France : après le décrochage économique, le décrochage politique est engagé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
France : après le décrochage économique, le décrochage politique est engagé
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

Voir la bio »

L’Allemagne sort renforcée de la dernière consultation européenne. L’Italie de Matteo Renzi est confortée dans sa stratégie. Le jeune Premier ministre de 39 ans est l’un des rares chefs de gouvernement à avoir ouvertement fait campagne pour l’Europe et à être sorti vainqueur du scrutin, après avoir annoncé et expliqué un ensemble de mesures particulièrement courageuses. La France, qui a fait une campagne des européennes consternante tous partis confondus, confirme son décrochage politique après son décrochage économique. Tous les postes importants à Bruxelles échapperont probablement à la France. La seule bonne nouvelle est que le vote de protestation des élections européennes va accroître la pression pour que la BCE agisse très vite.

Il lui faudra vraiment qu’elle annonce des mesures spectaculaires pour ne pas décevoir les marchés. Une baisse des taux d’intérêts déjà au plus bas historique n’aurait pas beaucoup d’effet. Quant à l’euro, la BCE n’a pas toutes les clés en main pour le faire baisser durablement par rapport au dollar. Si la BCE prend des mesures non conventionnelles, elles profiteront une fois de plus aux actifs risqués.

Presque tous les indicateurs économiques français sont au rouge

La France a encore détruit 23600 emplois au premier trimestre 2014. L’intérim, indicateur avancé de l’état du marché du travail, a enregistré son plus fort repli depuis 18 mois. Le nombre de cessations de paiement s’est encore accru de 3,4% au premier trimestre.Les salaires impayés n’en finissent plus d’augmenter. Les patrons français ne voient aucune reprise arriver. Cela montre bien que malgré le discours du gouvernement la situation ne s’améliore pas. Les indicateurs économiques sont mauvais.

La France est atteinte d’un mal que Marc Fiorentino de BFM désigne par "le syndrome de Peter Pan". Elle souffre d’être contrainte par un ensemble de mesures qui obligent tous les acteurs de l’économie à faire dans le petit, à tout réduire : le travail, les revenus, le risque, la croissance. Ce qui est clair, c’est que la probabilité pour que la croissance atteigne 1% cette année diminue encore.

Tout cela n’empêche pas du tout François Rebsamen, ministre du Travail, de nous faire part de son optimisme en matière d’emploi : "quand ça repart, ça repart", dit-il. C’est un argumentaire qui n’a rien à envier aux aphorismes de Franck Ribéry, milieu du club de football du Bayern de Munich pendant les conférences de presse auxquelles il assiste….

Ce doit être le bon moment pour revenir sur les obligations allemandes

Sur le marché obligataire, les investisseurs frustrés par la faiblesse des rendements prennent de plus en plus de risques.

Les "corporate spreads" (= écart entre les rendements offerts par les entreprises et les rendements offerts par les obligations d’Etat) sont à leur plus bas historique. Le rendement mesuré par l’indice BOA Merrill Lynch ressort maintenant à 8,18%.

Il existe ainsi une forte demande sur les signatures triple C. C’est sur ce marché qualifié de "junk bond" que la société Numericable est arrivée à lever récemment 10,9Md$ pour financer son acquisition de SFR auprès de Vivendi.

L’émission d’obligations non notées par les agences s’accroît également beaucoup. Des sociétés qui ont une marque connue comme Barilla en Italie ont désormais accès au marché quand elles ont du mal à trouver des financements auprès de leurs banques.

Les obligations hybrides ont aussi du succès. Elles ont des caractéristiques qui sont un mélange d’obligations et d’actions. Pour le moment, elles sont émises par des entreprises qui ont la signature "investment grade". Elles offrent en plus un rendement supérieur à celui des obligations classiques.

Les "catastrophy bonds" (= obligations catastrophes) rencontrent également un grand succès. La titrisation de risques d’assurance dont ils constituent l’un des segments est à son plus haut niveau depuis 2007 en terme d’émission. Les plus gros "sponsors" pour ce type d’émissions sont State Farm, Chubb Group et  Tokio Marine.

Il faut reconnaître que c’est de plus en plus compliqué d’investir dans une zone où les taux d’intérêts sont proches de zéro et les parités de change sont fixes. Cela oblige certains investisseurs à prendre beaucoup plus de risques qu’ils ne devraient.

Dans cet environnement, c’est le moment de revenir sur le Bund allemand.

