Made in Africa : le nouvel eldorado des délocalisations ?<!-- --> | Atlantico.fr
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H&M a annoncé cette semaine son intention de délocaliser une partie de sa production asiatique vers l'Ethiopie.
H&M a annoncé cette semaine son intention de délocaliser une partie de sa production asiatique vers l'Ethiopie.
©Reuters

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Une tribune de Richard Attias.

Richard Attias

Richard Attias

Richard Attias est un homme d'affaire et fondateur du New York Forum, un espace de rencontre et de débats dédié aux enjeux de l'économie globale

Il avait auparavant été l'organisateur du Forum mondial de Davos et de diverses rencontres internationales (Gatt, Apec, Clinton Initiative,...)

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Un an après l’ouverture de l’usine Renault à Tanger, la société H&M a annoncé cette semaine son intention de délocaliser une partie de sa production asiatique vers l’Ethiopie. Une première dans l’industrie textile qui pourrait préfigurer la nouvelle donne industrielle d’une Afrique émergente.

En économie plus qu’ailleurs les faits sont têtus, et les signaux du décollage économique du continent africain se font de plus en plus clairs : une croissance moyenne supérieure à 5% en 2012, les revenus médians ayant augmenté de 19% depuis 2011, +50% d’investissements directs étrangers depuis 2005, etc.

Au-delà de la litanie des chiffres, la croissance africaine est à appréhender dans le contexte d’une économie globalisée en perpétuelle recherche de relais de croissance. Et si l’Asie, puis les Brics, ont joué depuis près de trente ans le rôle de locomotives planétaires, ils se retrouvent aujourd’hui « victimes » de leur propre succès : hausse globale du niveau de vie, du prix du travail et par conséquence des coûts de production.

Autre atout pour l’Afrique. Sa proximité géographique avec l’Europe. A l’heure du pétrole cher, les coûts de transport deviennent une variable scrutée avec de plus en plus d’attention par les décideurs économiques.

Pour toutes ces raisons l’Afrique, malgré l’immensité des défis à relever notamment en matière de lutte contre la pauvreté et de bonne gouvernance, représente désormais le dernier Frontier Market de l’économie monde. C’est donc tout naturellement, et à condition que les Africains relèvent les défis qui se présentent à eux, que le continent a vocation à devenir l’un des ateliers du monde dans les décennies à venir.

C’est avec ce volontarisme que le président gabonais Ali Bongo a proposé à ses pairs que les pays africains s’engagent à ne plus exporter leurs matières premières non transformées et qu’une première transformation soit réalisée localement afin de générer un nivellement par le haut de l’échelle des valeurs.

Un exemple parmi d’autres qui démontre que la prise de conscience est désormais actée et bien réelle. Mais si tous les signaux sont au vert, les dirigeants africains doivent pleinement s’ouvrir aux exigences de la compétition économique mondiale et doter leurs pays des atouts pour y jouer les premiers rôles. Des exigences qui passent évidemment par la lutte contre la corruption ou la rationalisation administrative à l’échelle du continent, mais aussi et surtout par un effort soutenu en matière d’infrastructures.

Car c’est là que le bât blesse actuellement pour faire de l’Afrique un concurrent industriel crédible et durable des économies asiatiques. Non seulement les outils de production sont à créer, mais c’est l’ensemble du réseau logistique qu’il faut bien souvent moderniser et repenser pour améliorer la compétitivité africaine.

Le défi des infrastructures est immense pour arrimer (aux sens propres et figurés) l’Afrique à l’économie monde. Le continent a besoin de routes, de ports et aéroports modernes, mais aussi d’usines mécanisées pour attirer plus encore les investissements étrangers et concurrencer durablement l’hégémonie industrielle des Brics.

Une Afrique connectée au monde : il y a matière à l’optimisme. Si le continent n’en est encore qu’aux balbutiements de son décollage économique, tout laisse à penser que les sociétés africaines dans leur ensemble s’ouvrent à la globalisation des échanges aussi vite, voire plus vite, que d’autres régions du monde.

S’il n’était qu’un chiffre à retenir pour s’en persuader, ce serait celui de la percée fulgurante de la téléphonie mobile. En 10 ans, et malgré les difficultés économiques, le pourcentage d’Africains possédant un téléphone portable est passé de 0,7% à 70%.

L’émergence africaine est une réalité indéniable, mais les disparités sont encore trop grandes entre une « Afrique qui avance » et une « Afrique qui va mal » et se saborde… De l’Egypte à la Libye en passant par le Mali, les tensions et crispations autoritaires faussent trop souvent la croissance et constituent hélas encore un obstacle immense à l’industrialisation africaine. Espérons que le processus démocratique initié au Mali puisse servir d’exemple pour redresser la barre.

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