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Le "petit Blanc", cette nouvelle figure de la société française qui fait face à la diversification ethnique
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Bonnes feuilles

Aymeric Patricot a enquêté sur une figure encore méconnue du paysage culturel français : "le petit Blanc", c'est-à-dire un Français blanc et pauvre, qui se perçoit comme tel ou que l'on désigne ainsi. Le problème est qu'il reste considéré, dans un contexte de métissage, comme un privilégié, en dépit des situations humiliantes qu'il peut vivre au quotidien. Depuis des décennies, les Américains ont fait une place à ce groupe très particulier sous le nom de "White Trash". Assiste-t-on à l'émergence d'un équivalent français ? Extrait de "Les Petits Blancs" (1/2).

Aymeric Patricot

Aymeric Patricot

Aymeric Patricot, diplômé d’HEC et de l’EHESS, agrégé de lettres, est professeur dans la banlieue parisienne. Il est l’auteur de quatre romans, Azima la rouge, Suicide GirlsL’Homme qui frappait les femmes et J’ai entraîné mon peuple dans cette aventure ; et de deux essais, Autoportrait du professeur en territoire difficile et Les Petits Blancs. Il tient un blog personnel.

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C’est avec pudeur qu’on utilise, en France, l’expression petit Blanc : si l’on comprend ce qu’elle recouvre, on n’aime pas la définir. Et beaucoup réprouvent son usage. Elle a beau paraître dans les romans, circuler dans les conversations, se laisser entendre dans les médias, elle provoque la gêne et même une sorte de honte – honte d’avoir à penser à ces choses-là, honte de nommer une catégorie qui nous répugne parce qu’elle établit une distinction, fondée sur la couleur de peau, que l’on pensait dépassée.

Pourtant, l’expression s’impose. Elle a quelque chose d’évident : elle désigne une réalité peu visible mais présente aux esprits. Émergeant d’un obscur passé colonial, elle prend des connotations nouvelles et il est même à parier – c’est l’une des hypothèses de ce livre – qu’elle s’imposera bientôt comme un vocable incontournable lorsqu’il s’agira de commenter ce phénomène de longue haleine : la diversification ethnique de la société française.

Combien de visages le petit Blanc présente-t-il en France, au début du xxie siècle ? Il y a celui de l’adolescent de banlieue qui, l’un des seuls visages pâles dans sa classe, prend conscience de sa différence ; celui de la personne qui, vivant d’expédients, fragilisée socialement, se découvre aussi pauvre que ces minorités qu’on dit occuper le bas de l’échelle ; celui de l’homme âgé n’ayant toujours pas digéré la perte des colonies ni du privilège inespéré qu’elles lui donnaient vis-à-vis de populations qu’il est obligé de côtoyer, désormais, sur son propre sol ; celui qui, perdu pour la société, marqué par la misère ou déclassé de manière inattendue, ne songe pas à sa propre couleur mais se la voit rappeler par ceux qui l’observent et, parfois, le méprisent ; celui qui peut être tenté par le rejet de l’autre mais que l’on soupçonne, surtout, avant même qu’il ait ouvert la bouche, d’être raciste.

Extrait de "Les petits blancs : Un voyage dans la France d'en bas", Aymeric Patricot (Editions Plein Jour), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici. Aymeric Patricot tient aussi un blog.

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