Et la Cour des comptes publia son rapport le plus cinglant sur l'ampleur de l'échec économique et démocratique de l'Etat français<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Et la Cour des comptes publia son rapport le plus cinglant sur l'ampleur de l'échec économique et démocratique de l'Etat français
©

Pieuvre-mammouth

Dans un rapport publié jeudi 10 juillet, la Cour des comptes dresse un bilan catastrophique des "dysfonctionnements" des services déconcentrés de l’État. Elle préconise une refondation totale de ces administrations dont les lourdeurs révèlent un échec plus lourd qui n'est autre que celui de l’État français.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

Voir la bio »

Le rapport publié par la Cour des comptes ce jeudi 11 juillet confirme ce que chaque citoyen et contribuable pressentait : l’Etat est un vaste bazar labyrinthique dépourvu de toute organisation rationnelle, privé de toute efficacité, accaparé par une lourdeur administrative telle qu’il ne parvient plus à assurer ses missions. Pire, il nuit à l’activité des autres acteurs de la société française. Comment pouvait-il en être autrement dans un pays où la puissance publique veut s’occuper de tout et ne fait confiance à personne ?

Ce que révèle la Cour des comptes, c’est qu’en France, avec notre Etat tentaculaire, la liberté est devenue une exception.

Le premier enseignement de ce rapport est que les réformes de l’Etat qui ont été menées jusqu’à maintenant n’en étaient pas. Timides, bredouillantes, elles se sont contentées d’apporter des petites retouches artistiques là où un grand débroussaillage était nécessaire. Le texte publié par la rue Cambon est édifiant. Dans le langage très policé qui est le sien, l’institution constate que l’Etat est particulièrement mal géré. Les compétences se chevauchent et empiètent sur celles des autres acteurs locaux, les responsabilités sont brouillées, les politiques incertaines, les redondances sont abondantes. Tout cela, aux frais des contribuables.

La deuxième leçon, c’est que l’Etat est tentaculaire. Il s’occupe de tout et n’a d’autre raison d’être que d’étendre son emprise sur la société. Qu’on en juge : les préfets de départements ont reçu en 2012 près de 80 000 pages de circulaires, pour qu’ils veillent sur ce que font les citoyens jusque dans les moindres détails ! Dans sa grande folie réglementaire, le gouvernement a même pondu une circulaire de 27 pages (!) sur les poulaillers ! Concrètement, cela veut dire que nous finançons collectivement des fonctionnaires chargés de les écrire, de les lire et enfin de les faire appliquer, c’est à dire de contrôler, de questionner, de vérifier. Malheureusement, le Gouvernement de François Hollande accélère dans cette frénésie de contrôle économique et social. Madame Pinel, ministre de l’artisanat et du tourisme, vient par exemple de proposer de réglementer les "drive", avec pour seule justification le fait qu’ils se développent sans être régulés par l’Etat. Quelle audace scandaleuse !

Le dernier fait marquant, à la lecture de ce document de la Cour des comptes, c’est que l’Etat n’a pas confiance en la liberté. Depuis 1982, la France vit sous le régime de la décentralisation. Dans un monde moderne, cela aurait dû encourager l’autonomie. Aux Etats-Unis, les Pères Fondateurs avaient précisément divisé le pouvoir en niveaux locaux dans le but d’encourager la liberté (il y a plus de 200 ans !). En France, la même idée a conduit à la démultiplication des administrations (et des impôts !) ! L’Etat central, si méfiant, n’a lâché du pouvoir qu’en maintenant ses propres services et en organisant un contrôle permanent.

Le rapport de la Cour des comptes n’est qu’un énième témoignage de l’échec économique et démocratique qu’est devenu l’Etat Français. Pléthorique, méfiant, suspicieux, il contrôle tout et avec une efficacité réduite. Rien ne doit se faire sans son autorisation, sans son aval, en dehors de son regard examinateur et réprobateur.

Dans une démocratie, la liberté devrait être la règle. En France, elle est devenue l’exception.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !