Comment les 1% les plus riches gagnent vraiment leur argent<!-- --> | Atlantico.fr
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Les revenus des 1% les plus riches ne proviennent qu'à 39% du travail.
Les revenus des 1% les plus riches ne proviennent qu'à 39% du travail.
©Reuters

Money, money, money !

Alors que l'ensemble de la population tire 64% de ses revenus du travail, les ressources des 1% les plus riches n'en proviennent qu'à 39%, souligne une étude du Tax Policy Center. Une publication qui rappelle qu'à l'origine de toute fortune, on trouve l'investissement.

Nathalie  Cariou

Nathalie Cariou

Nathalie Cariou est consultante en intelligence financière. Elle accompagne les particuliers et les professionnels dans leur relation à l’argent et sur le chemin de leur indépendance, financière ou professionnelle. Elle est l’auteur de deux livres : Prenez la responsabilité de vos finances et Oser devenir riche, aux Editions Jouvence, et depuis 2009, elle dirige la société qu’elle a créée : les Clefs de la Réussite.
Conceptrice d’un programme en ligne pour apprendre la liberté financière
et organisatrice des Rendez-vous de l’indépendance financière , elle intervient régulièrement en conférences et dans les média en tant que coach financier. Vous pouvez retrouver ses tribunes sur l’argent et la liberté financière sur son site : www.clefsdelareussite.fr

 

 

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Atlantico : Une étude de Tax Policy Center a récemment révélé qu'aux Etats-Unis, les ressources de la population dans son ensemble provenaient à 64% des revenus du travail, alors que les revenus des 1% les plus riches n'en proviennent qu'à 39% (lire ici). Pour les 1% les plus riches, viennent ensuite les investissements (29%) et les revenus d’entreprise (24%). La situation est-elle comparable en France ?

Nathalie Cariou : L’étude de Tax Policy Center semble mettre à bas tous les clichés que l’on véhicule généralement sur les riches, à fortiori les 1% les plus riches ! A savoir que ce serait d’heureux (ou malheureux) oisifs sirotant sans discontinuer des cocktails au soleil à bord de leurs yachts de luxe. De quoi devenir vite gras et déprimés à force d’inactivité et d’absence d’objectifs !

Le Tax Policy Center nous rappelle que la réalité est tout autre : les riches ne sont pas, dans leur grande majorité, des inactifs. Ils travaillent et s’occupent de leurs investissements. Ce qui n’est pas non plus une sinécure !

Désolée pour les joueurs de loto occasionnels ou réguliers qui s’imaginent qu’une fois le gros lot gagné, il n’y a plus rien à faire.
Devenir riche demande du travail ... le rester également.

En France comme ailleurs, la richesse signifie à coup sûr plus de confort, plus de facilité, plus d’opportunités dont on peut tirer partie ... mais elle signifie aussi décider, agir, être responsable, rester maître de sa vie. Autant de mots difficilement compatibles avec la notion d’inactivité ou de retraite, même dorée !

D’ailleurs, est-ce la richesse qui rend responsable ? Ou la capacité à être intégralement responsable de sa vie qui crée la richesse ?


Concrètement, comment les 1% de Français les plus riches le deviennent-ils ?

Certains vous diront qu’il faut travailler pour gagner de l’argent. De là à en déduire qu’il faut travailler un peu pour gagner un peu d’argent et qu’en travaillant beaucoup vous gagnerez beaucoup d’argent, il n’y a qu’un pas, que l’on peut allègrement  franchir.

A tort.

Car à quelques grands patrons près, la base de tout enrichissement c’est l’investissement. L’argent que l’on gagne "à la sueur de son front" est un bon début, pour amorcer la pompe (il faut bien un peu d’argent pour investir !) mais c’est un moyen qui atteint vite ses limites.

D’abord parce que la capacité de travail de chaque individu est limitée ; d’autre part parce que l’effet de levier associé au travail est lui aussi limité. Or utiliser un effet de levier, quel qu’il soit, est ce qui a fait les 1% de Français les plus riches.

Qui dit effet de levier dit investissement. Investissement en temps (en créant sa propre activité par exemple) ; en argent (ce sont les placements financiers) ; voire en utilisant l’argent des autres (du banquier dans le cas d’un projet immobilier).

D’ailleurs, les plus grosses fortunes françaises ne sont pas entre les mains de salariés, même grassement payés, mais aux mains de "propriétaires – entrepreneurs" : Bernard Arnault, François Pinault, Serge Dassault, Xavier Niel pour n’en citer que quelques- uns.

Et notre exception française : Liliane Bettencourt, ne fait exception à la règle que si l’on oublie qu’elle est l’héritière du créateur de l’Oréal. Ce qu’elle n’a pas fait elle-même, son père l’a fait pour elle.

