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Emmanuel Macron se confie à la presse quotidienne régionale avant le remaniement et dévoile ses priorités pour la fin du quinquennat
©Kay Nietfeld / POOL / AFP

"Ouvrir un nouveau chemin"

Le chef de l’Etat Emmanuel Macron a accordé un entretien à la presse quotidienne régionale ce jeudi. Cette interview sera publiée ce vendredi dans les quotidiens régionaux. La rédaction de Ouest-France a dévoilé sur Internet le contenu de cet entretien fleuve.

Alors qu’un remaniement serait imminent, Emmanuel Macron a accordé ce jeudi une interview à la presse quotidienne régionale. Cet entretien sera publié ce vendredi. Le chef de l'Etat est engagé dans la dernière phase de son quinquennat qui va le mener à l'élection présidentielle de 2022. Beaucoup de questions se posent actuellement sur l’avenir d’Edouard Philippe en tant que Premier ministre. Le Conseil des ministres prévu ce vendredi 3 juillet pourrait donc être le dernier du gouvernement actuel.

La rédaction de Ouest-France a dévoilé sur son site Internet ce jeudi soir le contenu de l’entretien du président de la République. Emmanuel Macron souhaite engager la France sur "un nouveau chemin". Le chef de l’Etat a présenté son projet et ses priorités pour la suite de son quinquennat à dix journalistes de la presse quotidienne régionale – dont Ouest-France – réunis à l’Élysée ce jeudi matin.

Emmanuel Macron a d’abord été interrogé sur la crise sanitaire du Covid-19 en France :

"Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire, mais de sa phase la plus aiguë. Nous entrons désormais dans une phase de surveillance et de grande vigilance. J’ai demandé au gouvernement de préparer une campagne de prévention durant l’été". 

Face à la crise économique liée au coronavirus, le président a tenu à alerter sur les inquiétudes sur le plan économique et les menaces pour la rentrée. Emmanuel Macron souhaite "dessiner un nouveau chemin" et propose différents chantiers, notamment pour la jeunesse : 

"La rentrée sera très dure et il faut nous y préparer. Il nous faut donc dessiner un nouveau chemin. Je le vois autour de la reconstruction économique, sociale, environnementale et culturelle du pays. Cette reconstruction commence par le Ségur de la santé. Elle va se poursuivre par un chantier sur le grand âge, puis sur l’accompagnement de notre Jeunesse, car il ne saurait y avoir de génération sacrifiée. Un autre chantier essentiel est celui de l’égalité des chances, sur lequel nous n’avons pas été assez loin. On le voit quand une partie de notre jeunesse nous dit "quand on a telle couleur de peau ou tel prénom, on n’a pas la même place dans la République". Ils seront les premières victimes de la crise. C’est à la jeunesse que nous avons demandé le plus de sacrifices. Ne pas sortir, interrompre les études. C’est 700.000 ou 900.000 jeunes qui entreront sur le marché du travail à la rentrée, ce sont ceux qui verront des guichets fermés. Nous ne pouvons pas les laisser seuls face à cette situation".

Le chef de l’Etat a évoqué les difficultés liées au chômage en France et les craintes d’une crise durable :  

"Nous devons collectivement rompre avec ce qui est la maladie française : la préférence pour le chômage. Le modèle français classique, c’est d’accepter des plans sociaux massifs, ensuite d’avoir un système très généreux qui les indemnise. Au fond, un modèle qui fait que nous n’avons jamais réglé le problème du chômage de masse. On doit, par le dialogue social et la mobilisation de tous, réussir à éviter, partout où on le peut, les plans sociaux ou les limiter quand ils sont là. […] Et on a commencé à agir. On le voit avec le plan aéronautique, qui a réduit le plan social qu’il y a chez Airbus aujourd’hui. Mais je vais être très clair avec vous : il y a des plans sociaux, et il y en aura. La crise sanitaire a détruit 5 points de richesse nationale et mis des secteurs entiers à l’arrêt. Cela a forcément des conséquences sur les entreprises".

Emmanuel Macron laisse entendre également dans cet entretien qu’il faudra travailler plus :

"La priorité à court terme, c’est de sauver les emplois, à commencer par l’activité partielle de longue durée. Mais le débat que nous avions connu avant cette crise autour de la durée du nombre d’années de cotisation dans la vie continue à se poser. Nous ne pouvons pas être un pays qui veut son indépendance, la reconquête sociale, économique et environnementale et être un des pays où on travaille le moins tout au long de la vie en Europe. Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes".

Alors que la Convention citoyenne pour le climat a livré son verdict, le président s’est confié sur la question du nucléaire : 

"Jamais je ne supprimerai du nucléaire pour remettre de l’énergie fossile car ce serait accepter plus d’émissions de CO2. Supprimer du nucléaire a du sens quand on peut le substituer par du renouvelable non intermittent. Aujourd’hui, nous ne savons pas encore le faire complètement". 

A l’occasion de cet entretien, Emmanuel Macron prend à nouveau l’engagement de ne pas augmenter les impôts :

"Ce serait une erreur profonde parce que nous sommes un des pays les plus fiscalisés du monde".

