Pétrole : pourquoi il est de plus en plus difficile de trouver des gisements rentables<!-- --> | Atlantico.fr
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La découverte d'un gisement de 300 millions de barils au large des côtes guyanaises par un consortium de pétroliers annonçait des heures heureuses pour le département français.
La découverte d'un gisement de 300 millions de barils au large des côtes guyanaises par un consortium de pétroliers annonçait des heures heureuses pour le département français.
©Reuters

Decod'Eco

Les majors pétrolières, toujours à la recherche de nouveaux gisements, explorent des zones nouvelles... avec plus ou moins de succès !

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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C'était il y a pratiquement deux ans. Cayenne se prenait à rêver : serait-elle la future capitale du pétrole ?

La découverte d'un gisement de 300 millions de barils au large des côtes guyanaises par un consortium de pétroliers annonçait des heures heureuses pour le département français. Et il ne s'agissait pas de petites juniors, mais de Tullow Oil, Shell et de Total.

Depuis lors, l'équipe enchaîne les déceptions. Début juillet, Tullow a annoncé l'échec de son quatrième forage sur le site de Cebus, après deux précédents échecs. Shell a rappelé qu'elle n'avait pas l'intention de commencer une exploitation commerciale de 300 millions de barils -- un volume jugé trop faible --, et que seule la découverte de nouveaux gisements pourrait lancer une vraie campagne d'exploitation. Les prochains forages se rapprocheront de la zone explorée initialement avec succès, ce qui pourrait laisser plus de chance au consortium de sabrer le champagne.

En attendant, la France reste un nain pétrolier. Pourtant, cette zone est un eldorado pour de nombreuses autres compagnies.

Chevron au Surinam

Total et Shell ne sont pas les seuls à croire au potentiel de cette région. Chevron a pris l'année dernière 50% dans le projet de forage du pétrolier texan Kosmos, qui avait entrepris de découvrir du pétrole au large de Paramaribo.

Kosmos n'est pas un nouveau venu sur le marché. La société de Dallas a à son actif la découverte du pétrole de Ghana, le champ de Jubilee, un des gisements les plus grands découverts en Afrique ces dernières années. Se basant sur la similitude des géologies de la côte sud-américaine avec celle du Ghana et du Liberia, nombre de compagnies estiment que le miracle du Ghana peut se reproduire.

Ainsi Chevron s'est également positionné au Liberia, en offshore, profitant de son expérience en Angola, au Nigeria et au Brésil. ExxonMobil est également sur les rangs.

On se rend compte que ces compagnies ne sont pas effrayées par le risque. Comme le rappelle l'analyste Raymond James, "le Surinam est le parfait exemple des pays frontières pour l'exploration", mêlant incertitude et pari géologique.

Pourtant la confiance des majors sur le potentiel de ces zones n'est peut-être pas le simple fait des données géologiques. La hausse ininterrompue des prix du pétrole explique aussi cette prise de risque.

La Chine ralentit, mais sa soif de pétrole progresse

C'est le paradoxe de l'année 2013, la consommation de pétrole a continué de progresser alors que tout le monde décrit la lente décélération de l'économie chinoise.

Comme l'explique le Financial Times, "le supercycle des matières premières a peut-être atteint un plafond, mais la Chine est un consommateur si important que même une croissance plus lente exige une forte augmentation des approvisionnements". C'est ce qui explique le maintien, quoiqu'en disent les analystes, du prix des matières premières à des niveaux relativement élevés historiquement.

A l'avenir, les prévisions sont d'ailleurs particulièrement optimistes. La banque Goldman Sachs s'attend à un maintien du prix du pétrole autour de 100-105 dollars pour les 12 prochains mois. Cette prévision est d'autant plus optimiste que la banque a bien pris en compte l'afflux de pétrole de schiste en provenance des Etats-Unis.

A plus long terme, l'Agence américaine de l'énergie Energy Information Administration estime même que la consommation de pétrole va augmenter de 56% d'ici 2040. La Chine et l'Inde seront responsables pour moitié de cette hausse.

On le voit, la demande est assurée. Pour autant, les majors ne sont pas sûres de renouer avec les heures fastes des périodes du "pétrole cher".

Des majors de plus en plus contraintes par les coûts

Si les prix du pétrole sont partis à la hausse, les coûts d'exploitation des majors sont sur la même trajectoire. Désormais, les majors auraient besoin d'un baril à 120 dollars pour équilibrer leur budget, selon Michele Della Vigna, directeur pour l'Europe de la recherche en énergie chez Goldman Sachs cité par Les Echos.

L'exemple du Surinam et de la Guyane illustre bien cette nouvelle donne. Si le budget d'exploration est resté secret, Shell a tout de même expliqué que la location d'une plate-forme pétrolière lui revenait à un million de dollars par jour. Et de plus en plus, les majors vont aller prospecter les fonds de l'océan pour remplacer leurs réserves de pétrole.

Les pétroliers n'ont plus le choix : avec une hausse de la demande et un épuisement des gisements onshore, ils doivent investir. Le PDG du spécialiste des équipements pétroliers et gaziers Technip, Thierry Pilenko, cité par Capital, explique que "la plupart de nos clients parlent d'une croissance (de leurs investissements) pour l'année prochaine. Bien qu'il soit trop tôt pour la quantifier, on parle de 5% à 15% selon les opérateurs".

[Pétrole, or, cuivre, céréales... Les matières premières ont une influence déterminante sur l'économie mondiale -- et inversement. Pour mieux comprendre ces mécanismes et ce qu'ils signifient pour vous, rendez-vous tous les jours dans L'Edito Matières Premières]

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