Les 1% des plus riches sont des personnes qui travaillent sans relâche et prennent leur retraite très tard. Même à la retraite, ces personnes continuent de travailler. Être acharné du travail est-il une source de revenu pour les 1% les plus riches ?

Devient-on riche en travaillant beaucoup ? Certainement pas s’il s’agit d’un travail salarié.

Mais dès qu’il s’agit de créer une entreprise, il est certain – tous les entrepreneurs vous le diront – qu’une certaine quantité de travail est nécessaire pour réussir. Le mirage du "devenir riche sans rien faire" est réservé aux gagnants du loto.

Or, une grande partie des riches sont entrepreneurs, propriétaires ou dirigeants d’entreprise. Ils ont probablement travaillé beaucoup, à une certaine période de leur vie. Arrivés à l’âge normal de la retraite, travailler 5 jours au lieu de 7 équivaut pour eux à des quasi vacances.

Encore plus si cette activité moins dense s’accompagne de la possibilité de travailler "ailleurs" (au soleil, au bord de la mer, au ski, dans un tout autre cadre que celui d’un bureau).

Travailler plus, ou plus longtemps, n’est le rêve de personne quand il s’agit d’assurer sa subsistance en échange de nombreuses heures (et années) d’un travail dans lequel on est plus ou moins investi.

Mais les plus riches ont cette chance de "travailler" à faire ce qui leur plaît – certains diront ce qui les amusent.
Normal donc qu’ils aient envie de s’amuser le plus longtemps possible. Normal qu’ils aient envie de se sentir actifs, dans une occupation qui leur apportent le sentiment – que nous recherchons tous – de se réaliser.

Et ce d’autant plus facilement qu’ils n’ont plus l’obligation financière de travailler.  Après tout, n’est-ce pas la (seule ?) définition universelle de la richesse : avoir le choix de faire ce que l’on fait et de mener la vie que l’on a envie d’avoir, sans contrainte financière ?

C’est pourquoi je parle davantage personnellement de liberté financière que de richesse – et que nous continuerons, pendant quelque temps encore, à essayer vainement de mettre un chiffre sur la richesse : car on n’est pas riche à partir d’un certain montant ... on est riche quand on a la liberté de ses choix. Y compris celui de continuer à travailler quand c’est ce qui nous passionne.

Une autre étude de Bank of America a récemment révélé que seuls 16% des millionnaires prévoient d’investir massivement leurs réserves en cash à court terme. Les riches épargneraient beaucoup à un rythme record et investiraient peu. Doit-on considérer qu’un fort taux d’épargne favorise le niveau de richesse ? Comment ?

Que faire de son argent quand on en a ? L’épargner ? L’investir ? Où ? En bourse, dans l’immobilier, dans des entreprises risquées ? Ces questions, que tout un chacun se pose dès qu’il a quelques économies devant lui, les 1% les plus riches se les posent également.

En ayant tiré semble-t-il quelques leçons de la crise de 2008 :

  • Nos économies (occidentales ou mondiales) sont manifestement moins stables qu’elles pouvaient l’être il y a encore quelques années : croissance molle, cycles économiques plus courts, retournement de marché rapide, fragilité accrue par la mondialisation

  • Le monde change toujours plus vite et notre visibilité sur ce que sera l’avenir à court terme s’est terriblement réduite (et a totalement disparu sur le moyen terme)

  • Avoir une stratégie d’investissement unique, sans diversification, peut coûter très cher lorsque le marché se retourne, que l’économie toute entière - ou un secteur économique - rentre en crise (crise des subprimes, crise financière ...)

Et les riches redécouvrent alors une règle qu’ils avaient oubliée (ou pas encore apprise), portés qu’ils étaient par des années de relative stabilité économique et d’enrichissement facile : toute stratégie d’accroissement de richesses (nécessairement basée sur des investissements à risque) doit s’accompagner d’une volonté quasi identique de conservation et de consolidation des richesses acquises. Au risque de tout perdre au prochain ouragan. Ou de devoir vendre, faute de liquidités, au moment le moins favorable.

D’où des taux d’épargne des riches trois fois plus élevés qu’en 2009, à côté d’investissements massifs, sur le marché boursier particulièrement, pour profiter de la belle reprise de la bourse américaine.

Mais il y a une deuxième leçon derrière ces chiffres. Elle vaut pour chacun, même ceux qui n’appartiennent pas au cercle fermé des 1% les plus riches :

C’est bien notre épargne qui fera notre richesse. A condition qu’elle soit, pour partie au moins, investie pour travailler à notre place.  L’argent thésaurisé – les "réserves en cash" dont il est fait mention plus haut – n’a jamais permis à personne de s’enrichir. Pas grave pour les riches qui, sûrement, n’ont pas tant que ça besoin d’avoir plus. Probablement plus grave pour ceux et celles qui sont décidés à modifier leur situation financière, à s’enrichir, pour se donner les moyens d’une autre vie.

Propos recueillis par Karen Holcman.

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