Les facteurs qui expliquent la tendance des hommes à avoir des enfants de plus en plus tard <!-- --> | Atlantico.fr
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Deux tiers des pères ont leur premier enfant à 30 ans et plus.
Deux tiers des pères ont leur premier enfant à 30 ans et plus.
©Reuters

Procrastination

La moyenne d’âge du premier enfant chez les hommes ne cesse d’augmenter. Depuis une dizaine d’années, les statistiques montrent qu’environ deux tiers des pères ont leur premier enfant à 30 ans et plus.

Gérard  Neyrand

Gérard Neyrand

Gérard Neyrand est sociologue, est professeur à l’université de Toulouse), directeur du Centre interdisciplinaire méditerranéen d’études et recherches en sciences sociales (CIMERSS, laboratoire associatif) à Bouc-Bel-Air. 

Il a publié de nombreux ouvrages dont Corps sexué de l’enfant et normes sociales. La normativité corporelle en société néolibérale  (avec  Sahra Mekboul, érès, 2014) et, Père, mère, des fonctions incertaines. Les parents changent, les normes restent ?  (avec Michel Tort et Marie-Dominique Wilpert, érès, 2013).
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Atlantico : La moyenne d’âge du premier enfant chez les hommes ne cesse d’augmenter. Depuis une dizaine d’années, les statistiques montrent qu’environ deux tiers des pères ont leur premier enfant à 30 ans et plus. Pourquoi les hommes ont des enfants de plus en plus tard ?

Gérard Neyrand :  Les hommes ont leurs enfants de plus en plus tard pour les mêmes raisons que les femmes, l'écart d'âge à la première naissance se maintenant à environ deux ans. Plusieurs facteurs sont en jeu : d'abord, la possibilité technique pour tous, et surtout toutes, de maîtriser la procréation grâce à la diffusion des moyens modernes de contraception depuis la loi Neuwirth de 1967, ce qui a fait que désormais la venue de l'enfant est vraiment voulue et programmée. Du coup, les enfants viennent à la fois quand les parents se sentent prêts, c'est-à-dire ont au moins fini leurs études et "profité de la vie", comme ils disent, et sont dans une relation suffisamment stables pour élaborer un projet commun de procréation.

Les hommes sont-ils soumis aux mêmes pressions sociales et professionnelles que leurs femmes concernant la parentalité ?

 Il est clair cependant que les hommes subissent beaucoup moins de pressions sociales et professionnelles que les femmes concernant leur parentalité, car globalement notre système continue à fonctionner sur l'idée que les femmes sont les premières éducatrices de l'enfant, malgré le processus soutenu par le droit, d'égalisation des places et des statuts. Au sein du marché du travail, par exemple, on continue à fonctionner dans la plupart des entreprises sur l'idée que si l'enfant est malade c'est à  la mère de s'en occuper.

Y a-t-il un âge idéal pour faire un enfant ? A partir de quel âge un homme ne peut plus avoir d’enfant ?

 Il n'y a pas d'âge idéal pour faire un enfant, cela dépend de beaucoup de paramètres, sociaux, psychologiques, et y compris bien sûr des paramètres physiologiques, qui sont beaucoup plus contraignants pour les femmes que pour les hommes. A partir de la ménopause la femme ne peut plus faire d'enfant, et les dix années qui précèdent sont plus délicates pour la procréation ; alors que, même si sa fertilité décroît régulièrement, l'homme peut faire des enfants jusqu'à sa mort, ou du moins jusqu'à ce que sa fonction sexuelle soit toujours efficiente, ce qui est très variable selon les individus.

Les enfants dont les pères sont âgés auraient plus de risques de souffrir de troubles psychiatriques et de problèmes d'apprentissage, selon une vaste étude américano-suédoise publiée mercredi aux Etats-Unis. Quels sont les conséquences de la paternité tardive sur l’enfant ?

Je suis assez sceptique sur les résultats d'une telle étude, compte tenu de la diversité des biais méthodologiques possibles, et de la spécificité des cultures propres à chaque pays. Les troubles évoqués chez les enfants peuvent se retrouver avec des pères de tous âges, et je pense qu'avancer de tels résultats globaux sans présenter la complexité des études et des résultats obtenus participe de la désinformation, dont les médias sont parfois les supports tant ils souhaitent attirer des lecteurs ou des auditeurs...

A l’inverse, d’autres études montrent que retarder l’âge de la paternité pourrait rallonger la vie de nos enfants. Que doit-on en conclure ?

Que les choses sont extrêmement complexes, et que vouloir mettre en relief une seule variable, par exemple l'âge, comme susceptible de produire un effet direct est une erreur méthodologique...

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