Ce qu'il faut retenir du débat Sarkozy-Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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Pendant près de trois heures, les deux candidats ont présenté leurs divergences point par point, s’invectivant parfois et se coupant fréquemment la parole.
Pendant près de trois heures, les deux candidats ont présenté leurs divergences point par point, s’invectivant parfois et se coupant fréquemment la parole.
©Reuters

Debrief'

Chômage, fiscalité, crise de la dette, immigration, droit de vote des étrangers, énergie nucléaire, style de présidence... Retrouvez les temps forts du débat présidentiel.

(Mis à jour jeudi 3 mai à 9h35)

17,79 millions de téléspectateurs ont regardé le débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy sur 7 chaînes, selon Médiamétrie. A titre de comparaison, 20,06 millions de personnes avaient suivi le débat de 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

Interviewé ce matin sur RTL, Nicolas Sarkozy a affirmé avoir eu "plaisir à faire (le) débat" d'entre-deux tours face à François Hollande. "Je pense qu'il n'a pas abaissé la vie politique, il a été fort". Le président sortant a réaffirmé qu'il aurait préféré "deux voire trois débats". Il a aussi espéré que le choix des Français sera "plus facile après qu'avant le débat". "Jamais une élection n'aura été aussi indécise", a-t-il ajouté, estimant que le résultat du second tour "se jouera dans un mouchoir de poche".


François Hollande était lui l'invité de France inter : "Je ne suis pas là pour me tresser des couronnes de lauriers, ce sont les français qui vont décider dimanche. (...) Mon objectif était que tout soit dit et tout a été dit." "Depuis 5 ans il y a beaucoup de tensions, qu'est ce qu'il y a eu comme fracture, agressivité, le débat l'a démontré". "Est ce que j'ai utilisé le mot mensonge, calomnie ? Je n'ai pas traité mon interlocuteur de petit calomniateur, j'ai pointé des erreurs", a-t-il ajouté. Le candidat PS était aussi présent ce matin sur le plateau de France 2 : "Je pensais que (le débat) serait âpre, et ça l'a été. Je savais qu'il y aura par moments une tension, elle a été là." "C'est sur mes propositions que le débat s'est tenu, cela m'a mis en position de force." Interrogé sur les accusations d'imprécision du camp Sarkozy, le candidat PS répond : "Qu'on me les demande, je suis toujours prêt à les donner. J'ai noté un certain nombre d'approximations de la part de Nicolas Sarkozy, par exemple ma question sur ces réunions organisées à l'hôtel Bristol à laquelle il n'a pas voulu répondre."







Pendant près de trois heures, les deux candidats ont présenté leurs divergences point par point
, s’invectivant parfois et se coupant fréquemment la parole. Accusations de mensonges et de calomnies ont volé à plusieurs reprises.


Les réactions des personnalités politiques :

Bloc contre bloc : sans surprise, les personnalités de gauche ont estimé que François hollande avait plutôt remporté le débat, là où celles de droite estiment que Nicolas Sarkozy a gagné le duel. (A ce sujet, trois éditorialistes ont donné leur avis à Atlantico).

A droite : 

"François Hollande fuit, il esquive les questions depuis des semaines. Nicolas Sarkozy était précis, c’est sa façon de respecter les Français", a estimé Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy, sur iTélé. Ce matin sur France Inter, elle s'est déclarée "étonnée" par le "côté agressif" de François Hollande lors du débat de hier soir, qui tranche selon elle avec son attitude "placide" en dehors des plateaux.





Pour Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, "ce débat a permis à notre candidat d'atteindre tous les objectifs. C'était le moment de confrontation qui devait montrer de manière éclairante d'un côté la force d'un projet, celui de Nicolas Sarkozy, la détermination, la solidité d'un homme, et face à cela un François Hollande en retrait, en hésitaiton, en hyper agressivité sur la totalité des thèmes."





Sur Twitter, Benjamin Lancar
, président des Jeunes Populaires, tance : "Débat où Sarkozy a mis KO Hollande. Toutes les conditions sont réunies pour que dimanche soit la plus grande surprise de la Ve République : Sarkozy réélu."

Sur BFM TV, Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, a jugé que "finalement il y a un président sortant et il y a quelqu’un qui n’a jamais exercé de responsabilités donc il n’a pas de bilan, donc c’est facile de critiquer le bilan du sortant surtout quand il est passé à travers quatre années de crise terrible".

"Après le débat de ce soir, les Français peuvent juger, face aux imprécisions, a l’arrogance et a l’agressivité du candidat socialiste, de la solidité, de la force de l’expérience et du sérieux des propositions de Nicolas Sarkozy nécessaires au redressement de notre pays", écrit le ministre du Travail Xavier Bertrand,sur sa page Facebook.

Dans un communiqué Jeannette Bougrab (secrétariat d’Etat à la Jeunesse) a estimé : "Nicolas Sarkozy par sa compétence, son volontarisme, et sa connaissance des dossiers a mis en exergue l’inexpérience gouvernementale de François Hollande, et l’imprécision de ses propositions. (...) Le candidat socialiste a pour seul bilan d’avoir coulé son département pour des décennies."

