Comment expliquer la baisse surprise des prix alimentaires dans le monde<!-- --> | Atlantico.fr
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Les prix agricoles, notamment pour les céréales, ont tendance à régresser.
Les prix agricoles, notamment pour les céréales, ont tendance à régresser.
©Reuters

Decod'Eco

Alors que l'on craignait encore il y a quelques années une multiplication des "émeutes de la faim", les prix agricoles, notamment pour les céréales, ont tendance à régresser.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Rien ne résiste aux classes moyennes émergentes. Depuis qu’elles ont envahi les marchés internationaux, la demande pour les sacs Louis Vuitton, les tonnes de cuivre ou les Range Rover ne se dément pas.

Depuis plusieurs années, les prix restent ainsi à des hauteurs stratosphériques. Un secteur a été particulièrement touché par la fringale de ces populations : les produits alimentaires. La demande était telle qu’elle provoqua même des émeutes, dites “émeutes de la faim” en 2008 dans plusieurs pays africains et asiatiques.

Pourtant, cette année, le scénario de flambée des prix agricoles auquel nous nous étions habitués avec fatalisme ne fonctionne plus. Les classes moyennes brésiliennes, indiennes ou chinoises consomment toujours autant de protéines, mais les prix alimentaires sont en baisse.

La FAO confirme

Dans son dernier rapport mensuel de novembre, la Food and agriculture organization (FAO) confirmait une nouvelle fois la baisse. Son indice food commodity a affiché un nouveau déclin en novembre de 4% comparé à novembre 2012. Sur l’année, le prix des céréales a baissé de 24%.

L’annonce de la FAO est d’autant plus importante que l’organisation, basée à Rome, était devenue le premier lanceur international d’alerte en matière d’agriculture, en tirant notamment la sonnette d’alarme en 2008 sur la gravité de la hausse des prix alimentaires. Aujourd’hui, c’est avec soulagement que les pays ont dû accueillir cette baisse.

L’organisation a été rejointe par les professionnels de la finance. Ainsi, la banque Macquarie a également annoncé que son propre indice pourrait afficher une baisse de 11% cette année, voire l’année prochaine également. “Nous nous attendons à ce que les prix alimentaires dans leur ensemble restent baissiers pour les deux années à venir, à l’exception d’un problème d’approvisionnement lié au climat”, a déclaré Kona Haque, analyste agriculture de la banque. Selon ses calculs, ce n’est qu’en 2015 que les prix des matières premières alimentaires pourraient remonter.

C’est une nouvelle fois la baisse des céréales qui est la plus étonnante. Elle est le fait, d’une part, d’une récolte abondante dans les pays producteurs traditionnels, et, d’autre part, d’une forte récolte dans de nouveaux pays.

Le Canada, nouveau grenier à blé ?

Il y a quelques jours, Statistics Canada a annoncé que la récolte de blé avait atteint les 37,5 millions de tonnes en 2013… soit un bond de 38% en un an ! Les agriculteurs canadiens ont réussi à quasiment égaler leur record de 1990. Par conséquent, les prix sur le marché local, coté à Minneapolis, ont atteint un plus bas depuis trois ans et demi.

Le Canada n’est pas le seul à tutoyer les records. L’Australie devrait afficher la troisième meilleure récolte de son histoire. En hausse de 16%, sa production devrait atteindre les 26,2 millions de tonnes, selon l’Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences.

Malgré une demande qui reste forte, l’offre a su, cette année, répondre à la faim des nouveaux marchés émergents.

Le bémol de Macquarie

Cette quasi-unanimité ne doit pas laisser croire que les marchés agricoles ne connaîtront plus de tensions. A vrai dire, le diable se cache dans les détails. Si les prix alimentaires sont en baisse, celle-ci n’est pas généralisée. Si, à Chicago, les cours du blé affichent une baisse de 24% depuis un an, ils sont repartis à la hausse depuis fin août. La chute du maïs, à l’inverse, s’est accélérée depuis l’été, avec une perte de plus de 2,5$ le boisseau depuis juillet.

Si le risque climatique est une menace latente pour toutes les cultures, le blé reste un marché particulièrement sensible. Les exemples des catastrophes climatiques en Russie en 2010 ou aux États-Unis en 2012 doivent cependant nous inciter à la prudence.

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