L’Etat revient sournoisement à l’économie dirigée, mais avec une politique de gribouille<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Etat entend garder le contrôle sur les crédits qui seront mis à la disposition des entreprises.
L'Etat entend garder le contrôle sur les crédits qui seront mis à la disposition des entreprises.
©Flickr

Editorial

Les quelques changements annoncés montrent que le pouvoir n’a toujours pas compris l’évolution du monde et cherche à revenir à cette économie dirigée qui a fait jadis ses délices.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Pas de trêve dans la lutte contre le chômage. C’est le leitmotiv permanent du gouvernement, réaffirmé chaque fois que les chiffres du chômage subissent une nouvelle envolée. Le ministre du Travail Michel Sapin admet toutefois que l’on n’en est pas encore au retournement de la courbe promis par François Hollande : pour l’instant, il faut se contenter d’un ralentissement dans la hausse ! Bel euphémisme qui ne tient pas compte de tous ceux qui renoncent à continuer à s’inscrire sur la liste parce qu’ils ne croient plus à la possibilité de retrouver un emploi et se contentent d’aller de petit boulot en travail précaire.

Pourtant, la conjoncture internationale apporte quelques signes positifs. La sortie de la récession est annoncée. Une véritable embellie est perceptible aux Etats-Unis et au Japon qui pourraient entraîner l’Europe. Des progrès significatifs sont déjà enregistrés dans les pays qui s’étaient infligés la plus forte cure d’austérité, comme l’Espagne ou l’Italie. Mais en France, les indicateurs révèlent toujours un encéphalogramme plat. Les entreprises constatent seulement que le deuxième trimestre a été moins mauvais que le premier, qui était exécrable.

Mais sur l’année, la tendance reste proche du zéro. Si les patrons sentaient arriver la brise de la reprise, ils se lanceraient dans l’investissement, mais ce n’est pas le cas. Car la hausse des salaires qui s’est globalement poursuivie, là où d’autres pays s’étaient engagés dans une véritable réduction, s’est portée sur une augmentation de l’épargne de précaution, tandis qu’elle ne permettait pas aux entreprises de dégager des marges de productivité.

En revanche, l’idée que le monde commence à respirer a un effet pervers sur la France, car elle relance dans les sphères dirigeantes le sentiment  qu’il suffit d’attendre les effets bénéfiques de la  reprise venue d’ailleurs. Alors on se contente de mesurettes pour donner l’impression qu’on répond aux vœux de Bruxelles, mais on ne porte pas le fer sur les réformes de structure indispensables. Et les quelques changements annoncés montrent que le pouvoir n’a toujours pas compris l’évolution du monde et qu’il cherche à revenir à cette économie dirigée qui a fait jadis ses délices. Ainsi, il entend garder le contrôle sur les crédits qui seront mis à la disposition des entreprises, il veut détourner l’épargne privée du livret A ou de l’assurance-vie vers des investissements où il  exercera sa tutelle, ce qui explique les réticences des entreprises à recourir aux dispositifs annoncés, faute d’avoir la liberté nécessaire.

Au demeurant, c’est le manque de continuité de l’action gouvernementale, ses incohérences et ses volte-face, reflets des querelles intestines et des luttes d’influence au sein de la majorité qui aboutissent à des non sens économiques. Trois exemples : on verrouille le système des auto-entrepreneurs qui connaît un véritable succès en plafonnant le chiffre d’affaires autorisé, ce qui va tarir une source essentielle de création d’entreprises et d’emplois. On supprime les indemnités versées aux employeurs qui favorisait le développement de l’apprentissage, qui entraîne une chute de 23 % dans ce secteur depuis le  début de l’année. On élimine l’avantage fiscal dans le cadre des emplois à domicile en créant de nouvelles poches de chômage et en favorisant le travail  au noir.

Au total, cette politique de gribouille continue d’entretenir la défiance à l’égard d’un pouvoir incapable de fixer un cap et de s’y tenir, alors que la perspective des élections  municipales de printemps va continuer de paralyser la moindre velléité de réforme.

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