Pourquoi les fruits sont hors de prix cet été<!-- --> | Atlantico.fr
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Les productions de fruits ont pris un retard de deux à trois semaines en raison des intempéries.
Les productions de fruits ont pris un retard de deux à trois semaines en raison des intempéries.
©Reuters

Le temps des cerises

Alors que l'été vient de commencer, les productions de fruits ont pris un retard de deux à trois semaines en raison des intempéries. Un délai qui entraînera des prix élevés... mais qui n'est pas le seul responsable.

Charles Pernin

Charles Pernin

Charles Pernin est chargé de mission alimentation et santé pour l'association Consommation logement cadre de vie (CLCV).

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Atlantico : Les productions de fruits et légumes accusent un retard de deux à trois semaines en raison des intempéries et les produits de saison se font rares sur les étals, et sont de plus très onéreux. Le mauvais temps des derniers mois est-il le seul responsable de ces tarifs élevés ? Dans quelle mesure ? 

Charles Pernin : Il est évident que les conditions climatiques étaient défavorables pour un certain nombre de productions de fruits, en particulier pour les abricots. Cela joue bien évidemment sur les volumes, et donc sur le prix pour le consommateur final. Il y a tout de même certaines filières qui devraient compenser leurs pertes par des importations notamment d'Europe du Sud – pêches et nectarines notamment. La difficulté est d'évaluer si les prix actuels sont parfaitement justifiés : des travaux ont été menés par l'Observatoire des prix et des marges ; il semble qu'il n'y aurait quasiment pas de marge nette de la part de la grande distribution (environ 0,1% pour le secteur des fruits et légumes). Pour les fruits, il faut noter que les prix varient beaucoup au cours de la saison. On observe classiquement chaque année que les prix diminuent au fur et à mesure que l'été avance. On devrait avoir dans les semaines qui viennent des prix revus à la baisse. 

La demande française est aussi dépendante de la météo : quand il ne fait pas beau, les consommateurs sont moins attirés par les produits de saison, ce qui peut aussi jouer sur les prix et entrainer une baisse des prix. 

La hausse des prix des fruits est-elle vraiment nouvelle ou est-ce une tendance longue ? Depuis quand l'observe-t-on ?

Globalement, il y a une augmentation du prix des fruits et des légumes frais. Le prix des fruits n'a pas augmenté de façon significative ces dernières années, contrairement aux légumes. Evidemment, il faut prendre en compte l'inflation pour évaluer de manière juste l'augmentation ou non des prix : les fruits frais ont augmenté ces dernières 40 années de la même façon que les autres denrées alimentaires, contrairement aux légumes  qui ont augmenté beaucoup plus rapidement, probablement en raison du manque de gain de productivité dans ce secteur qui aurait permis d'améliorer le rendement. Sur la dernière année, on observe une très forte augmentation du prix des fruits, principalement en raison de la météo. L' l'Insee, dans son rapport, parle d'ailleurs d'une "envolée des prix" des fruits.

A qui profite-t-elle ? 

Il n'y a aucun élément pour dire qu'il y a un acteur de la filière qui profiterait aujourd'hui de la situation. Après, il est évident que les producteurs bénéficient de prix plus hauts mais leur production est plus faible en volume. Il faut voir que d'ici quelques semaines, le marché devrait se réguler avec la hausse des volumes :  par conséquent les prix devraient être réorientés à la baisse. 

Comment y remédier ? Peut-on envisager un encadrement des prix ? 

Il y a déjà un dispositif qui existe : selon un décret, en cas de surproduction, l'aval de la filière est censé modéré ses marges pour faciliter l'écoulement de la production et donc baisser les prix. C'est une forme de système d'encadrement des prix. Maintenant, en cas de hausse des prix, il n'y a pas de dispositif prévu pour le moment, et aucun n'est à l'étude. Les fruits font partie des productions soumises aux aléas climatiques : pour cette raison, il est difficile d'intervenir sur ce marché-là sans le mettre en péril.

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