Plusieurs enquêtes ont été ouvertes contre des policiers accusés de racisme et de maltraitance au tribunal de Paris<!-- --> | Atlantico.fr
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©CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

"Violences policières"

La rédaction de StreetPress a publié une enquête suite au témoignage d'un brigadier-chef qui affirme que "sur un peu plus de 2 ans, plus de 1.000 prévenus ont été maltraités".

La justice a ouvert plusieurs enquêtes contre des policiers travaillant au tribunal judiciaire de Paris et accusés de racisme et de discrimination, a appris l'Agence France-Presse lundi, confirmant une information de StreetPress. "Concernant des faits commis au sein du dépôt" du tribunal judiciaire de Paris, où sont retenues les personnes attendant d'être présentées à la justice "entre le printemps 2017 et l'été 2019 (…), l'ensemble des faits portés à la connaissance du parquet de Paris a donné lieu à des enquêtes judiciaires confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN)", selon des précisions du parquet de Paris.

D'après les révélations et la vaste enquête menée par StreetPress, des enquêtes administratives sur des faits comparables ont également été confiées à l'IGPN, saisie par le préfet de police Didier Lallement. 

StreetPress a dévoilé le témoignage d'Amar Benmohamed, un brigadier-chef en poste au dépôt, qui affirme que, "sur un peu plus de deux ans, plus de mille prévenus ont été maltraités. C'est même sans doute plus".

Ce délégué syndical chez Unité SGP-Police affirme avoir notamment entendu les propos suivants de la part de certains de ses collègues envers des prévenus et de manière répétée : "Ferme ta gueule, sale bougnoule", "négro", "sale race", "Je te lancerais tout ça dans la Seine", "Si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez" ou bien encore "bâtards".  

Cet agent accuse sa hiérarchie de n'avoir pas réagi. Dans un signalement du 12 mars 2019 adressé à sa hiérarchie, Amar Benmohamed dénonçait des "propos racistes" tenus de "façon régulière" de la part d'une gardienne de la paix à "l'adresse des déférés d'origine étrangère". 

Ce policier dénonce également des privations de nourriture ou des empêchements d'accès aux soins. Amar Benmohamed a choisi de témoigner à visage découvert, au risque de voir sa carrière brisée.

Dans un autre signalement, le même brigadier-chef a dénoncé des vols commis par des policiers spécifiquement sur les effets personnels d'individus d'origine étrangère, ne parlant pas français et se trouvant au dépôt. 

Les révélations de ce policier sur des centaines de cas de maltraitance et de racisme dans les cellules du tribunal de Paris relance donc la polémique et le débat sur la question des "violences" au sein de la police.

La rédaction de StreetPress a publié cette enquête grâce au témoignage de ce brigadier-chef lanceur d’alerte et avec des centaines de documents internes. 

Le dépôt du Tribunal de grande instance de Paris est localisé au premier et au second sous-sol. C'est dans ces lieux que se seraient déroulés la plupart des faits révélés dans l'enquête de StreetPress. 

Les déférés sont enfermés dans des cellules avant et après leurs passages devant le juge. Au total près de 200 fonctionnaires de police sont chargés de surveiller jour et nuit les 120 cellules. Selon StreetPress, "une vingtaine de fonctionnaires en poste la nuit ont fait régner la terreur pendant plus de deux ans". Des mutations auraient contribué à mettre fin à ce climat particulièrement tendu.

Des abus et des dérapages auraient même été constatés entre collègues, entre certains agents lors de cette période particuièrement difficile (des situations de harcèlement sexuel et moral, des insultes racistes).  

Selon Arié Alimi, avocat du lanceur d’alerte, cité par StreetPress, "les faits dénoncés, d’une gravité sans précédent, révélant un système délictuel et d’impunités à l’égard de leurs auteurs, entachent d’indignité toute la justice pénale du TGI ainsi que les décisions qui y sont rendues". 

Selon des informations de StreetPress, trois enquêtes distinctes ont été menées par l’IGPN. Les éléments rapportés ont été confirmés par plusieurs fonctionnaires. A ce jour aucune sanction n’aurait été prise et la justice n’a pas été saisie pour ces faits, selon StreetPress. Les principaux mis en causes ont même vu leur carrière progresser et ont obtenu les mutations qu’ils souhaitaient. 

Cette enquête risque de relancer le débat sur les "violences" au sein de la police.

StreetPress

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