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Où trouve-t-on vraiment de la 4G en France ?
Où trouve-t-on vraiment de la 4G en France ?
©Reuters

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En annonçant une offre 4G à 19,90 euros, le trublion du marché des télécoms, Free, a relancé les guerre des opérateurs. L'occasion d'un tour d'horizon de l'état de la 4G en France et de qui y a vraiment accès.

Catherine Lejealle

Catherine Lejealle

Catherine Lejealle est docteur en sociologie et ingénieur télécom (ENST Bretagne). Elle est professeur à l'ISC Paris et co-fondatrice de la Chaire Digital BusinessSes domaines de recherche couvrent les usages des TIC (téléphone portable, Internet, médias sociaux…)

Elle a publié La télévision mobile personnelle : usages, contenus et nomadisme,  Les usages du jeu sur le téléphone portable : une mobilisation dynamique des formes de sociabilité  aux Editions L'Harmattan et J'arrête d'être hyperconnecté ! : 21 jours pour réussir sa détox digitale chez Eyrolles.

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Atlantico : Free a ouvert les hostilités commerciales entre opérateurs téléphoniques en proposant une offre très avantageuse concernant la 4G. Offre critiquée par le PDG d’Orange Stéphane Richard. Au-delà de la compétition de prix, quelle est l’ampleur de la couverture 4G des grands opérateurs aujourd’hui ?

Catherine Lejealle : En effet, Free vient d’ouvrir les hostilités alors que les opérateurs historiques espéraient profiter de la 4G pour retrouver des marges intéressantes. Examinons cette offre faite par Free en matière de 4G en détails et voyons l’effet d’annonce. Cette offre consiste en un forfait à 19,99 euros. Elle suppose d’être équipés d’un mobile 4G et de se trouver dans une zone de couverture. Cela veut dire qu’hors de la zone, le roaming sera fait sur le réseau 3G. Que sait-on de la part d’appels qui seront réellement en 4G ? Tout dépend de la couverture réseau.  

Les différences de couverture sont assez importantes. Comment expliquer ce déséquilibre sur le plan technique et commercial ?

La couverture des 4 opérateurs est en effet très différente. Le principal élément pour les comparer dont on dispose est fiable et public puisqu’il s’agit du relevé effectué par Agence Nationale des Fréquences. A ce jour, il indique que Bouygues Telecom a déployé 5392 antennes, Orange 3879, SFR 1013 et Free seulement 700. Il faut rappeler que Bouygues a été autorisé à utiliser ses emplacements d’antennes 2G pour les transformer en 4G. Ceci explique leur très nette avance. Le reste, la couverture réelle, est purement déclaratif de la part des opérateurs. Il faut nuancer entre part de couverture du territoire national et part de couverture de la population française. Ainsi, Bouygues estime couvrir 63 % de la population française. On sait également quel opérateur a couvert en priorité quelles villes hors Paris, Lyon, Marseille, dont tous se sont fait une priorité. Orange couvrirait 50 % de la population, SFR, 40 %.

Quant aux offres commerciales, un nouveau bouleversement profond est proche. La tutelle a autorisé SFR et Bouygues a mutualiser le réseau, mais les offres commerciales, la gestion de la clientèles et surtout les bundle quadruple play incluant TV, fixe, mobile et haut débit seront propriétaires.        

Quelles sont les zones de France qui sont les mieux couvertes ? Quelles sont celles qui le sont le moins bien ? La mauvaise couverture de certaines zones est-elle uniquement due à des questions techniques, ou n’est-ce pas assez rentable pour les opérateurs qui, du coup, les négligent ?

Les zones denses sont nécessairement moins couvertes, car moins rentables. Un autre paramètre important est à prendre en compte : la nature des fréquences obtenues par l’opérateur. On sait que les fréquences autour de 800 Mhz sont dites "fréquences en or" car elles couvrent aussi bien les zones rurales que les zones denses. Les opérateurs historiques en ont. Les fréquences dans la bande des 2,6 GigaHz, celles de Free, sont utiles mais moins intéressantes en termes de couverture. 

Il est prévu que Free puisse racheter à Bouygues des fréquences en or, mais ce, seulement après avoir réalisé ses obligations de couverture en propre, donc pas tout de suite.

Par ailleurs, le Premier ministre va statuer sur l’éventuelle libération de fréquences par la TNT, autour des 700 MHz, donc en or. Elles pourraient alors être vendues aux enchères à partir de 2016. L’Etat y voit une manière de récolter une manne facile.   

Peut-on dire que la 4G, comme bien souvent dans la supposée démocratisation des nouvelles technologies, est-une technologie pour un petit public d’urbains argentés ?

Je ne le pense pas car pour le moment, les débits de la 3G permettent de satisfaire les besoins actuels des usagers. Rappelons qu’il y a moins de 3 mois, à la sortie de la 4G, près de 75 % des Français se disaient non intéressés par la 4G, car n'en ressentaient pas le besoin. Il se peut que pour les jeunes Y ou Z qui ont l’habitude de visionner des vidéos sur des sites comme youtube, le besoin s’en fasse rapidement sentir mais sur le moment, tout le monde se disait pleinement satisfait de l’offre actuelle. Mais dans les télécoms, l’histoire s’écrit comme un feuilleton plein de rebondissements et de surprises. Et ce n’est pas terminé.

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