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Arrêtons d'être obsédés
par les calories !
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Régimes

Un récent livre polémique du journaliste Gary Taubes publié aux États-Unis (mais pas encore traduit en français) remet en question le lien entre calories et prise de poids.

Julien Tort

Julien Tort

Julien Tort est bloggueur, photographe, chroniqueur gastronomique et traque l'excellence culinaire. Guide et professeur de cuisine, il se refuse à opposer la santé et le plaisir.

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Une des fumisteries les plus persistantes de la nutrition, savante ou populaire est celle du comptage de calories. C’est facile et ça semble logique : on grossit parce qu’on ingère plus de calories qu’on n’en dépense. On maigrit quand on fait l’inverse. Pour dépenser plus de calories, il faut faire plein d’exercice, « se dépenser ». Et pour en ingérer moins, il faut sauter des repas et manger des produits allégés.

Pourquoi on devient gros

Mais cette explication est de nature magique. Sous couvert de force de volonté, de discipline, bref, d’une vision moralisante et culpabilisée de l’existence, on renvoie la compréhension de nos problèmes de poids au péché originel, à notre faiblesse intime.

La déconstruction systématique de ce mythe est l’objet du nouveau livre de Gary Taubes, Why We Get Fat, dont j’espère que nous aurons bientôt une traduction française. Journaliste scientifique, correspondant entre autres de la célèbre revue Nature, Taubes s’intéresse aux délires de la science.

Dans les années 1990, il avait ainsi raconté l’histoire de la fusion froide. Dans son précédent livre, Good Calories, Bad calories, il avait déjà exposé en détail, comme un journaliste scientifique, l’absence de fondement de la vision calorique de l’obésité, et mis en avant les mécanismes hormonaux de la régulation du poids. Au passage, ce livre avait aussi soigneusement raconté la genèse d’un autre dogme sans fondement : celui du cholestérol et du gras qui bouche les artères. Reparlons-en une autre fois.

Les dogmes des régimes en question

Et si les gros mangeaient trop parce qu’ils sont gros, au lieu de l’inverse ? La loi de la conservation de l’énergie serait tout aussi respectée, mais les conséquences pratiques seraient dramatiquement différentes. Pour grandir aussi, il faut consommer plus de calories qu’on n’en dépense : alors pourquoi les gros ne sont-ils pas grands ? Et puis pourquoi ne prend-on pas du poids uniformément sur tout le corps ? Comment se fait-il que notre poids puisse être stable (qu’on soit en surpoids ou non), si la moindre altération de notre balance calorique quotidienne suffit à la faire fluctuer ?  Si c’est l’abondance qui rend gros, pourquoi sont-ce les pauvres qui sont gros ?

Et puis, il y a l’argument central : si vraiment il suffit de réduire les calories pour réguler son poids, pourquoi le surpoids et l’obésité font-ils autant de progrès, partout sur la planète ? Pourquoi les régimes hypocaloriques ne marchent-ils jamais (95% des sujets reprennent plus de poids dans les années qui suivent)? Pouvons-nous vraiment nous satisfaire d’une explication purement moraliste et invérifiable, selon laquelle les gros portent sur eux leur faiblesse, leur manque de discipline ?

Ce à quoi Taubes, et toute une nouveau courant de la nutrition et de l’hygiène de vie, nous invitent, c’est à une considération plus pragmatique, plus efficace de nos problèmes de poids. La restriction glucidique (Atkins, Dukan) n’en est que le premier pas. Mais c’est une sacrée première pierre.

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