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L'ASRM ( Association américaine de la reproduction) a publié il y a quelques mois un rapport selon lequel la fertilité féminine déclinerait à 27 ans.
L'ASRM ( Association américaine de la reproduction) a publié il y a quelques mois un rapport selon lequel la fertilité féminine déclinerait à 27 ans.
©Reuters

Temps des cigognes

Selon un rapport récent de l'Association américaine de la reproduction, la fertilité chez la femme déclinerait à 27 ans. Petit tour d'horizon de ce qu'on sait réellement de la fertilité féminine...et de tout ce qui reste encore à découvrir.

Yvette   Guthmann

Yvette Guthmann

Yvette Guthmann est gynécologue, médecin spécialiste en gynécologie médicale et obstétrique. 

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Atlantico : L'ASRM ( Association américaine de la reproduction) a publié il y a quelques mois un rapport selon lequel la fertilité féminine déclinerait à 27 ans. Que pensez-vous de ces conclusions ?

Yvette Guthmann : Ces conclusions rejoignent ce que je constate à travers ma pratique de gynécologue en ville .

La fertilité commence à décliner assez tôt. L'âge de 27 ans me semble un peu jeune même si c'est l'âge auquel je conseille à mes patientes d'envisager une grossesse.

Dans leur esprit, elles se considèrent être encore trop jeunes pour être mères.

La  première grossesse intervient de plus en plus tard : soit qu'elles n'ont pas encore rencontré le compagnon idéal ; soit que celui ci ne se sent pas encore prêt à assumer une famille. Souvent ces jeunes couples ne se sentent pas encore concernés parce pas encore autonomes financièrement. Il y a un décalage entre le désir d'enfant des femmes et celui des hommes. 

Enfin, c'est particulièrement vrai pour les femmes "cadres" qui  n'envisagent une grossesse qu'après avoir terminé leurs études, souvent longues. Elles ont souvent besoin de lancer une carrière, ce qui recule autant les grossesses. 

Sur un plan médical, à 27 ans on rencontre assez rarement des difficultés à procréer sauf en cas d infections antérieures à chlamydiae entraînant des lésions des trompes ( infections liées souvent aux multiples partenaires sexuels) ou en cas d'endométriose.


Comment mesure-t-on l'évolution de la fertilité ?

Pour mesurer l'évolution de la fertilité, on se fie a l'intervalle de temps entre l'arrêt de la contraception et la survenue d'une grossesse. Je constate, depuis une décennie, une baisse de la fertilité masculine. Les spermogrammes sont souvent altérés : on note une baisse de la mobilité des spermatozoïdes et une baisse de la qualité spermatique : anomalie des formes, plus grande asthénospermie. Ceci nous contraint à faire des inséminations intra utérines de sperme lavé et trié.

Ces conclusions concernant la fertilité sont-elles étayées par des études fiables ?  

Ces conclusions sont étayées par des analyses biologiques portant sur le spermogramme et le spermocytogramme (qui analyse la forme, la mobilité et la vitesse de progression des spermatozoïdes ). Par ailleurs, les dosages hormonaux montrent une baisse des réserves ovariennes avec un nombre diminué de follicules. Ceci est largement lié au stress de le la vie professionnelle de ces jeunes femmes cadre d'entreprise et au vieillissement lié à l'âge des ovocytes. A partir de 37 ans, ces femmes ont moins de chance d'être fertiles sans aide médicale.

Comment a-t-elle évolué ces dernières décennies ? Y a-t-il une réelle baisse de la fertilité aujourd'hui ?

Depuis les débuts de mon installation, je remarque que les problèmes de fertilité ont pris beaucoup d'importance dans les motifs de consultation.
Je fais de plus en plus d aide médicale à la procréation. Les stimulations de l'ovulation et les inséminations intra utérines sont de plus en plus fréquentes.

Si oui, comment peut-on l'expliquer ? Quels sont les différents facteurs qui entrent en compte ?

Les femmes envisagent une grossesse très tard et se calent sur des modèles d'actrices ou de femmes politiques très médiatisées qui ont eu des enfants tard, après 35 ou 40 ans. Elles ont également en tête les progrès de procréation médicale assistée et pensent qu'elles pourront, à coup sûr, bénéficier de ces techniques modernes qui aident au demeurant beaucoup de couples infertiles. Or, la réserve ovocytaire diminue avec l âge..
Les hommes ont de moins bons spermogrammes. Les modes d'alimentation a beaucoup changé avec la présence de pesticides et de modulateurs endocriniens dans certains produits au contact des aliments. Tout ceci a indéniablement une responsabilité. Mais il ne faut pas sous-estimer le rôle du tabac : les jeunes femmes fument et ne se rendent pas compte que cela nuit à leur fertilité.

Avec les avancées de la médecine, peut-on prévoir un jour de pouvoir faire des enfants durant toute sa vie ?

Avec l'évolution des techniques de procréation médicalement assistée, on peut faire des fécondations in vitro et transferts d'embryons très tard, mais les grossesses sont à plus haut risque d hypertension, de diabète, voire d'accidents vasculaires cérébraux. Il n'est pas raisonnable d'avoir des grossesses trop tard.

Je ne peux pas imaginer voir se généraliser des pratiques comme celle, en Italie, d'une maternité à 60 ans.... Les risques pour la mère et pour l'enfant sont trop importants : ces patientes ne sont pas assurées de mener leur grossesse a terme avec un enfant vivant, non prématuré et en bonne santé. Et ceci sans parler des questions éthiques....

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