d'entre eux estiment aujourd'hui que l'islam est incompatible avec les valeurs de la société". Pourquoi ? "L'Express" avance trois explications possibles...

Pourquoi les Français sont "méfiants"

Première explication possible : "les mosquées bénéficient de financements étrangers à hauteur de 20 % en moyenne, et 80 % des 1800 imams officiant sur le territoire ne sont pas français". Deuxième explication : le fait que les djihadistes se réclament de l'islam. Sur ce point, on vous renvoie aux arguments développés par Raphaël Liogier dans "Les Inrocks" cités plus haut... Reste un troisième élément qui, pour le coup, nous amène, cette fois, à nous interroger sur la responsabilité de la France au regard de la religion musulmane. Vous voyez de quoi il s'agit ? Oui, non ? Du fameux principe de "laïcité"... et de la façon dont on l'applique : "Le double discours sur la laïcité alimente le flou", indique le journal. Le double discours, quel double discours ?

"On confond laïcité et neutralité"

Dans son gros dossier sur "La République face à l'islam", "L'Express" propose un entretien — sacrément éclairant — avec Jean Baubérot, "fondateur de la sociologie de la laïcité" et chercheur au CNRS-EPHE. Là encore, si vous le pouvez, lisez l'article dans son intégralité : vous ne le regretterez pas. Que dit en substance Jean Baubérot ? "On confond laïcité et neutralité, cette dernière n'étant qu'un moyen et non une finalité en soi. (...) La loi est supposée dire : "Cachez cette religion que je ne saurais voir..." Mais pas du tout ! La loi n'a jamais interdit les manifestations de la religion sur la voie publique. (...) Dans la loi de 1905, l'obligation de neutralité est faite à l'Etat et à ses représentants, pas aux citoyens". En confondant "le combat pour la laïcité avec la négation de la religion ou sa relégation dans l'"intime", précise encore le chercheur, l'Etat sort de son rôle : il n'est "plus laïque mais partiellement athée". Fait parlant, longuement étayé par le sociologue : c'est à partir du moment où l'Etat a cherché à empêcher les manifestations publiques de la religion que les problèmes sont apparus...

Il faut "une "relaxation" des exigences républicaines"

Comme en écho à Jean Baubérot, Constantin Languille "pointe l'intolérance du laïcisme français", nous dit "Le Point". Dans ses pages "Le postillon", l'hebdo publie les bonnes feuilles du livre de ce jeune essayiste, intitulé "La possibilité du cosmopolitisme" (Gallimard) : "La pacification des tensions exige une "relaxation" des exigences républicaines, assimilatrices et uniformisantes, écrit-il notamment : il faut accorder aux Français de confession musulmane une plus grande marge de liberté dans leur vie de tous les jours et dans leurs interactions sociales, dans le monde du travail et au contact des services publics".

La laïcité à géométrie variable

Constantin Languille serait-il d'accord avec Jean Baubérot quand ce dernier dit, dans "L'Express", qu'en confiant le dossier laïcité au Haut Conseil à l'intégration, Nicolas Sarkozy a commis une grave erreur, car "le message subliminal officiel est devenu celui-ci : la laïcité n'est pas pour tous les Français, mais un passeport obligatoire pour les immigrés. (...) La laïcité, appuie le chercheur, est utilisée à géométrie variable, et de façon plus sévère et injuste envers l'islam".

"Le drame de l'islam, c'est qu'il est trop fort"

Victimes de la laïcité, les musulmans ? Franz-Olivier Giesbert ne se prononce pas sur le sujet. Dans sa "Lettre à un ami musulman", l'éditorialiste du "Point" se concentre en revanche sur l'essor de l'islam : "Le drame de l'islam, écrit-il, c'est simplement qu'il est fort, trop fort, et que, comme l'Eglise autrefois, grisé par ses avancées, il lui arrive de se croire tout permis. (...) Si plus de 150 millions de chrétiens sont persécutés à travers la planète, ce n'est pas par des bouddhistes, ni par des hindouistes, ni par des confucianistes, mais par des islamistes qui brûlent leurs églises et les poussent à l'exode. Si les mots ont un sens, cela s'appelle de l'épuration religieuse. (...) l'islam paie d'avoir pris le pouvoir dans une grande partie de la planète où, vivant en concubinage avec les gouvernants, il se sent si puissant qu'il refuse de répondre de ses actes. Ce qui ne l'empêche pas de jouer la victimisation". Conclusion de Giesbert, en résumé et en substance : il est temps de relativiser. Cela vaut pour les musulmans comme pour ceux qui ne le sont pas. Ca peut pas faire de mal, hein ?

La législative partielle du Doubs, ou la preuve qu'il n'y a pas eu d'"effet Charlie"

Mais passons aux questions de politique politicienne et... à l'élection législative partielle dans la quatrième circonscription du Doubs. Comme vous le savez, le FN est arrivé en tête au premier tour, devant le PS, et l'UMP a été éliminée. "Sarko foire la première élection depuis son retour à la tête du parti. C'est une claque à la veille des départementales de mars", cinglent "Les Inrocks", qui observent pourtant que "tous les partis ont perdu des électeurs : le FN recule de 1 200 voix, l'UMP de 2 500, et le PS de 9 000. En somme, ce premier tour ne confirme pas tant la dynamique du FN que la difficulté du PS à mobiliser son électorat. (...) Il n'y aura donc pas eu d'effet Charlie comme l'espérait Manuel Valls".

Sarkozy : l'erreur fatale ?

