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Dépression chez l'adolescent : les symptômes physiques qui doivent alerter les parents
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Bonnes feuilles

Comment identifier la dépression chez un jeune ? Comment la soigner ? Comment la comprendre et l'appréhender à travers les yeux d'une mère et d'un médecin ? Un ouvrage à quatre mains qui tente d'expliquer la dépression chez les jeunes. Extrait de "La dépression de l'adolescent" (2/2).

Notre jeune homme internaute nous livre son interprétation de ses symptômes : « Je suis actuellement dépressif. Je me sens mal, triste, seul... Mes journées sont dures à commencer, je n’arrive pas à me concentrer sur mes études, les choses perdent peu à peu de leur saveur... Je perds l’appétit, je suis angoissé, et tout est gris. Je me sens prisonnier de moi-même. Mais je me sens surtout malade. »

La mère : Les nuits d’Alice étaient très agitées. Elle dormait très mal et avait donc du mal à se lever le matin.

Le pédopsychiatre : Les troubles du sommeil sont un des symptômes les plus fréquemment évoqués dans la dépression. Il s’agit essentiellement de difficultés d’endormissement : le jeune tourne en rond dans son lit, rumine des pensées dont il a cependant souvent du mal à décrire le contenu, et, pour y échapper, se réfugie dans la consultation de son ordinateur, les jeux vidéo ou l’écoute de musique ou de la radio qui, bien souvent, diffuse à ces heures tardives les émissions destinées au public adolescent. L’aggravation de ces insomnies peut conduire à une inversion du rythme veille/sommeil : le sujet ne dormant quasiment plus la nuit s’écroule au petit matin et passe la journée ensuite à dormir. À l’inverse, on peut également observer des manifestations d’hypersomnie. Associées ou non à un ennui profond, elles correspondent à une certaine forme de repli sur soi, et peuvent être interprétées plus spécifiquement comme une fuite ou la recherche d’un refuge dans le sommeil..

On observe également des troubles alimentaires. Le plus souvent il s’agit d’une perte d’appétit, comme équivalent à la perte d’envie plus générale que l’adolescent présente. Elle peut avoir pour conséquence un amaigrissement ; mais il ne s’agit pas pour autant d’anorexie, comme dans le cas de l’anorexie mentale ; d’ailleurs parfois le trouble alimentaire s’exprime inversement par une hyperphagie, c’est-à-dire une augmentation exagérée de la consommation d’aliments, le plus souvent de bonbons, de gâteaux, de nourritures qui font plaisir.

La mère : Alice se plaint souvent de maux de tête, de douleurs abdominales liées à l’anxiété et au stress.

Le pédopsychiatre : Ce sont des plaintes somatiques qui correspondent à de réelles douleurs, même si on ne retrouve pas de troubles organiques. Le caractère psychique de l’origine de la douleur ne doit pas être confondu avec du « faire semblant ». Le caractère prépondérant de ces manifestations somatiques confèrent à la dépression de l’adolescent son aspect atypique qui la distingue des dépressions de l’adulte.

C’est ce qui contribue à rendre son diagnostic difficile. En effet, les signes cliniques de l’épisode dépressif majeur ne sont pas toujours au premier plan, relayés par des troubles du comportement (dont peuvent se plaindre les parents qui ne voient là au début que des manifestations caractérielles : irritabilité, impulsivité, agressivité, prises de risque) des difficultés relationnelles ou scolaires, la prise de toxique intoxication alcoolique massive, ou de passage à l’acte.

Parfois, les troubles s’avèrent plus discrets, au risque de passer plus inaperçu : perte de l’élan vital, retrait, inhibition.

En ce qui concerne ce déclin d’énergie, il n’est pas toujours aisé de faire la part des choses entre ce qui est causé par l’absence de sommeil, la part liée à l’ennui profond et au désintérêt des choses quotidiennes que peuvent éprouver les adolescent en crise et les autres manifestations dépressives.

Le jeune entre dans une période d’anhédonie. L’encyclopédie Wikipédia définit ce terme comme étant : « un symptôme médical retrouvé dans certaines pathologies psychiatriques et parfois chez le sujet exempt de trouble. Il caractérise l’incapacité d’un sujet à ressentir des émotions positives lors de situations de vie pourtant considérées antérieurement comme plaisantes. Cette incapacité est fréquemment associée à un sentiment de désintérêt diffus. L’anhédonie, perte de la capacité à ressentir des émotions positives, est fréquemment observée au cours de la dépression et de la schizophrénie. » Certains d’entre eux qui pouvaient être très impliqués dans une association, une activité sportive vont lâcher prise et s’en détourner.

La mère : Alice a peu à peu délaissé le piano qu’elle avait découvert quelques années auparavant. Elle ne voulait plus aller à ses cours de danse, elle était épuisée, anéantie et chacune de ses activités qui devait être un plaisir devenait un véritable calvaire.

En plus de ces manifestations physiques évidentes, Alice s’est malheureusement figée avec un masque de tristesse.

Les manifestations psychologiques les plus fréquentes sont les pleurs, le repli sur soi, le désinvestissement des plaisirs de la vie, le désintérêt pour les autres, des pensées de mort, des idées suicidaires. Toutes ces manifestations cernées par un sentiment de culpabilité omniprésent.

Extrait de "La dépression de l'adolescent", Gilles-Marie Valet et Christine Viat-Berthod, (Editions Jacob-Duvernet), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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