Qui achète encore des emprunts d’État français (et quelles sont leurs raisons) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La dette française s’élève désormais à 2023 Mads d’euros.
La dette française s’élève désormais à 2023 Mads d’euros.
©Reuters

Atantico bourse

Alors que les taux d'emprunts d’État français devraient monter au vu de l'explosion de la dette du pays, ils baissent : ils étaient à près de 5% en 2008 et s’établissent à 1,18% à fin octobre.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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En mai 1980, la dette de l’État Français ne représentait que 10% du PIB. En 2014, le passage au-dessus de 100% n’est désormais plus qu’une question de mois. La dette française s’élève désormais à 2023 Mads d’euros, la charge de la dette atteint 45Mads et l’Etat devra trouver 180Mads sur les marchés en 2015.

Les taux devraient donc monter… or, ils baissent : ils étaient à près de 5% en 2008 et s’établissent à 1,18% à fin octobre.

Beaucoup voient une aberration, voire une manipulation dans ce fait.

Qui peut bien acheter à ce prix là ? Et Pourquoi ?

Les particuliers sont absents. Il n’y a plus de "grand emprunt" qui leur soient destinés. Par contre, ils sont indirectement porteurs d’emprunts d'Etats français via leur assurance-vie.

Il n’y a donc plus que des institutionnels : français à 36% et étrangers à 64%.

Les assureurs français et étrangers restent très présents et trouvent dans les obligations d’Etat français un support intéressant : une liquidité parfaite, un rendement longtemps suffisamment rémunérateur et surtout une garantie indispensable pour eux. De plus, les contraintes règlementaires et prudentielles les incitent, ainsi que les banques, à se placer dans des emprunts d’états bien notés, et la France fait encore partie de ce club.

Croissance faible en zone euro, taux courts à 0% et injections massives de liquidités ont largement bénéficié aux emprunts d’Etat français et fait oublier les problèmes spécifiques français.

Enfin et surtout, les banques centrales, les fonds souverains et les fonds de pension du monde entier ont vu leurs réserves croitre fortement ces dernières années et diversifient progressivement avec de la dette d’Etats de la zone Euro. Les 400 principaux "investisseurs publics internationaux" gèrent 29000 Mads de $ (40% du PIB mondial). Ils étaient jusque là essentiellement investis en dettes américaines libellées en dollars.

Même si cela peut choquer et interpeler, cette situation de taux bas en France pourrait donc en partie s’expliquer par un "excès d’épargne mondiale" : surplus d’épargne combiné à l’absence d’opportunités d’investissement productives, entraînant une baisse des taux d’intérêts.

Cette logique implacable tire les taux vers le bas depuis plusieurs années.

Qu’est-ce qui pourrait faire évoluer les choses ?

On peut toujours craindre un scénario catastrophe spécifique à la France mais les enjeux sont tels que l’on voit mal la zone euro laisser la deuxième économie de la zone s’effondrer  après avoir soutenu la Grèce et beaucoup d’autres pays.

Par contre, à un moment ou un autre, on peut s’attendre à ce que la France subisse au moins une pression externe pour rester attractive et continuer à trouver des investisseurs pour financer ses dépenses. Il faut garder à l’esprit que ces investisseurs peuvent investir partout dans le monde…

Plus positif par contre : les grands institutionnels renforce leur poids en action et en actif "réels" : étant donné que les obligations ne rapportent plus rien, il faut investir ailleurs même si c’est plus risqué. Ce mouvement est engagé mais ses effets seront très progressifs. Cela aidera à installer un peu plus fortement la croissance mondiale au-dessus de 3%, ce qui devrait inverser la tendance et pousser les taux plus haut pas seulement en France d’ailleurs.

Que faire ?

Comme les grands investisseurs : alléger le poids des obligations ou au moins ne plus acheter ; en particulier les obligations d’Etat à plus de 7 ans en France. Il n’y a plus rien à gagner !

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