Le président de la République a également été interrogé sur le dossier de la réforme des retraites. Elle sera "transformée" :

"Est-ce que la réforme des retraites est à jeter ? Non. Ce serait une erreur pour deux raisons. La première, c’est ce qu’est le système universel de retraite est juste. […] Je demanderai au gouvernement de réengager rapidement une concertation en profondeur, dans un dialogue de responsabilité associant les partenaires sociaux dès l’été sur ce volet des équilibres financiers. Il faut que tout cela soit mis sur la table. Il n’y aura pas d’abandon d’une réforme des retraites. Je suis ouvert à ce qu’elle soit transformée. […] Nous avons un modèle social parmi les plus généreux au monde, qui a montré sa force durant cette crise. Nous l’avons en partage. Cette réforme ne peut pas être reprise de manière inchangée à la sortie de crise, mais la question du nombre d’années pendant lesquelles nous cotisons demeure posée".

Emmanuel Macron a reconnu quelques maladresses dans sa conduite des réformes :

"J’ai ma part de maladresse. J’ai parfois considéré qu’il fallait aller vite sur certaines réformes. Cela ne peut marcher que par le dialogue. J’ai beaucoup d’ambition pour notre pays. J’ai parfois donné le sentiment de vouloir faire les réformes contre les gens".

Le chef de l’Etat souhaite également s’engager sur le dossier de la décentralisation

"Le dialogue doit s’organiser entre tous les territoires et le gouvernement. La priorité qui est la nôtre, c’est la reconstruction du pays. À court terme, il ne faut pas que nous nous perdions dans des grands débats. Il faut que nous soyons pragmatiques. Et qu’on associe tout le monde. Je suis prêt à associer tous les élus qui sont prêts à l’effort de reconstruction. Pas par des grandes réformes institutionnelles mais par des politiques concrètes. De différenciation. D’association. De clarification. Je veux les associer en lançant dès cet été une grande conférence des territoires où je veux de manière très concrète qu’on regarde au cas par cas, qu’on ne se perde pas dans des débats de cathédrale".

La question du remaniement et de l’avenir d’Edouard Philippe ont notamment été abordées lors de cet entretien : 

"J’ai fait le choix, en 2017, de prendre à mes côtés un homme qui n’a pas fait ma campagne et qui n’était pas dans ma formation politique, qui était dans la même démarche d’ouverture et de dépassement des clivages traditionnels. Ce que nous avons réussi à faire pendant trois ans, avec beaucoup de confiance et de coordination, est inédit, contrairement à ce qui a été écrit. […] Depuis trois ans à mes côtés, il mène avec les gouvernements successifs un travail remarquable et nous avons conduit des réformes importantes, historiques, dans des circonstances souvent très difficiles. Il conduit des réformes importantes et nous avons une relation de confiance qui est d’un certain point de vue unique à l’échelle de la Cinquième République. J’aurais à faire des choix pour conduire le nouveau chemin. Ce sont de nouveaux objectifs d’indépendance, de reconstruction, de réconciliation et de nouvelles méthodes à mettre en œuvre. Derrière, il y aura une nouvelle équipe".

Emmanuel Macron n’a pas souhaité commenter les résultats des élections municipales et de l’échec de La République en marche : 

"Mon rôle n’est pas de commenter la vie politique française. Le président de la République n’est pas un chef de parti. De là où je suis, je félicite tous les maires que les Français se sont donnés et je veux travailler avec eux".

Emmanuel Macron a également été interrogé sur son emploi de l’expression des "jours heureux" et de son allusion au programme du Conseil national de la Résistance. Il s’est confié sur sa vision de la France après la pandémie de la Covid-19 et sur la conduite de sa politique en ces temps de crise :

"Nous sommes en train de bâtir un modèle de protection qui n’a jamais existé ; nous sommes en train de bâtir un modèle de formation sans équivalent, notamment pour les jeunes ; nous sommes en train de créer une nouvelle branche de la protection sociale, celle de la dépendance ; nous sommes en train de refonder l’hôpital comme il n’a pas été refondé depuis 1945 ; nous nous donnons pour objectif de réindustrialiser le pays en réinventant un modèle industriel écologique. Ces quelques chantiers montrent le caractère historique de notre action. Simplement, ils ne se font pas du jour au lendemain. La France des jours heureux, c’est d’abord la France des devoirs. Nos prédécesseurs qui ont reconstruit le pays en 1945 avaient aussi l’esprit de conquête chevillé au corps, le refus de la défaite. Cet esprit de défaite, je le vois trop souvent rôder et ce n’est pas bon pour notre pays".

L'interview du président de la République Emmanuel Macron est à retrouver dans les éditions de vendredi de nombreux titres et de journaux de la presse quotidienne régionale. Le chef de l'Etat s'apprêterait donc à procéder à un remaniement gouvernement pour donner une nouvelle impulsion pour la fin de son quinquennat. Les annonces devraient intervenir dans les prochains jours.

Ouest-France

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