Manifs anti-Charlie dans le monde arabo-musulman : ce qu’en disent les libéraux et réformateurs de la blogosphère d’Algérie, du Liban et d’ailleurs<!-- --> | Atlantico.fr
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La publication du dernier numéro de Charlie Hebdo continue de susciter des manifestations violentes dans les pays arabes.
La publication du dernier numéro de Charlie Hebdo continue de susciter des manifestations violentes dans les pays arabes.
©Reuters

Revue de blogs

La publication du dernier numéro de Charlie Hebdo continue de susciter des manifestations violentes dans les pays arabes. La fusillade du 7 janvier a d'ailleurs largement alimenté les supports en ligne, donnant lieu à des positions souvent très marquées entre soutien des caricaturistes et condamnation.

Haoues Seniguer

Haoues Seniguer

Haoues Seniguer est maître de conférences en science politique à l'Institut d'Études Politiques de Lyon (IEP)

Il est aussi chercheur au Triangle, UMR 5206, Action, Discours, Pensée politique et économique à Lyon et chercheur associé à l'Observatoire des Radicalismes et des Conflits Religieux en Afrique (ORCRA), Centre d'Études des Religions (CER), UFR des Civilisations,Religions, Arts et Communication (CRAC), Université Gaston-Berger, Saint-Louis du Sénégal.

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Nicolas Beau

Nicolas Beau

Nicolas Beau est journaliste. Après une longue carrière au Canard enchaîné, émaillée de nombreux scoops, il est l'auteur de plusieurs best sellers, dont La Reine de Carthage (La Découverte, 2009).

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Atlantico : Globalement, que peut-on dire de la tonalité du traitement des événements de Charlie Hebdo par la blogosphère et presse arabe libérale ? Quelle a pu être l'importance médiatique accordée, et quels ont été les points de focalisation ?

Nicolas Beau : A l'exception de quelques caricaturistes mobilisés, le tonalité générale des supports arabes même libéraux est marquée par la prudence. Et l’attaque sanglante contre Charlie Hebdo a rapidement cédé la place aux manifestations des salafistes contre la France.

En Algérie, le célèbre dessinateur Dilem a publié dans son quotidien "Liberté" un dessin féroce contre les tueurs qui s’en sont pris à "Charlie". De même le célèbre caricaturiste et blogueur tunisien "Z" a déclaré que cet attentat reflétait "la lutte entre deux visons du monde" et a clairement choisi le parti de Charlie. Il en a également profité pour rappeler les conditions difficile des caricaturistes dans son pays (voir ici)

Droits réservés 

L'hebdomadaire a eu raison, selon lui, de choisir dans son dernier numéro de republier un dessin sur le Prophète versant une larme. " L'impertinence survivra".

De même, le dessinateur marocain Khalid Gueddar, condamné dans son pays à quatre ans de prison avec sursis pour ses dessins sur la famille royale, a clairement affirmé sa solidarité avec Cabu et Charb dans un reportage de Canal diffusé dimanche. Pour autant, son journal au Maroc, un des plus libéraux du Royaume, a représenté la dernière couverture de Charlie Hebdo en noir.

Il faut aller au Liban pour découvrir un media, "Now Lebanon", qui accepte de reproduire la fameuse une de l’hebdo français. " Mais alors que le sang de ceux qui étaient le coeur du journal est encore humide sur le sol, le magazine satirique français Charlie Hebdo se heurte comme toujours à la piété et à la morale", se désole l'éditorialiste Hussein Ibish.

Haoues Seniguer : On a pu observer, grosso modo, que ce soit dans la presse arabophone ou francophone, un traitement relativement distancié, ou plus explicitement de solidarité, mais il peut y avoir des exceptions, dans la couverture des assassinats commis contre les journalistes de Charlie Hebdo. Il est également porté une attention particulière sur leurs conséquences possibles sur les communautés musulmanes françaises, en termes de montée possible des atteintes contre la présence musulmane. Les journaux et blogs ont également abordé les théories du complot qui circulent sur le Net au sujet des commanditaires réels du commando contre la rédaction du journal satirique.

Quelle diversité des tonalités a-t-on pu observer ?

Nicolas Beau : Dans les rédactions, l’unanimité n’est pas de mise. En Algérie, El Watan a pu publier à la fois un dessin du dessinateur "Le Hic" montrant une équipe de Charlie endeuillée et un article peu indulgent sur la vente du dernier numéro de Charlie titré : "De l’opération commerciale au coup commercial".

L’écrivain algérien, Yasmina Kadra, résumé l’embarras dominant chez les journalistes et  les intellectuels arabes progressistes en appelant au "respect mutuel" et en renvoyant dos à dos "la liberté religieuse sacrée dans les pays musulmans" et la "liberté d’information sacrée dans les pays occidentaux". Soit une déclaration sans lendemain.

Les événements de Charlie Hebdo ont-ils suscité d'autres questions ? Par écho, d'autres sujets annexes ont-ils pu apparaître ?

Nicolas Beau : Au delà du drame survenu à Charlie, plusieurs journaux dans le monde arabe s’inquiètent de la montée de l’islamophobie en France. La manifestation de dimanche provoque des commentaires ambigus, beaucoup de journalistes s’étonnant de la venue à Paris du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyaou. 

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