Des vagues sur le quai d'Orsay

"Notre politique étrangère est placée sous le signe de l'improvisation et d'impulsions successives, qui s'expliquent souvent par des considérations de politique intérieure". C'est le coup de gueule poussé par un groupe de diplomates dans Le Monde. Sous couvert d'anonymat, ce collectif baptisé "Marly" (du nom de bar dans lequel il s'est constitué) signe une critique cinglante de l'action internationale de Nicolas Sarkozy au terme de laquelle "la voix de la France [aurait] disparu dans le monde". Les diplomates indignés regrettent le suivisme atlantiste de notre diplomatie jugée "impulsive", "amateure", "incohérente" et trop préoccupé par son image médiatique.

La tribune fait bondir l'avocat fiscaliste Alfredo Allegra qui regrette la lâcheté de cette démarche. Celui-ci estime sur son blog que le texte "qui a fort bien pu être écrit par un ou cent diplomates, de gauche et/ou de droite, voire par un journaliste interne ou externe du journal" reste l'œuvre "de prétendus diplomates masqués qui n'ont pas le centième du courage des jeunes de Tunis, du Caire ou de Tripoli".

Qu'il s'agisse du Maghreb en révoltes, de l'affaire Florence Cassez, du sommet de Copenhague ou de l'Union pour la Méditerranée, l'avocat blogueur estime que les signataires "auraient dû démissionner au lieu de rabaisser la France qui n'en a nullement besoin par ces temps extrêmement difficiles".

Même réaction de Laurent Wauquiez, ce matin sur Europe 1, qui estime qu'"on ne doit pas céder à cela et rester fidèle aux repères de notre diplomatie. La diplomatie française elle est une, elle a une seule voix (…) qui va du premier rédacteur du Quai d’Orsay jusqu’au président de la République".

Quant à Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, il a dénoncé ce matin sur France Info "un tract anonyme et politique de jeunes ambitieux ou de retraités aigris", ajoutant que "les diplomates font de la diplomatie, le gouvernement fait de la politique étrangère (...). Les notes des diplomates servent à éclairer la décision, mais elles ne font pas la décision".