La France de 1934 peut-elle faire son come-back ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Un billet de banque de 5000 francs créé en 1934.
Un billet de banque de 5000 francs créé en 1934.
©wikipedia.org

Le Nettoyeur

C'est le marasme économique profond et prolongé qui donne l'engrais des révolutions. Comme celle de 1934, la France de 2014 pue la colère et risque fort de ne pas échapper à la règle.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Cette année est le centième anniversaire de la Grande guerre, la der des der. Nous avons eu droit à des commémorations pendant la célébration du 14 juillet. Et il faut commémorer, se souvenir, se rappeler.

Mais 2014 est aussi l'anniversaire d'une autre date : 1934, cette année où la France a failli sombrer dans le fascisme.

Et il y a eu un goût si amer à voir, dans le même moment, les réjouissances du 14 juillet et l'attaque de la synagogue de la rue de la Roquette, dans ce qu'il est difficile de ne pas voir comme une tentative de pogrom. Avant cela, un cocktail molotov fut lancé sur la synagogue d'Aulnay-sous-Bois et la synagogue de Belleville fut attaquée. Nous sommes en France.

En 2014.

Car pour si nécessaires et louables qu'elles soient, on ne peut s'empêcher de penser que les commémorations de 1914 ont quelque chose de facile : grâce notamment à la construction européenne, les chances de guerre entre la France et l'Allemagne, et a fortiori de guerre pan-européenne, sont aujourd'hui quasi nulles. Depuis 2014, commémorer 1914 c'est se permettre un sentiment de supériorité sur le passé : eux, c'étaient les fous, qui se sont laissés emporter par leur folie meurtrière ; nous, nous sommes les raisonnables, qui ne feront plus leurs erreurs.

Peut-on s'autoriser la même certitude quant à la perspective d'une redite des années 1930 ? C'est, on le sent, bien moins sûr. La France pue de colère sourde, chacun le sait.

Cette chronique est une chronique économique, pas politique, mais ça tombe bien, parce que les révolutions et autres changements brutaux de régimes ont presque toujours des causes économiques. Ce n'est pas la seule cause, mais c'est presque toujours le déclencheur.

1789 a eu lieu après des décennies de stagnation économique de la France, empêtrée dans trop de dette du fait de ses aventures américaines, et la surimposition du Tiers-état - créateurs de la richesse - à cause des privilèges. Ce qui a transformé un mouvement de réforme politique en une révolution populaire qui a, au final, mis le feu à l'Europe entière et au monde, ce n'était pas des idées, c'était la faim du peuple.

Ce qu'on appelle le Printemps arabe est moins dû à Twitter ou Facebook qu'à l'augmentation brutale dans les années précédant cette crise du coût de la nourriture dans ces pays, du fait de la pression sur les prix des matières premières exercée par la croissance des émergents. Le Printemps arabe, c'était surtout un peuple qui pour la première fois avait plus faim que peur.

Evidemment, on ne peut trouver d'explication à la montée du nazisme en Allemagne sans parler de la Grande dépression et de la politique d'austérité monétaire pratiquée à travers le monde dans les années 30, qui a transformé une crise bancaire et une récession temporaires en dépression mondiale.

Les grandes masses populaires, celles qui transforment les réformes en révolutions, ne sont pas des idéologues. Ce sont des gens normaux, qui veulent surtout un emploi et un niveau de vie correct. C'est le marasme économique profond et prolongé qui donne l'engrais des révolutions.

Toute ressemblance avec la situation économique actuelle n'est que coïncidence, bien sûr...

La BCE crée les mêmes conditions d'austérité monétaire qui ont fait le lit d'Hitler, les politiques d'austérité budgétaire imposées de Berlin plombent la croissance et la France n'a jamais fait les réformes de structure qui pourraient enfin abolir les privilèges de notre système de castes économiques.

Que faire, alors? Dans ce genre de conditions, ce qui doit primer, c'est le courage politique, courage des élites de la société pour enfin lire les signes des temps et se montrer à la mesure de l'Histoire.

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