Le changement climatique est le thème d’investissement déterminant pour les années qui viennent

Le réchauffement climatique est probablement le sujet qui devrait mobiliser le plus les investisseurs. Les dernières études réalisées sur le sujet montrent que 55% des portefeuilles des grandes institutions sont concernés par cette évolution irréversible.

Des institutions comme la banque néerlandaise Rabobank et la compagnie d’assurance norvégienne Storebrand ont déjà décidé de réduire leur exposition aux sociétés liées aux énergies fossiles. Un des plus gros fonds de pension, celui de la Norvège, The Government Pension fund of Norway, est en train de penser à réduire le pourcentage de 8% de sociétés exposées aux énergies fossiles dans son portefeuille. Ses plus grosses positions sont actuellement : Royal Dutch Shell, BG Group et BP.

Le brokerBank of America Merrill Lynch publie régulièrement la liste des sociétés qui sont actives dans la lutte contre le changement climatique : Enphase (n°1 mondial de la connectique pour l’industrie solaire/US), Trina Solar ( modules solaires intégrés/US), IVRCL (distribution d’eau et irrigation /Inde), YingliGreen (fabricant de modules de production d’énergie solaire/ Chine), CRG (efficacité énergétique/Hong Kong), Guangshen (opérateur de chemin de fer/Chine).

Osmosis Investment Management collecte les données produites par les 5000 premières sociétés mondiales sur leur gestion avisée des ressources rares et le traitement des déchets. Les sociétés les plus performantes selon cette société de gestion sont : Apple, BMW Group, L'Oréal, Microsoft, Procter & Gamble, UPS.

Dans le domaine alimentaire, il va falloir s’habituer à ce que toute la planète ne puisse pas manger bio tous les jours. Il faudra accroître l’efficacité de l’agriculture mondiale en matière d’irrigation de traitement des sols, de semences. Pour Jeremy Grantham de Grantham, Mayo, Van Otterloo, l’utilisation des OGM est incontournable. Il faut absolument révolutionner l’agriculture  avec des cultures plus résistantes à la chaleur comme l’orge ou le manioc…

L’univers investissable est composé par : Monsanto, Syngenta, Potash Corp.

Le lait est un très bon exemple de ce qui se passe dans le domaine alimentaire à l’échelle de la planète. La Chine doit absolument sécuriser ses approvisionnements en lait. Elle le fait en réalisant de nombreuses acquisitions.

En Israël, la sociétéTnuva vient d’être rachetée récemment par le groupe chinois Bright Food. La part de marché de Tnuva en Israël est de 70%, car elle produit du "cottage cheese".

En France,  20% du capital d’Isigny a été racheté parBiostime len°7 Chinois controls, un investissement de 90M€ a été réalisé à Carhaix dans une usine de fabrication de poudre de lait par Synutra, Mundella en Australie a été racheté par Bright Food,Oceania Dairy Group en Nouvelle Zélande a été racheté par Yili, Kerry en Irelande s’est associé au groupe Beingmate. Bright Food avait auparavant essayé d’investir sans succès dans Yoplait .

L’Allemagne dans ce domaine a aussi dépassé la France puisqu’elle est devenue le premier producteur européen de lait avec 30M de litres travaillés par les industriels dont 50% par les plus grosses sociétés qui ne sont pas cotées en bourse : Milch Union Hocheifel-MUH (absorbé par Arla Foods en Suède), Deutsches Milchkontor- DMK, HochwaldNahrungsmittelwerke, Bayernland, Theo Muller.

La baisse du caoutchouc profite aux fabricants de pneumatiques

Le prix du caoutchouc naturel est en baisse de 22% depuis le début de l’année à 1710$ /T, cela fait une chute de plus de 50% par rapport au plus haut historique de février 2011. Les sociétés qui en produisent sont bien évidemment touchées par cette baisse. Ce sont : Sipef (France), Sumitomo Rubber (Japon), Southern Rubber Industry (Vietnam), Danang Rubber (Vietnam), China Hainan Rubber Industry (Chine), Astra Agro (Indonésie), Kuala Lumpur Kepong (Malaisie).

Les fabricants de pneumatiques qui devraient en profiter sont : en Europe : Michelin,Continental et Pirelli ; Goodyear, Cooper Tyres (US), Pirelli, Continental, Nokian Renkaat (Finlande), Semperit  (Autriche) ; en Asie, Bridgestone (Japon), Appolo Tyres (Inde), Aeolus Tyre (Chine), Casumina (Vietnam), Cheng Shin Rubber (Taiwan), Da Nang Rubber ( Vietnam), Ghi Zhou Tyre (Chine), Multistrada Arah Sarana (Indonésie).

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !