1 tiers des Français ayant de l’acné ne la soignent pas... et ils ont vraiment tort (et pas seulement parce que c’est moche)<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon un sondage publié vendredi 5 juillet par le Figaro, un acnéique sur trois ne consulte pas de médecin car il estime les traitements proposés peu efficaces.
Selon un sondage publié vendredi 5 juillet par le Figaro, un acnéique sur trois ne consulte pas de médecin car il estime les traitements proposés peu efficaces.
©Flickr

Calculette

Un tiers des Français atteint d'acné renoncent à se traiter. Pourtant, même si cette pathologie est rarement grave, elle peut malmener la peau de manière définitive ou cacher d'autres problèmes de santé plus importants.

Michel Bernard

Michel Bernard

Michel Bernard est dermatologue spécialiste en dermatologie esthétique. Il exerce à Bruxelles en cabinet.

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Atlantico : Selon un sondage publié vendredi 5 juillet par le Figaro, un acnéique sur trois ne consulte pas de médecin car il estime les traitements proposés peu efficaces. Qu'en est-il réellement de l'efficacité des traitements existants ? 

Michel Bernard : Les résultats de ce sondage ne m'étonnent pas. Il y a effectivement aujourd'hui des traitements qui sont décevants du point de vue de leur efficacité. La plupart des dermatologues prescrivent des traitements qui ne sont efficaces que pendant la période d'utilisation, et dont les effets disparaissent une fois qu'on les arrête, trop souvent sans prévenir leurs patients du caractère temporaire de l'amélioration et sans leur donner simultanément un traitement d'entretien pour éviter les poussées ultérieures. En gros : quand on a affaire a un adolescent on donne des traitements (pommades, lotions, tétracyclines) qui vont l'aider en n'oubliant pas de lui prescrire des soins d'entretien pour limiter le nombre de récidives et on attend que la nature apporte une guérison avec le temps ( vers 18 - 20 ans ) mais un nombre non négligeable de patients ne guérissent pas spontanément a cet age, ou pas complétement. Il leur reste alors une acné résiduelle plus ou moins importante pour lesquels les traitements que l'on donne aux adolescents ne sont plus une solution adaptée (sauf si le patient veut utiliser ces soins a vie.) Après 20-22 ans il faut donc passer a un traitement tout a fait différent qui est le seul a procurer une vraie guérison définitive : une cure de roaccutane.

Certains dermatologues n'osent pas prescrire de Roaccutane, en raison de sa mauvaise réputation (largement exagérée) – puisqu'on connaît son caractère tératogène et son possible impact sur le fœtus en cas de grossesse – , mais il est aujourd'hui la seule manière thérapeutique de guérir un acnéique adulte. La cure doit bien évidemment être contrôlée, et bien menée sous "double" contraception mais on ne doit pas y renoncer. Le fait que le médicament soit tératogene ne doit pas faire penser qu il est toxique ! C'est un effet bien connu de la vitamine A à haute dose et de ses dérivés (comme le Roaccutane) 

Le fait de ne pas traiter l'acné peut-il comporter des risques ? L'acné est-elle toujours une pathologie bénigne ? 

L'acné a, avant tout, un impact non négligeable sur la santé psychologique, et c'est déjà une raison suffisante pour envisager un traitement adapté. Dans certains types d'acné, les lésions sont tellement profondes et enflammées qu'elles détruisent les couches profondes de la peau – le derme – à cause de l' inflammation. Certains patients ont ainsi la peau qui se couvre de petits trous de plus en plus nombreux. Ceci constitue une indication pour du Roaccutane même chez les adolescents.

Mais l'acné peut aussi, dans certains cas, être révélateur de pathologies rhumatologiques – le syndrome de Sapho notamment –  même si ces cas sont très peu fréquents. Dans certaines maladies, l'acné peut aussi être la conséquence de troubles hormonaux – ovaires micropolykystiques, infertilité – même si ces maladies restent également rares. C'est pourquoi on effectue toujours un dosage des hormones sexuelles et une échographie ovarienne chez les femmes adultes avant de les mettre sous traitement acnéique.

Quel traitement pour quel type d'acné ? Comment évaluer le potentiel risques / bénéfices d'un éventuel traitement pour l'acné ? 

Il y a trois étapes : pour les petites acnés – quelques boutons – des adolescents de 12/13 ans, on peut envisager de l'auto-médication, en prenant par exemple conseil auprès de son pharmacien pour des crèmes séborégulatrices ou des lotions. La deuxième étape, en cas d'acné plus importante, peut se traiter par des pommades antibiotiques ou des comprimés de tétracycline. Et en cas d'acné tardive de l'adulte – quand on sait que le patient ne guérira pas sans réel traitement – ou bien encore en cas d'acné cicatricielle, et cela même chez les adolescents, on peut envisager une prescription de  Roaccutane, bien évidemment sous contrôle et avec une contraception efficace en ayant une bonne connaissance de ce type de cure.

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