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Affaire Adama Traoré : son ancien co-détenu qui l'accuse de viol a été indemnisé
©BERTRAND GUAY / AFP

Commission d'indemnisation des victimes d'infractions

Selon des informations du Point, la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions estime que les faits d'agression sexuelle qui ont été portés à sa connaissance sont établis.

La rédaction du Point a révélé un nouvel élément dans le cadre de l'affaire Adama Traoré. En mai 2016, deux mois avant sa mort, Adama Traoré était visé par une plainte pour viol déposée par un jeune homme âgé de 23 ans à l'époque. Cet individu était détenu dans la même cellule qu'Adama Traoré à la prison d'Osny. 

D'après des informations du Point, la mère du jeune homme en question, ne supportant plus de voir son fils en "extrême souffrance", s'était présentée au commissariat de Cergy-Pontoise.

Le jeune codétenu avait demandé à changer de bâtiment, avant d'être placé à l'isolement. Quelques jours plus tard, sa mère lui rend une nouvelle visite. Son témoignage a été relaté par nos confrères du Point:

"Dès que je l'ai vu, il s'est mis à pleurer. Je lui ai demandé ce qui se passait, il m'a répondu par deux fois : il m'a violé. Je lui ai demandé qui ? Il m'a dit mon ancien codétenu, Adama Traoré". 

L'enquête, suite à la mort d'Adama Traoré deux mois plus tard, n'aura pas lieu. Le procureur de la République de Pontoise constate l'extinction de l'action publique pour cause de décès le 14 septembre 2016.

L'avocat de la famille Traoré, Maître Yassine Bouzrou, avait indiqué qu'Adama Traoré n'avait jamais "été convoqué" dans cette affaire et qu'il n'avait jamais pu donner sa version des faits. 

Suite à cette plainte et selon des informations du Point, Yacouba, un des frères d'Adama aurait mené une expédition punitive contre le jeune homme accusant son frère. 

Les journalistes évoquant publiquement la plainte pour viol, comme Nicolas Poincaré ou Jean-Jacques Bourdin sur RMC, s'exposent à des poursuites judiciaires pour "diffamation à l'encontre d'Adama Traoré à qui ils ont attribué des faits de viol pour lesquels il n'a jamais été poursuivi", selon un communiqué de juin dernier du collectif La Vérité pour Adama.

Selon des informations du Point, une décision a pourtant bien été rendue dans cette affaire, non par la justice pénale, mais par la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions (Civi), qui siège dans chaque tribunal judiciaire et qui est composée d'au moins deux magistrats professionnels. Le 28 décembre 2018, le jeune homme avait saisi la Civi de Pontoise afin d'obtenir l'indemnisation de son préjudice, non seulement pour les faits d'agressions sexuelles qu'il dit avoir subis en mai 2016, mais aussi pour l'expédition punitive de février 2017.

La Commission d'indemnisation des victimes d'infractions a rendu sa décision le 12 mars 2020. Le jeune homme aurait dénoncé les faits d'agressions sexuelles à la justice le 6 septembre 2016, deux mois après la mort d'Adama Traoré et quatre mois après la visite de sa mère au commissariat de Cergy. 

Selon des informations du Point, le jeune homme a raconté aux enquêteurs avoir été contraint, "plusieurs fois par jour, de pratiquer des fellations à Adama Traoré, qui le menaçait à l'aide d'une fourchette".

Selon la Civi, Kevin aurait remis "une lettre à un surveillant" et évoqué les faits "de façon particulièrement circonstanciée lors d'un entretien avec un chef de détention, ajoutant qu'il avait déconseillé à sa mère de dénoncer les faits par peur de représailles ; il rapportait à une première surveillante le 17 mai 2016 qu'il subissait des pressions et menaces le contraignant à faire rentrer des substances stupéfiantes par le biais des parloirs mais ne souhaitait pas communiquer les noms des auteurs des faits".

Selon les conclusions de la Civi : "il résulte de ces considérations de fait que la matérialité des infractions d'agressions sexuelles dénoncées doit être considérée comme établie. Le retentissement psychologique de ces faits commis sur une personne fragile et vulnérable au sein d'un établissement pénitentiaire justifie l'allocation d'une indemnité de 15 000 euros". 

Le jeune homme a également été indemnisé de plusieurs milliers d'euros suite à l'expédition punitive. 

La Civi a-t-elle empiété sur la présomption d'innocence dans cette affaire ? Cette décision et l'indemnisation ne reviennent-ils pas à déclarer Adama Traoré coupable alors qu'il n'a pas pu se défendre ? 

Les révélations de la rédaction du Point ont depuis suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. 

Le Point

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