A gauche :

Laurent Fabius
était ce matin l'invité d'Europe 1 :  "Vous aviez d'un côté un président sortant, j'allais dire finissant, et de l'autre un président entrant. Selon lui, "au fond, il (Nicolas Sarkozy) n'a pas grand-chose à dire sur le futur, et il est en voie de finir son mandat. Point à la ligne". Au contraire, "on a vu hier et de loin que François Hollande avait la carrure".





Interviewée ce matin sur France Info, Martine Aubry a déclaré que le candidat socialiste a montré qu'il avait bien "l'étoffe présidentielle", face à un "Nicolas Sarkozy (qui) n'assume pas son bilan". A propos des accusations de mensonge que se sont adressées les deux débatteurs d'hier soir, la patronne du PS souligne que de son point de vue, "il y a faillite morale de la part du président sortant. Il a menti aux Français. François Hollande, lui, a été extrêmement clair et précis." Hier soir, Martine Aubry a affirmé avoir trouvé François Hollande "exceptionnel" face à un Nicolas Sarkozy "sur la défensive". Pour elle, le débat a illustré ce que serait sa présidence : "un cap clair, des valeurs de la France retrouvées" et "des priorités claires".





"Face à un adversaire sans idées et sans autre projet que celui de sa réélection, spécialiste des contre-vérités et des approximations, François Hollande  a démontré sa connaissance des dossiers. C’est le Président qu’il faut à la France", a jubilé par communiqué, François Rebsamen, le M. Sécurité du PS.

Ségolène Royal, a estimé sur son compte Twitter : "François a dominé le débat avec force et vérité. Le changement est en marche. L'espoir est là."

Valérie Treirweiler, la compagne de François Hollande, a jugé posté sur le site de micro-blogging un bref commentaire : "Un seul mot : excellent."

Manuel Valls, lui aussi, sur Twitter : "Il est bon sur tout ! Et à droite ils comprennent maintenant pourquoi un seul débat suffisait.

"Francois Hollande a littéralement dominé Nicolas Sarkozy de bout en bout. Avec un talent rare, il a révélé une fois de plus sa maîtrise des dossiers, sa rigueur intellectuelle, son sens élevé de l’Etat, la puissance de ses convictions et la solidité de ses engagements", a estimé de son côté Jack Lang dans un communiqué.

Sur iTélé, Jean-Luc Mélenchon, a trouvé que Nicolas Sarkozy allait en "rabâchant" : "On a entendu des bouts de discours qu’il a faits tout au long de la campagne, il ne terminait pas les phrases, il ne terminait pas les arguments." "A mesure que le débat avançait, Hollande l'a bien scotché et l'autre a passé son temps à gigoter et se débattre et à la fin c'était pitoyable.




LES TEMPS FORTS DU DEBAT 


François Hollande : "Vous aurez du mal à passer pour une victime."

"Quand on m'a comparé à Franco, à Pétain, à Laval, et pourquoi pas Hitler, vous n'avez pas dit un mot", reproche Nicolas Sarkozy à François Hollande. "Vous aurez du mal à passer pour une victime, lui lance le candidat socialiste. J'ai eu droit à tous les animaux des zoos, à toutes les comparaisons les moins flatteuses, et vous pensez que j'ai imaginé que c'est vous qui avez aviez inspiré ces propos ?"



Emploi :

François Hollande attaque d'emblée le bilan de Nicolas Sarkozy en matière d'emploi, estimant que le chômage a atteint par sa faute un "record". Le candidat PS tacle son adversaire, lui rappelant qu'il avait promis de ramener le taux de chômage à 5% en fin de mandat, contre 10% aujourd'hui. Le candidat socialiste expose ensuite ses solutions : créer une banque publique d'investissement pour favoriser l'industrie, mobiliser l'épargne des Français, créer un contrat de génération pour aider les populations les plus touchées par le chômage, les jeunes et les seniors.

Pour Nicolas Sarkozy, les chiffres brandis par son concurrent sont "faux" puisqu'il estime que le taux de chômage a augmenté "deux fois moins que nos partenaires de la zone Euro". "Quoi qu'il arrive, vous êtes content", ironise François Hollande alors que le chef de l'Etat défend son bilan.





Le candidat-président présente sa proposition-phare : la TVA sociale, pour éviter "le cancer des délocalisations". François Hollande fait valoir que cette mesure ne toucherait l'industrie qu'à hauteur de 3 milliards d'euros, contre 10 milliards sur les services, soit un impact limité sur les délocalisations selon lui.Il estime par ailleurs que cette mesure nuirait au pouvoir d'achat : "J'ai fait le calcul : 300 euros pour un couple de smicard", affirme le candidat PS. Nicolas Sarkozy rappelle que Manuel Valls - directeur de la communication du candidat PS - soutenait pourtant ce principe de TVA lors de la primaire socialiste.