Si l'après-Charlie s'annonçait d'emblée délicat à gérer pour Nicolas Sarkozy, son appel à ne voter ni pour le FN, ni pour le PS au deuxième tour de la législative partielle du Doubs ne s'est pas révélé des plus judicieux. "Sarkozy pris à son propre piège", c'est le titre de l'édito de Matthieu Croissandeau dans "L'Obs". Pour le patron de l'hebdo, le président de l'UMP a commis "une double erreur. La première est de dédiaboliser encore un peu plus la formation d'extrême droite en la mettant dans le même sac qu'un parti de gouvernement. C'est ce qu'on appelle confondre son ennemi avec son adversaire". Deuxième faux pas : "laisser ses partisans choisir, c'est ancrer chez eux l'idée qu'on peut être tour à tour électeur du FN et de l'UMP (...) Au risque de longtemps le regretter".

"Son leadership s'est émietté"

Un malheur n'arrivant jamais seul, le président de l'UMP est de plus en plus isolé. "A l'exception d'une poignée de soutiens historiques — type Brice Hortefeux —, indique "L'Express", Nicolas Sarkozy n'a plus grand monde autour de lui en qui il puisse placer sa confiance. "En fait, il est seul", analyse un permanent du parti. (...) "Il n'a plus le monopole des idées. C'est ce qui faisait sa force. Et plus il court après le consensus, moins il a la "vista"", s'inquiète un proche. A tous les niveaux de l'échelle politique, son leadership s'est émietté. "Il n'impressionne plus", décrypte un de ses anciens ministres. "Il est moins écouté par les parlementaires", abonde Valérie Pécresse (...)". Hé bé !

François Hollande candidat en 2017

Mais quelles nouvelles, de notre président ? "L'Obs" nous l'apprend : "Pour relancer son quinquennat, le chef de l'Etat a renouvelé son cabinet de fond en comble. Il a confié les clés du pays à une bande de trentenaires surdiplômés qui lui sont entièrement dévoués". Au nombre de six, les nouveaux sherpas prennent la pose dans un salon de l'Elysée, où ils ont reçu le magazine. La photo, il faut le reconnaître, est assez belle — elle en impose, en tout cas, et cela d'autant plus qu'elle donne à voir des visages qu'on ne connaissait pas, ou très peu. A l'image de celui d'Audrey Azoulay, la conseillère culture du président, qu'on découvre en couverture. Autour d'elle et du médiatique Gaspard Gantzer, chargé de redorer l'image de François Hollande, on trouve en effet l'ex-journaliste de Canal+ Nathalie Ianetta (conseillère sport), le secrétaire général adjoint de l'Elysée Boris Vallaud (époux de Najat Vallaud-Belkacem — aïe, on l'a dit !), les très jeunes Jean-Jacques Barbéris (conseiller conjoncture, commerce extérieur et financement de l'économie) et Constance Rivière (directrice adjointe de cabinet), âgés tous deux de 34 ans. "Le grand lifting opéré au Château par un président inquiet aura-t-il un effet durable sur sa cote de popularité ?, s'interroge "L'Obs". Il est, en tout cas, le signe qu'il est déjà en campagne pour 2017. "En jouant la carte des trentenaires, souligne l'un d'eux, il nous fait comprendre qu'il faut déjà se préparer pour cette échéance. Elle se rapproche sérieusement..."". Houlou !

Que devient "Charlie Hebdo" ?

Mais puisque nous avons évoqué "l'effet Charlie" (ou son absence), que diriez-vous de faire un petit point sur le journal, ce qu'il devient — un mois tout juste après l'attentat du 7 janvier ? ""Charlie" : que faire des millions ?", c'est le titre de l'enquête que "Le Point" consacre à l'hebdomadaire satirique. Première nouvelle : ""Charlie Hebdo" reviendra dans les kiosques le 25 février". "La rédaction sera dirigée par un "tandem aux commandes", Gérard Biard et le dessinateur Riss, un ancien du journal", indique encore le mag qui s'interroge longuement sur la rumeur persistante du retour de Philippe Val (lequel dément "catégoriquement") et sur la présence singulière de la très influente conseillère en communication Anne Hommel ("Je le fais bien volontiers, et à titre gracieux", précise-t-elle).

Des millions pour quoi faire ?

Entre les "13 millions d'euros (...) qu'aurait rapporté net la vente du numéro" en hommage aux victimes, les "2, 35 millions d'euros (...) de dons collectés par l'association Presse et pluralisme pour le fonctionnement du journal" et le million d'euros que "Fleur Pellerin, la ministre de la Culture a (...) promis de débloquer le lendemain du drame", "Charlie Hebdo" a ce qu'il faut, côté finances, comme ne manque pas de le souligner "Le Point"... Il a aussi gagné "250 000 abonnés potentiels depuis le 8 janvier. A raison de 96 euros pour un abonnement annuel", détaille le mag. Est-ce pour autant la fin des soucis ? ""Même si "Charlie" a reçu beaucoup d'argent, il n'est pas certain qu'un marché existe pour ce genre de publication. La preuve : il agonisait dans l'indifférence générale fin 2014", commente un expert. Peu avant les attentats, ajoute "Le Point", l'hebdomadaire ne trouvait que 24 000 acheteurs. (...) Parmi les "nouveaux" abonnés, beaucoup ne connaissent pas "Charlie Hebdo". Ce public, financièrement vital, se reconnaîtra-t-il dans un journal habitué à amuser un public restreint, conquis et ancien ?" La question est posée... Sur ce, bonne semaine, les gourmands de l'info, digérez bien tout ça, et continuez de lire, c'est bon pour le teint !

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