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"Il faut rendre le paquet de cigarettes le moins séduisant possible"
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Campagne anti-tabac

A partir de ce mercredi, les photos choc deviennent obligatoires sur les paquets de cigarettes : poumons noircis, foetus atrophié ou mâchoire édentée... Le professeur Yves Martinet, chef du service de pneumologie au CHU de Nancy et président du Comité national contre le tabagisme, décrypte la nouvelle campagne anti-tabac du gouvernement.

Yves Martinet

Yves Martinet

Yves Martinet est professeur et chef du service de pneumologie au CHU de Nancy.

Il préside le Comité national contre le tabagisme.

 

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Atlantico : Quel est votre avis concernant cette nouvelle campagne anti-tabac et les photos choc qui doivent illustrer les paquets de cigarettes dès ce mercredi ?

Yves Martinet : Ce ne sont pas des images choc, mais simplement des images d’information sur les complications pour la santé liées à la consommation de tabac.

S'agit-il d'une première étape avant une campagne plus osée encore ?

L’objectif est pour nous de gagner en surface sur le paquet de cigarettes et ce, au dépend de l’industrie du tabac. Car l’industrie du tabac utilise le paquet de cigarettes comme un outil promotionnel et glamour pour séduire les enfants et que ceux-ci commencent à fumer.

Ce que nous voulons c’est que ce paquet soit le plus neutre et le moins séduisant possible. Notre objectif ultime : c’est le paquet neutre standardisé dénué de tout marketing.

Le visuel importe peu en fait pourvu qu’il ne soit pas trop coloré ou trop attractif ?

En fait, nous avons deux objectifs complémentaires : éviter que le paquet ne soit séduisant et donner une information de qualité et directement compréhensible grâce à ces photos.

L'une de ces photos illustre les risques d'impuissance liés au tabac. Faut-il aller plus loin et est-ce prévu ?

L’impuissance est une complication de la consommation de tabac et il faut que les hommes et leurs compagnes le sachent. Il existe d’autres complications que nous n'avons pas encore traitées comme les complications sur la vue ou celles en rapport avec la maladie d’Alzheimer. Avec toutes les maladies liées à la consommation de tabac, il y a aura progressivement un renouvellement des photographies dans le but d’informer le public.


Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Les photographie sont acceptables uniquement lorsqu'elles démontrent la vérité et représentent les complications liées à la consommation de tabac. Rien n’est créé exprès. Ce que l’on montre, c’est ce qui est.


A l'étranger, certaines photos représentent des poumons noircis par le tabac, etc. Ce genre de photos a-t-il sa place en France ?

Quand les poumons sont détruits par le tabac, les patients développent une insuffisance respiratoire et sont obligés de respirer de l’oxygène en permanence puis meurent. Il est donc normal que la personne qui achète un paquet de cigarette sache quelles sont les complications liées à l’usage de la cigarette. Quand vous achetez de l’eau de javel, la bouteille comporte une tête de mort qui précise qu'il s’agit d’un produit dangereux. Et bien nous, nous disons que la cigarette est un produit dangereux et de nombreuses façons.

Ces campagnes anti-tabac sont-elles efficaces ?

Oui. Ces campagnes sont efficaces, d’une part auprès des personnes qui ont arrêté de fumer et qui seraient tentées de refumer : elle en sont dissuadées parce qu’ils voient à quoi ils ont échappé. Mais aussi auprès des personnes qui commencent à envisager d’arrêter de fumer : cela les aide à maturer leur motivation pour arrêter.


Enfin, ces photos sont efficaces auprès des jeunes qui envisagent de commencer à fumer : visualiser les complications les dissuade d’acheter des cigarettes.


Existe-t-il un risque que ces photos soient perçues par certains comme une sorte de customisation ou de sigle sympa ?

Il y a toujours dans l’espèce humaine des variations minimes qu’il faut connaitre ou qui n’emporte pas la conviction. S’il y a 2 ou 3 % que cela amuse, la grande majorité reçoit bien le message.

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