Dette / déficit :

François Hollande estime que le paquet fiscal et les "largesses fiscales" de son adversaires sont responsables de la dégradation des comptes publics. Le candidat socialiste rappelé son souhait de créer une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu et de restaurer l'impôt sur la fortune pour un budget à l'équilibre en 2017. "Je n'ai pas fait de cadeaux aux plus riches",se défend le président-candidat. Nicolas Sarkozy fustige la proposition de son adversaire de créer 60 000 postes dans l'Education. Il lui reproche ensuite de ne pas avoir voté la réforme des retraites, qui a permis selon lui de réduire de 20 milliards la dette.

Europe :

Le candidat socialiste réaffirme son souhait de renégocier le traité européen signé en janvier. Il développe son projet de mobiliser la banque européenne d'investissement pour la recherche, les fonds structurels, de mettre en place une taxe sur les transactions financières à l'échelle européenne et des Eurobonds. Il reproche enfin à Nicolas Sarkozy de n'avoir rien obtenu de l'Allemagne dans la gestion de la crise. "Vous trouvez qu'on n'a pas assez de dette en France"réagit Nicolas Sarkozy, hostile aux Eurobonds. Le président-candidat vante ensuite son action auprès des dirigeants européens au plus fort de la crise. "Nous avons évité la disparition de l'Euro (...) l'Europe s'en est sortie."


Immigration : 

Nicolas Sarkozy réaffirme sa volonté de réduire l'immigration légale par deux. Il développe ensuite sa volonté de confier au même juge la décision concernant la rétention et l'expulsion. François Hollande lui fait remarquer que cette mesure concerne non pas les immigrés légaux mais les immigrés illégaux.

Le candidat socialiste est mis en difficulté sur les centres de rétention. Il répond "bien sûr" lorsque son rival lui demande s'il faut garder on non ces centres de rétention administrative (CRA). "Alors pourquoi vous avez écrit dans cette lettre au DG de France Terre Asile : 'Je souhaite que la rétention devienne l'exception'. S'il n'y a plus de rétention, M. Hollande, on ne peut plus maîtriser l'immigration", lui rétorque Nicolas Sarkozy. Lorsque le candidat PS évoque l'alternative de l'assignation à résidence, son rival ironise sur les clandestins qui auraient un "domicile connu"."Je suis pour qu'il y ait des étudiants étrangers qui viennent sur notre territoire. Et j'ai trouvé regrettable que M. Guéant fasse une circulaire pour compliquer leur situation",ajoute le candidat socialiste, qui s'engage ensuite à ne pas tolérer la viande halal dans les cantines des écoles, ni à accepter des horaires de piscine différents hommes-femmes.



Sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, François Hollande évoque la position auparavant favorable de Nicolas Sarkozy sur ce sujet. "Moi je ne change pas de position", affirme le socialiste. "Nous devons avoir un islam de France, et non pas un islam en France. Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, il y aura des revendications communautaires aux élections, des horaires différents dans les piscines, des menus différents dans les cantines", lui rétorque Nicolas Sarkozy. "Pourquoi vous laissez supposer que les étrangers non communautaires, non européens, sont des musulmans ?", demande François Hollande.



Nucléaire :

Le candidat de l'UMP rappelle l'importance de la filière du nucléaire, reprochant à son rival de mettre en péril les "240 000" emplois du secteur. "C'est une folie de fermer une centrale de 30 ans d'âge", accuse Nicolas Sarkozy, en référence à la centrale de Fessenheim, la seule que le candidat PS veut fermer. "Vous avez vendu les salariés de Fessenheim sur l'autel d'un accord politique misérable", lance Nicolas Sarkozy, faisant allusion à l'accord PS-EELV qui prévoit notamment la fermeture de la centrale alsacienne. François Hollande cible la dangerosité d'une si vieille centrale, ce à quoi le candidat-président répond : "Les centrales en Suisse ont 60 ans, ce n'est pas un problème d'âge." "J’ai accepté de prolonger le chantier de l’EPR. Je maintiens la filière à nucléaire à 50 % en 2025 (au lieu de 75 % aujourd'hui) donc ne caricaturez pas ma position !", rétorque par ailleurs François Hollande.





Style présidentiel :

François Hollande aborde le thème du style présidentiel et de l'exercice du pouvoir en enchaînant seize fois "Moi, président de la République". "Moi, président de la République, je ne traiterai pas mon premier ministre de collaborateur. Moi, président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon parti dans un hôtel parisien, le Bristol. Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit exemplaire [...]"





Et d'accuser le candidat sortant : "Vous avez nommé vos proches partout." "C’est un mensonge et c’est une calomnie. Vous êtes un petit calomniateur !", lui a rétorqué Nicolas Sarkozy.





Dans la foulée, le candidat UMP souligne ne pas avoir "de leçons" à recevoir "d'un parti qui a voulu se rassembler derrière Dominique Strauss-Kahn". François Hollande lui répond : "Ce n'est pas moi qui ai nommé Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI." Avant d'ajouter : "Vous aviez des informations ?" "Je le connaissais bien moins que vous", renchérit Nicolas Sarkozy.

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