Populisme, mon ami ? Et si NKM avait intérêt à aller chercher son second souffle du côté de chez Gianni Alemanno à Rome ou Boris Johnson à Londres <!-- --> | Atlantico.fr
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La campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet pour les élections municipales de Paris ne décolle pas.
La campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet pour les élections municipales de Paris ne décolle pas.
©Reuters

Je fais ce que je veux avec mes cheveux

Nathalie Kosciuso-Morizet pourrait s’inspirer des campagnes victorieuses de Gianni Alemanno à Rome et de Boris Johnson à Londres dont le ton, loin d'être bobo, flirtait même franchement avec le populisme.

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Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
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Atlantico.fr : La campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris ne décolle pas. Trop à droite pour les électeurs de gauche, trop bobo pour les électeurs de droite… Le choix du "ni-ni" ne semble guère payant. NKM doit-elle choisir un camp ?

Benoît de Valicourt : Il semble que NKM ne fasse pas l’unanimité dans sa famille politique. Les uns critiqueront son parachutage, les autres son côté hautain, j’en entends même qui focalisent sur ses cheveux lâchés, c’est dire si NKM a du mal à s’imposer et à se faire respecter. Qu’elle soit trop à droite pour les électeurs de gauche n’est pas le problème fondamental car c’est par définition logique. En revanche, qu’elle soit trop bobo pour les électeurs de droite est le principal problème de sa campagne et donc de son positionnement. Elle n’appartient pas à la famille centriste, elle peut cependant bénéficier du soutien de ses vagues cousins à la mode de Bretagne mais ils ne permettront en aucun cas de récupérer un électorat de droite désabusé et sans doute rancunier vis-à-vis du Modem dont le chef est, pour eux, le responsable de la défaite de Nicolas Sarkozy. Il convient donc que NKM se positionne clairement sur l’échiquier politique.

Deux capitales européennes ont été reconquises par la droite avec Gianni Alemanno à Rome et Boris Johnson à Londres.  Quelles stratégies ont-ils adopté ?

Londres a été remporté par un populiste, avant tout journaliste, c’est-à-dire celui qui sait parler au plus grand nombre et influencer leur choix. C’est une force considérable et en même temps c’est un piège : tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute !  Durant sa première campagne victorieuse, en 2008, il avait notamment promis une ville plus sûre et de meilleurs transports en commun en voulant installer la climatisation dans le métro ou en ressuscitant les bus à impériale. On était loin de son slogan de campagne en 2001, même si c'était une boutade : "Si vous votez tory, votre femme aura de plus gros seins et vous augmenterez vos chances d'acquérir un jour une BMW M3" .

A Rome, le maire a d’abord bénéficié d’une dynamique nationale. Et, il a aussi réussi à montrer aux électeurs de droite  et de gauche que le pays est avant tout la somme d’individualités. Il avait fait toute sorte de promesses comme l'augmentation des retraites, et s'engageait à débarrasser Rome "de la crainte, du déclin et de la pauvreté". Il avait également visé les immigrés, notamment les Roms, et exigeait le renvoi de "20.000 criminels étrangers".  

Rome était sans doute davantage préparé que Londres, mais ce que l’on peut retenir de ces campagnes, c’est qu’elles s’adressent aux vrais habitants de ces métropoles et non pas à tous les nantis qui dès le vendredi soir quittent la capitale pour rejoindre leur maison de campagne dans la petite commune où ils sont inscrits sur les listes électorales ou aux riches internationaux qui investissent dans les beaux quartiers mais qui ne votent pas dans un pays qui leur semble bien loin des standards d’une nation forte.

Quelle inspiration NKM pourrait-elle en tirer ?

NKM n’est pas populiste, ni même populaire ! C'est un ressenti mais elle dégage l’image d’une bourgeoise, parfois arrogante souvent déconnectée de la réalité, de ce celle qui ne gère pas le quotidien. Mais elle pourrait très bien vouloir représenter le peuple de Paris sans se renier mais en expliquant tout simplement que Paris est multiple, que Paris est une vitrine, que Paris est un modèle et qu’elle doit, à ces titres, incarner ce que représente Paris sans fausse modestie et sans arrogance. Un peu comme le Général de Gaulle incarnait la France des villes et des campagnes, de la haute bourgeoisie et du peuple. Il était simplement lui-même

NKM n’a pas besoin de surfer sur les thèmes nationalistes, surtout pas dans la ville la plus internationale de France. En revanche, elle doit expliquer que la sécurité est l’affaire de tous, résidents et visiteurs. Qu’une ville sécurisée est une ville ouverte et donc une ville d’échanges économiques. Il n’y a pas de thèmes tabous, il y a des tabous pour chaque thème. La culture, l’ouverture d’esprit, le respect des différences peuvent faire voler en éclat ces tabous.

Elle doit donc se recentrer sur sa droite ! Elle n’a rien à gagner à jouer la bobo, si ce n’est faire plaisir à quelques amis qui se donnent bonnes consciences en flirtant avec la gauche parce qu’ils ne veulent pas qu’on dise d’eux qu’ils sentent la naphtaline. NKM appartient à l‘UMP : qu’elle le veuille ou non elle incarne les valeurs de la droite héritées du RPF ! Dans UMP, il y a populaire ; sil elle ne sent pas capable d’incarner ce positionnement, il ne fallait pas briguer l’investiture.

La droite est multiple, elle va de Liliane Bettencourt à Nadine Morano en passant par Éric Zemmour. La droite ne se résume pas aux culs de poule et au Tartan, la droite est l’expression de millions d’hommes et de femmes qui travaillent pour garantir leur liberté à travers la constitution de leur capital face à l’hégémonie d’un État socialiste.

N'a-t-elle pas essayé d'être populiste en parlant sécurité et Roms au mois de septembre ?

Je ne sais pas si NKM a essayé d’être plus populiste, mais je note que les trois affiches qu’elle propose au vote des internautes ne correspondent pas à son image, ni à son discours, ni aux valeurs qu’elle est censée représenter :

La première affiche qui veut incarner l’esprit urbain n’incarne pas l’esprit de Paris ; rien sur la photo ne montre que c’est à Paris … et pourtant NKM est candidate à Paris ! la photo pourrait avoir été prise à Longjumeau. La deuxième affiche qui veut montrer la proximité avec la jeunesse, oublie simplement que si la France est cosmopolite, les proportions ne sont en aucun cas celles véhiculées par l’image. La troisième affiche est peut-être celle qui ressemble le plus à NKM, mais elle est seule, semble isolée, un peu comme dans la vraie vie pendant cette campagne ! 


En politique, il faut rester qui on est et si on doit jouer un rôle, il faut avoir fait le cours Florent.

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