Maman toxique ? Voici comment faire pour qu'elle arrête de vous empoisonner la vie <!-- --> | Atlantico.fr
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"L’impact au jour le jour d’une relation toxique peut diminuer au fur et à mesure que les enfants grandissent."
"L’impact au jour le jour d’une relation toxique peut diminuer au fur et à mesure que les enfants grandissent."
©Reuters

Bonnes feuilles

La psychologue Terri Apter présente les différents types de mauvaises mères et explique comment s’affranchir d’une relation douloureuse. Extrait de "Les mères toxiques" (1/2).

Terry  Apter

Terry Apter

Terry Apter est psychologue clinicienne, et professeur au Newnham College (Université de Cambridge). Spécialisée dans les relations familiales, elle a été remarquée pour ses précédents livres sur les relations entre sœurs, avec les belles-mères, etc. Elle intervient comme chroniqueuse dans Psychology Today.

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Selon le psychologue Bruno Bettelheim, la plupart des choses sont supportables si nous parvenons à leur donner un sens. Les enfants de mères toxiques déploient énormément d’énergie pour essayer de donner un sens au comportement de leur mère. Ils réfléchissent à des questions du type « Pourquoi se fâche-t-elle autant ? » et « Pourquoi mes propres besoins sont-ils infondés ? ». Les enfants essayent d’obtenir l’aide de leur mère pour clarifier leur histoire. Même à l’âge adulte, ils peuvent avoir l’impression que leur propre point de vue manque de profondeur et de validité à moins que leur mère n’accepte leur version. Mais cette acceptation est peu probable : par définition, une mère toxique n’est pas un auditeur émotionnel. Elle n’est pas disposée à ajuster son point de vue en fonction de celui de l’enfant. La mère toxique ne collabore pas avec les efforts de son enfant pour clarifier et consolider leur histoire Au lieu de cela, elle campe fermement sur ses positions. Une demande faite pour réviser cette histoire est souvent considérée comme une attaque personnelle. En représailles, la mère toxique peut aggraver le dilemme de l’enfant, entre revendiquer ses propres connaissances et besoins d’une part, et être mis à l’écart d’autre part.

De nombreux enfants développent alors des stratégies pour gérer ce dilemme. Certains essayent de se conformer aux opinions de leur mère et de nier les leurs. D’autres choisissent de se cacher : ils font semblant de se conformer aux attentes de leur mère, tout en essayant secrètement de se connaître. Certains enfants sont capables de puiser dans d’autres ressources et d’établir d’autres liens qui comblent les lacunes de leur lien fondamental. « C’est ce que ma mère exige, mais j’ai appris que je peux avoir des relations plus vastes et plus authentiques avec d’autres personnes », constatent-ils. Les grands-parents, les frères et soeurs, les enseignants et les amis, sont autant de ressources possibles pour un soutien émotionnel. Même dans des circonstances de graves difficultés, certains enfants sont capables de nouer des relations avec d’autres personnes. Ils savent qui peut réagir, apprennent à s’engager auprès d’autres personnes et construisent une relation avec elles. Ce processus d’engagement renforce leur confiance et les effets positifs se multiplient.

L’impact au jour le jour d’une relation toxique peut diminuer au fur et à mesure que les enfants grandissent, partagent leurs problèmes avec leurs amis, reçoivent de l’amour par ailleurs, découvrent de nouvelles façons de se tester et de s’exprimer, et prennent assez confiance en eux pour se comprendre eux-mêmes et comprendre les autres. Pourtant, il est rare que ces enfants une fois devenus adultes soient entièrement libérés de cet ancien paradoxe et dilemme.

Au fil du temps, l’équilibre des forces peut changer. À l’âge adulte, le fils ou la fille peut être assez habile pour se mettre hors de portée du dilemme de la mère toxique. La dépendance d’une mère vieillissante peut aboutir à de nouvelles perspectives et appréciations, à la fois pour la mère et pour son enfant adulte. Mais pour certains, la relation toxique demeure inchangée et a la même intensité. Même lorsque la relation s’améliore à l’âge adulte, les batailles de l’enfance continuent. Le décès de la mère ne diminue pas nécessairement son pouvoir. La mort achève sa vie, mais pas les modèles de pensée, les sentiments et les attentes que l’enfant développe dans cette relation fondamentale.

Surmonter le pouvoir d’une mère toxique

Qu’est-ce qui peut nous aider à surmonter les séquelles laissées par une mère toxique ?

Comprendre la relation aide à en vaincre le pouvoir. Accorder notre moi-central et notre moi-autobiographique nous libère des opinions maternelles incohérentes et inadaptées. Quand nous le faisons l’esprit ouvert, avec de l’empathie envers nous-mêmes (notre moi à la fois passé et présent), et avec une perspective suffisamment vaste, nous avons de bonnes chances de vaincre cette sensation écœurante de nous croire fautifs parce qu’incapables de satisfaire à des exigences paradoxales.

La compréhension, associée à la perspective et à la réflexivité, a-t-elle vraiment un tel pouvoir ? Oui.

En donnant un sens aux expériences de l’enfance, nous pouvons transformer une relation incohérente en une relation dynamique et gérable à laquelle nous pouvons réfléchir. La compréhension modifie les attentes, les associations et les interprétations. Cela change nos cerveaux, même au niveau de l’activité neuronale et des connexions synaptiques. En révisant les histoires que nous nous racontons à propos de qui nous sommes et de ce que la vie nous réserve, nous pouvons développer de nouvelles pulsions et réactions. La façon dont nous donnons du sens – la façon dont nous pensons et repensons notre vie, dont nous saisissons et conservons la signification au fil du temps – modèle notre manière de penser. Les histoires qui forment notre moi-autobiographique peuvent reconnecter notre cerveau.

Extrait de "Les mères toxique, les comprendre pour se libérer de leur emprise", Terri Apter, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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