Modes de vie, génétique, environnement : ce qu'on sait sur les causes des cancers aujourd'hui<!-- --> | Atlantico.fr
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La peur des crabes

Face au vieillissement de la population, à l'obésité et à la consommation excessive d'alcool, les cas de cancers se développent. Focus sur les facteurs de risques les plus couramment mis en cause dans le déclenchement de la maladie.

Jacques Saglier

Jacques Saglier

Jacques Saglier est chirurgien plasticien, spécialiste du cancer du sein auquel il a consacré plusieurs livres.

Il est l'auteur de Cancer du sein : Questions et réponses au quotidien (2009) ainsi que La femme et le cancer du sein (2005, éditions Odile Jacob). Il vient de publier Cancers du sein : nouveaux traitements, nouveaux médicaments (2014, Odile Jacob). 

Son dite personnel : www.drjsaglier.com

Voir la bio »

Atlantico : Selon l'Institut national du cancer, environ 355 350 nouveaux cas de cancer (200 350 hommes et 155 004 femmes) se seraient déclarés en 2012. Les experts attribuent le déclenchement de la maladie au vieillissement de la population, ainsi qu'à l'obésité et à la consommation d'alcool. Que sait-on désormais des principaux facteurs mis en cause dans les déclarations de cancer ?

Jacques Saglier :Ce chiffre, qui correspond à l’apparition d’environ 1000 nouveaux cas par jour est impressionnant, mais il mérite d’être analysé de façon un peu plus fine car il regroupe sous un même mot des situations réellement très diverses. Votre question porte essentiellement sur les principaux facteurs de risque que l’on a pu individualiser, mais ceux-ci sont souvent différents selon les cancers concernés. Individualiser un facteur de risque, qu’il soit comportemental comme le tabac ou l’alcool, ou environnemental comme l’amiante ou la radioactivité est bien sûr très intéressant puisque cela permet d’envisager une politique de prévention ou à tout le moins de protection.

Pour autant, ces politiques ne sont pas toujours – ou pas encore – des succès, en particulier lorsqu’il s’agit de modifier des comportements à risque : le tabac reste responsable de la quasi-totalité des cancers bronchiques, première cause de mortalité masculine (et bientôt féminine) par cancer, et augmente très significativement le risque de cancer de la vessie. L’obésité et la sédentarité sont maintenant connues comme étant liées à un sur-risque de développer plusieurs sortes de cancer (sein, côlon, etc.). L’intoxication alcoolo-tabagique est responsable des cancers ORL et de l’œsophage… Tous ces facteurs sont maintenant bien connus depuis des années et font l’objet de campagnes d’information et de prévention. L’exposition solaire excessive, en particulier dans l’enfance, est responsable d’un certain nombre de mélanomes qui sont des cancers cutanés très agressifs. Les campagnes d’information sur la protection solaire sont une véritable nécessité de santé publique face à l’augmentation des cas de mélanomes, qui atteint dans un pays comme l’Australie des proportions préoccupantes.

Existe-t-il des facteurs de risque spécifiques à la France ? Aux pays développés ?

Il n’y a pas, à proprement parler, « d’exception cancérologique française » ! La France se situe dans la moyenne des pays développés en termes d’incidence du cancer. Il existe de plus une certaine hétérogénéité selon les régions, sans que des facteurs environnementaux puissent être incriminés de façon flagrante (sauf concernant la consommation d’alcool). De façon très anecdotique, il a été rapporté un sur-risque lié à certains cancers dans des régions où la radioactivité naturelle ou artificielle était élevée, mais cela n’a pas été établi de façon certaine. Le principe de précaution recommande toutefois d’en tenir compte…

Où en est la médecine préventive concernant le cancer ? Quels cancers sont les plus faciles à prévenir et comment ? 

A côté de ces causes comportementales ou environnementales bien connues et évoquées précédemment, des facteurs ont été plus récemment individualisés comme liés à des risques de cancer et pouvant éventuellement donner lieu à une action de prévention :

- Le cancer du col de l’utérus, lié à une infection virale chronique, peut maintenant être prévenu par la vaccination des jeunes filles.

- Il a été découvert dans certaines familles « à risque » des anomalies génétiques (mutations) liées à une augmentation considérable du risque de développer un cancer du sein et/ou de l’ovaire, comme l’a récemment illustré le cas d’Angelina Jolie. Des anomalies génétiques ont également été isolées dans certains cas de cancers du côlon. La recherche en « oncogénétique » est en pleine expansion et permettra, dans les années à venir, d’individualiser de nombreux facteurs de risque génétiques liés à différents cancers. Il faut toutefois savoir que la mise en évidence de ces anomalies ne concerne à l’heure actuelle qu’une très petite minorité des cas. Mais la recherche progresse…

Pour autant, à côté des cas où une cause, ou un facteur de risque, ont  pu être mis en évidence, il faut savoir que la majorité des cancers survient sans cause apparente ou connue. Il est dès lors difficile d’envisager une prévention : l’action primordiale est alors celle du dépistage qui permet le diagnostic le plus précoce possible, avec le maximum de chances de guérison (sein, côlon, prostate etc.).

Propos recueillis par Marianne Murat

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