1 million de départs en 5 ans : l'Île-de-France est-elle devenue invivable ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les jardins du Trocadéro.
Les jardins du Trocadéro.
©Reuters

Province, mon amie

Plus d'un million de Franciliens ont quitté Paris pour la province en cinq ans. Le salon Provemploi ouvre ses portes mardi 15 octobre et permet de faciliter la mobilité de ceux qui ne rêvent que d'une chose: fuir Paris. L'île de France est-elle devenue invivable?

Antoine Colson

Antoine Colson

Diplômé d'HEC, Antoine Colson est responsable du marketing et des partenariats pour le salon Parcours France, qui a pour vocation d'aider professionnels et particuliers à s'implanter dans une région de France.

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Atlantico: Le salon Provemploi s’est tenu mardi 15 octobre à Paris. Destiné à un public parisien désirant quitter la capitale pour s'installer (ou revenir) en province, il illustre une nouvelle tendance de mobilité Paris-Province. L’île de France serait-elle devenue invivable ? Pourquoi les Parisiens désirent-ils quitter leur région?

Antoine Colson: Paris est avant tout un lieu de passage : on vient s’y former, commencer sa carrière professionnelle, mais généralement, si l’on vient de province, on ne reste pas y vivre éternellement. Ce n’est d’ailleurs pas un phénomène nouveau, ni une mode, les attitudes migratoires de la région parisienne vis-à-vis de la province sont installées depuis les années 1960-1970. Nous avions effectué un sondage avec CSA l’année dernière qui disait que plus d’un francilien sur deux pensait un  jour quitter la région parisienne. Finalement, ce sont 5 à 6 millions de personnes qui d’une manière ou l’autre y réfléchissent. Face à ce constat, forcément, il faut se poser la question : Paris est-elle vivable ou invivable ? La première motivation évoquée des Parisiens qui fuient la capitale concerne les conditions de vie, la qualité de vie. Les franciliens ont l’impression de vivre dans une cocotte-minute, d’être en partie dépossédés de leur vie, de leur quotidien. C’est en particulier le cas lorsqu’ils doivent lier un parcours professionnel et une vie personnelle. D’autres dimensions expliquent ces envies de départs, elles sont liées aux coûts de la vie, notamment celles de l’immobilier. En général les 35-45 ans veulent se lancer dans un projet immobilier, faire grandir leurs enfants dans un environnement sûr, et mener une carrière de front, mais ils s’aperçoivent que  tout cela est difficile à mener en région parisienne C’est un phénomène qui concerne avant tout les actifs, ils fuient à Paris alors qu’ils ont un poste, ils cherchent donc un cadre de vie plutôt qu’un travail. Ce n’est pas une mobilité alimentaire.

Qui sont les individus concernés par cette mobilité? Et partent-ils définitivement ?

Il y a des profils spécifiques. En premier lieu, le départ s’effectue à un moment décisif de la vie des Franciliens, entre 20 et 40 ans, les individus ont déjà démarré dans la vie active. Dans un second temps, mais moins important, on retrouve le quinquagénaire ou le senior, qui s’emploie à trouver un nouveau projet professionnel en province ou prépare sa retraite. De manière sociologique, c’est une tendance qui transcende toute la vie parisienne, mais elle représente principalement des profils de cadres. Souvent ces personnes exercent des métiers qui existent presque à l’identique en province (professions médicales, libérales, commerciaux, banques…). A contrario certains métiers sont exclusivement parisiens et ont des difficultés à partir : les entreprises du CAC 40, les métiers calibrés comme les métiers de la finance, les médias ou la publicité. Si principalement, les individus partent pour ne plus revenir, cela dépend également de l’entreprise pour laquelle on travaille. Quand on est amené à être muté dans une grosse boîte comme une banque, on vous mute en province, mais on vous rappelle à Paris si votre carrière suit son cours. C’est d’ailleurs une difficulté car ceux qui partent ne veulent plus forcément revenir.

Existe-t-il un mieux vivre en province qui attirerait les actifs ?

Je pense effectivement qu’il existe un mieux vivre en province. Mais je tiens à dire que l’on fait du mot province un mot générique pour des réalités extrêmement variables. Entre les quartiers nord de Marseille, Vannes dans le Morbihan et la campagne en Corrèze, vous êtes sur des réalités très différentes. Il y a en province une notion d’équilibre qui semble respectée, les gens peuvent coordonner vie personnelle et vie professionnelle, avoir une gestion équilibrée de son temps, des relations sociales, on est dans un monde plus humain qui attire les actifs. Bien que les grandes métropoles comme Lyon, Marseille ou Toulouse se parisianisent.

Vers où vont-ils généralement ? Existe-t-il des régions plus attractives que d’autres ? Existe-t-il généralement un niveau de vie supérieur dans certaines régions de provinces ?

Le quart sud-est est très demandé, bien que la demande s’essouffle un peu. Des territoires du Grand-Ouest et du Sud-Ouest ont le vent en poupe en ce moment. En effet, la côte méditerranéenne est complétement congestionnée aujourd’hui, il y a une pression immobilière qui n’est pas éloignée de celle de la région parisienne, et il réside une réputation du quart Sud-Est disant que les rapports sociaux ne sont pas forcément évidents. A contrario, il y a un dynamisme dans le Grand-Ouest, notamment économique. Les villes comme Nantes, des territoires comme la Vendée, les Pays de la Loire, la Bretagne sont préférés. On parle évidemment de la fermeture des abattoirs en Bretagne mais c’est un territoire où s’installent beaucoup de boîtes d’informatique et de services et qui ont été créatrices d’emplois ces dernières années.

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