Pourquoi les villes chinoises sont beaucoup plus petites qu’elles n’en ont l’air<!-- --> | Atlantico.fr
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Des immeubles en banlieue de Pékin.
Des immeubles en banlieue de Pékin.
©Reuters

Made in China

De la Chine, on retient surtout les mégalopoles de Shanghai et de Pékin, en constante expansion. Cependant la taille de ces dernières n'est pas aussi invraisemblable qu'il n'y paraît, dès lors que l'on fait la distinction entre les définitions européenne et chinoise de la ville.

Jean-François Doulet

Jean-François Doulet

Jean-François Doulet, maître de conférences à l'Institut d'urbanisme de Paris (Université Paris Est) est directeur-adjoint du Centre franco-chinois Ville et Territoire. Il vient de publier La ville "made in China" aux Editions B2.

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Atlantico : La Chine compte quatre principales municipalités, à savoir Pékin, Shanghaï, Tianjin, et depuis quelques années, Chongqing. En quoi consistent-elles, et quelles sont leurs différences avec les autres villes chinoises ?

Jean-François Doulet : Ce sont quatre municipalités de rang provincial, quatre territoires administratifs avec un statut particulier, qui sont à prendre avec beaucoup de prudence dès lors qu'il s’agit de définir s'ils constituent bel et bien des mégalopoles.

La municipalité de Chongqing, créée en 1997, a la spécificité d’avoir un territoire immense, proche de la région, aussi grand que celui de l’Autriche. Les questions statistiques et institutionnelles en Chine vis-à-vis de l’urbain prêtent à confusion, et bien souvent on voit dans la presse l’idée selon laquelle Chongqing serait la plus grande ville du monde. La population de cette municipalité s’élève à 33 millions d’habitants, ce qui est proche de la population tokyoïte. Mais attention, on parle de 33 millions d’habitants à l’intérieur de cet immense territoire administratif, qui est aussi vaste que l’Autriche.

Toutes les villes chinoises sont des municipalités. Mais il y a d’une part des municipalités "ordinaires" qui dépendent des provinces, et, d’autre part celles que que vous avez citées et qui, elles, sont autonomes. Le territoire chinois s’organise autour des territoires administratifs que sont les municipalités.

Que peut-on en déduire quant à la conception que les Chinois ont de la ville ? Si différence il y a, est-elle culturelle, idéologique, ou autre ?

La ville, en Chine, répond à deux principes.

Le premier est celui de l’urbanisme fonctionnaliste.C’est l’idée de la planification, héritage maoïste. Les espaces urbains sont très compartimentés et sont séparés par de grandes infrastructures routières ou autoroutières. En outre, l’architecture y est très standardisée.

Le deuxième principe est présent également en France. Il s’agit du processus d’urbanisation. En France, on continue à s’urbaniser, mais d’une manière très différente de la Chine. La France s’est rapidement urbanisée après les années de guerre, à l’issue des Trente Glorieuses, à un moment de forte croissance économique. Nous nous trouvons d'ailleurs toujours dans ce processus, mais largement moins qu’auparavant. Quant à la Chine, elle expérimente encore ce phénomène de forte croissance urbaine, conséquence de sa croissance économique. Aujourd’hui, la Chine est l’un des premiers pays au monde à connaître un fort taux de croissance urbaine. Depuis 20-30 ans, ce taux  est de 3,5 % par an, soit une augmentation de 10 à 20 millions d’habitants par an. Et c’est ainsi que la Chine fabrique de la ville : elle transforme les paysages naturels et les espaces agricoles en espaces urbains.

En conséquence, la comparaison entre villes chinoises et occidentales est-elle pertinente ou compare-t-on deux concepts qui n'ont rien à voir ? En quoi diffèrent-ils ? Les villes chinoises sont-elles les mastodontes qu'on imagine ?

Les chiffres sont difficilement comparables. Les grandes villes chinoises atteignent rapidement les 20 millions d’habitants alors qu’en France elles ne dépassent généralement pas le million, mis à part Paris et Marseille – et encore. A côté de cela, en Chine on dénombre quarante villes multimillionnaires.

Aussi, il convient de s’intéresser aux découpages administratifs. En France comme en Chine, pour gérer des villes, des métropoles, on a dû décentraliser et travailler l’intercommunalité, c’est-à-dire qu’on a associé des communes à des ensembles plus larges. Et en Chine, le territoire administratif était suffisamment grand pour répondre aux enjeux nouveaux du développement des métropoles, alors que nous autres Français avions eu à nous lancer dans un exercice de réforme territoriale.

Mais en dehors de cela, il existe des points de comparaison qui englobent les problématiques du logement, des transports, de la pollution, du développement durable. Ces points communs ont même poussé la France à s’impliquer dans le développement durable en Chine.

Quelle serait la bonne échelle de comparaison ?

On pourrait comparer les villes chinoises en fonction de leur forme, de leur structure et de leur dispositif administratif. Il y a en effet des points de convergence dans la métropolisation et les réseaux urbains. En France, nous sommes en train de soutenir le développement des métropoles : on parle du Grand Paris, du Grand Lyon… Nous sommes dans les mêmes dynamiques en Chine : on cherche à consolider le territoire institutionnel des grandes villes pour permettre un meilleur développement.

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