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Nucléaire : pourquoi nous avons tendance à sur-estimer la nocivité des radiations
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Idée reçue

Deux ans et demi après Fukushima, les craintes liées aux conséquences des radiations sur la santé n’ont pas disparu. Selon David Ropeik, professeur à Harvard et auteur d'un ouvrage sur les peurs irrationnelles, la nocivité des radiations est sur-estimée. Nos inquiétudes seraient dues au fait que l'on associe les radiations aux accidents nucléaires.

Henri de Choudens

Henri de Choudens

Henri de Choudens est ingénieur polytechnicien, ancien président de l’Institut des Risques Majeurs de Grenoble.

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Atlantico : Deux ans et demi après Fukushima, les craintes quant aux conséquences des radiations sur la santé n’ont pas disparu. Pour certains experts, les radiations sont moins dangereuses qu’on ne le pense. Sur-estimons-nous la nocivité des radiations ?

Henri de Choudens : Le problème est qu’on n’a pas de données sur les effets des radiations à faible dose. Lors des catastrophes d’Hiroshima et Nagasaki ou d’accidents comme Fukushima, on a vu qu’à partir d’un certain seuil, il y a un effet sur la santé, en particulier le risque de développer un cancer. En dessous de ce seuil, il n’a jamais été mis en évidence de façon claire qu’il y existait des effets. Les accidents sur les personnes qui ont subi des radiations relativement faibles n’ont pas permis non plus de déceler un effet probant. L’inhalation de doses importantes d’iodes lors des accidents, notamment celui de Tchernobyl, sont à relier avec certains cancers de la thyroïde.

Les cancers de la thyroïde ont toujours existé et on a constaté que le nombre de ces cancers augmentait d’année en année dans les pays occidentaux, même avant Tchernobyl et y compris aux Etats-Unis, qui n’ont pas été touchés par la catastrophe. On ne sait toujours pas si cette augmentation est due à Tchernobyl ou non.

Que savons-nous vraiment des risques des radiations ? Est-ce par manque d’information que l’on applique le principe de précaution?

En dessous de 100 mSv (millisievert), il est difficile de mettre en évidence les rayonnements sur la santé. Tous les ans, nous constatons une radiation de 2 à 3 millisievert qui est due à la radioactivité naturelle et aux irradiations (quand vous passez une radio, par exemple). La norme à ne pas dépasser pour l’irradiation de la population est de 1 mSv par an.

On ne connait pas les effets nocifs des radiations, alors on applique le principe de précaution.

Pourquoi avons-nous peur des radiations ?

Plus ou moins consciemment, lorsque l’on parle des risques de la radioactivité, on a en tête les explosions de bombes nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, renforcées par les catastrophes comme Fukushima ou Tchernobyl. Le problème psychologique est que l’effet n’est pas immédiat. Il se peut qu’on développe un cancer dans les dix années à venir ; il y a une sorte d’« épée de Damoclès ». Beaucoup d’études menées sur la population et sa perception du risque quant aux radiations l’ont prouvé.

Sur 10 929 cancers, seulement 527 ont été causés par les radiations de bombes atomiques. De plus, selon les experts, le risque pour les personnes exposées à Fukushima de développer un cancer est extrêmement faible. Comment le justifier ? Cela permet-il d’affirmer que la corrélation entre cancer et radiations est faible ?

Le cancer se développe pour des causes diverses chez un pourcentage de la population assez élevé. Il est impossible actuellement  d’affirmer que les radiations sont responsables d’un cancer. On ne peut pas, avec des examens établir la cause d’un cancer. C’est uniquement par des études sur une population ayant subi une radiation par rapport à une population qui n’en a pas subi que l’on peut affirmer s’il y a augmentation ou  non.

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