Peut-on espérer que le rebond industriel américain se produise en France ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Apple a annoncé qu'elle allait relocaliser une partie de sa production sur le sol américain.
Apple a annoncé qu'elle allait relocaliser une partie de sa production sur le sol américain.
©Flickr commons

It's the economy, stupid !

Grâce à l'industrie du gaz de schiste et de la chute du coût de la main d’œuvre, les Etats-Unis pourraient recréer entre 2,5 et 5 millions d’emplois industriels en 10 ans selon une étude du Boston Consulting Group. Une belle perspective qui n'arrivera pas en France.

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot est économiste, spécialiste des Etats-Unis chez BNP Paribas.

Voir la bio »

Atlantico : Selon une étude du Boston Consulting Group, les Etats-Unis pourraient reconquérir en 10 ans, sur le sol américain, jusqu'à 5% des exportations de cinq pays : la France, la Grande-Bretagne, le Japon, l'Italie et l'Allemagne. Entre 2,5 et 5 millions d’emplois pourraient ainsi être créés d’ici à 2020. Comment expliquer ce rebond de l'industrie américaine ?

Alexandra EstiotDerrière l’amélioration de la compétitivité américaine, on trouve trois phénomènes : la réduction des coûts unitaires de production, l’augmentation des coûts de transport et la baisse des prix de l’énergie aux Etats-Unis. Comme c’est quasiment toujours le cas, la dernière récession s’est accompagnée de gains de productivité très importants. Dans certaines industries manufacturières, l’évolution a été très frappante. Ainsi, le secteur des biens durables a vu sa productivité horaire progresser de près de 25% entre le début de 2009 et la mi-2013. Cet essor, conjugué à une modération salariale, a permis de réduire les coûts unitaires de la main d’œuvre, de plus de 11% dans ce même secteur et sur la même période, alors que la dépréciation du dollar (d’environ 10% en termes effectifs réels, toujours entre début 2009 et mi-2013) a également joué sur la compétitivité externe des produits américains.

Les gains de compétitivité sont absolus mais également relatifs. Ainsi la progression très rapide des salaires en Chine, dans un contexte de modération salariale aux Etats-Unis, réduit très rapidement l’avantage comparatif de la Chine, alors même que des prix du pétrole élevés relèvent les coûts de transport. En résumé, produire sur le territoire américain est comparativement moins coûteux aujourd’hui qu’il y a quelques années.

Des entreprises comme Apple ont déjà annoncé qu'elles allaient relocaliser une partie de leur production sur le sol américain ? Le "made in USA" s'apprête t-il à redevenir compétitif ? Avec quelles conséquences et pour combien de temps ?

Le phénomène de relocalisation de la production sur le territoire américain est sans doute durable, profitant aussi du faible coût de l’énergie, notamment du fait des nouvelles techniques d’extraction du gaz et du pétrole. Mais les industries qui sont parties hier ne sont pas nécessairement celles qui arrivent aujourd’hui, et pour celles qui reviennent effectivement, elles ne le font pas nécessairement aux mêmes endroits. Il est ainsi quasiment impossible d’envisager un retour de l’industrie textile, dont la production est intense en main d’œuvre non-qualifiée.

Si la Chine devient trop chère, les usines la quitteront, mais pour s’implanter dans d’autres pays d’Asie voire d’Afrique. Les industries qui reviennent aux Etats-Unis sont avant tout celles dont la production est intense en main-d’œuvre qualifiée. Un mot du cas particulier de l’automobile, qui après avoir déserté la région de Détroit revient aux Etats-Unis, mais bien plus au Sud, dans la région de Memphis, où les syndicats sont moins puissants et les avantages (couverture maladie, retraite…) plus difficilement négociables pour les salariés…

Une telle réindustrialisation est-elle impossible en France ?

Le cas américain montre qu’après les délocalisations, les relocalisations sont possibles. Produire à moindre coût n’est qu’une partie de la stratégie des entreprises, qui doivent également prendre en compte les coûts de transport, le niveau de qualification de la main d’œuvre, la stabilité du cadre réglementaire, la protection des brevets…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !