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Chef tyrannique ou belle-mère pot de colle : comment mieux gérer les relations toxiques
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Bonnes feuilles

Difficile à croire, mais le bonheur est un choix ! Même par les temps qui courent, on peut décider de vivre mieux, en paix, en cohérence avec soi-même, selon ses propres critères, en harmonie avec les autres et, finalement, en accord avec la vie comme elle est. Pleine d’embûches et aléatoire. Extrait de "Faire le choix du bonheur" (1/2).

Marie Andersen

Marie Andersen

Marie Andersen est psychologue clinicienne et psychothérapeute depuis plus de quarante ans. Elle est l'auteur des best-sellers La Manipulation ordinaire et L'Emprise familiale et du livre l'Art de se gâcher la vie. http://marieandersen.net/ 

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Les relations épuisantes

Le domaine le plus envahissant dont on doit se libérer est celui des relations emprisonnantes, dévalorisantes, violentes ou toxiques.

Schématiquement, face à l’agression, nous avons trois niveaux de protection. Imaginons que nous sommes sur un champ de tir (symboliquement !) :

• Premier niveau : informer le tireur du mal qu’il nous fait. Très clairement, pas seulement en le manifestant tièdement ou en le lui faisant comprendre. Le dire d’une manière efficace, afin d’être certain d’avoir été entendu et compris.

•Deuxième niveau : se protéger des projectiles tout en restant sur le champ de tir. On s’arme d’un bouclier : on met fin à la conversation, on refuse, on ferme la porte. On empêche d’une manière ou d’une autre les coups de nous atteindre. On peut aussi inventer un bouclier prévisionnel : anticiper désagréments et agressions potentielles, et prendre les devants en établissant des mesures de prévention.

• Troisième niveau : quitter le champ de tir ! Parfois, il faut reconnaître qu’il ne sert à rien de demander à l’agresseur de cesser de nous faire mal et que nos protections sont dérisoires. Il ne nous reste plus qu’à aller voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs !

Nous verrons plus loin comment résoudre des relations problématiques sans les rompre, mais, si nous n’y parvenons pas, pourquoi maintenir des liens qui nous font souffrir ?

Pour quelle raison continuer à fréquenter des individus qui nous mettent systématiquement mal à l’aise ?

Devons-nous rester attachés à des gens qui nous méprisent ou nous nuisent, au nom d’un quelconque engagement ?

Jusqu’où rester fidèle ou loyal à l’égard de personnes qui ne le sont pas ?

Le privilège de l’adulte, c’est sa liberté. Vous êtes libre de fréquenter qui vous voulez. Vous n’avez à cet égard aucune obligation, si ce n’est celle que vous vous imposez vous-même.

Si vous ne réussissez pas à résoudre les contentieux, si vous échouez à vous faire respecter, si toutes vos tentatives se soldent par des échecs, il vous reste toujours le choix de rompre la relation.

–– Oui, mais ce n’est pas évident !

–– Effectivement, c’est parfois compliqué, et lourd de conséquences.

–– Oui, mais moi, j’aimerais bien ! Mais s’éloigner de sa famille, ce n’est pas toujours possible.

–– Si, c’est possible, mais c’est difficile.

–– Oui, mais moi, c’est ma mère qui me pourrit la vie, je ne peux quand même pas rompre avec ma mère !

–– Pourquoi pas ?

–– Parce qu’une mère, quand même, on n’en a qu’une…

–– D’accord… –– Mais la mienne, vraiment, je n’en peux plus !

–– Ah bon ?

–– Oui, elle critique tous mes choix ! Elle détruit toutes mes relations de couple ! Je lui ai déjà dit cent fois de me laisser tranquille, mais elle n’en fait qu’à sa tête. Elle est intrusive et dévalorisante. Nuisible ! Toxique !

–– Et quel âge avez-vous ?

–– 45 ans.

–– D’accord. Et vous comptez attendre quel âge avant de pouvoir vivre librement et aimer la personne que vous choisirez ?

Certaines relations se rompent sans trop de heurts. Il suffit de ne plus rien faire pour les entretenir et elles se tarissent d’elles-mêmes. Mais parfois il faut trancher dans le vif, exiger que cet ami indélicat ou cet individu blessant vous laisse tranquille, éventuellement lui en donner les raisons, mais il n’est pas indispensable de se justifier. Parfois même, tenter d’expliquer est contre-productif, crée une escalade de critiques mutuelles pénibles ou se retourne contre nous On a le droit de rompre. Toujours. Même sans explication.

Lorsqu’un couple se sépare, les anciens partenaires ont parfois besoin (ou envie) de se battre, pour la garde des enfants et les biens matériels. S’ils divorcent à l’amiable, les problèmes se résolvent avec bonne volonté. Chacun fait quelques compromis et s’accommode des demandes de l’autre avec une certaine souplesse. Mais l’affectif s’en mêlant, les combats se transforment malheureusement parfois en pugilats. La séparation met un terme à une histoire d’amour qui fut pleine d’espoir et l’échec est torturant. Pour compenser la colère et le sentiment de tout perdre, tous les coups sont permis. Parfois, un des conjoints se sent entraîné dans une guerre « à mort » qui ne correspond pas à ce qu’il souhaite consciemment. Il y participe avec l’impression d’y être contraint. Le sentiment d’injustice mord cruellement et, malgré ses principes, il essaye d’avoir gain de cause, il a tellement souffert qu’il ne veut plus rien lâcher et le voilà emporté dans une bataille qui ne lui ressemble pas.

Les situations de divorce ne sont pas les seules qui nous poussent vers ces luttes intestines. Dans la vie professionnelle et sociale, on se laisse parfois dériver sans volonté ni contrôle dans un enchaînement de coups et ripostes qui nous mène vers les tribunaux, alors que cette spirale ne correspond apparemment ni à nos désirs ni à nos valeurs. Mais la rage nous étreint et reculer équivaudrait à capituler.

Or, à tout moment, nous pouvons nous poser la question « Stop ou encore ? ». Les enjeux valent-ils vraiment cette peine ? Pour qui, pour quoi combattons-nous ? Avec le recul, ne regretterons-nous pas d’y avoir englouti tant d’énergie ? Nous avons souvent le choix entre la justice ou la paix.

–– La justice ou la paix ?! Mais je ne vais quand même pas tout laisser tomber !

–– La question n’est pas là. Mesurez bien ce que vous coûte ce combat, non seulement en monnaie sonnante et trébuchante, mais en énergie, en temps, en stress, en insomnies et en amis lassés…

–– Oui, mais abandonner le combat, ce n’est pas évident ! Je n’en peux plus, j’ai déjà tant perdu, je ne veux plus rien lâcher !

–– Ce n’est jamais évident, mais vous pouvez choisir. Rien ne vous oblige à persister dans cette voie douloureuse.

–– Oui, mais choisir entre la justice ou la paix, quand même…

–– Peut-être pourriez-vous réfléchir au prix à mettre pour acheter votre ticket de sortie ?

–– Mon ticket de sortie ?

–– Oui, pour sortir de cette relation. Que devriez-vous lâcher pour avoir enfin la paix ? Quel est le prix de votre paix ?

Certains combats valent la peine d’être menés, évidemment ! Parfois on s’en sort avec la justice ET la paix, heureusement ! Mais les cas que j’envisage ici sont ceux dont l’issue est incertaine ou disproportionnée face au gain. Alors, il vaut mieux lâcher du lest. C’est le prix de la paix. C’est votre vie et elle est précieuse.

Extrait de "Faire le choix du bonheur", Marie Andersen, (Ixelles Editions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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