Non, la France ne devient pas "fasciste"<!-- --> | Atlantico.fr
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La droite extrême en France est plurielle.
La droite extrême en France est plurielle.
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Extrême(s) droite(s)

Résumer l'extrême droite au seul Front national et le taxer de "fasciste" revient à nier la diversité de cette mouvance : ce n'est pas d'une extrême-droite dont il convient de parler mais d'extrêmes-droites au pluriel.

Tous les indicateurs montreraient une droitisation de la vie politique. C’est ce qu’affirment de façon convaincante certains politologues, Gaël Brustier (Voyage au bout de la droite, Mille et Une Nuits) ou Jean-Louis Bourlanges par exemple.

Droitisation de la vie politique et droitisation des sociétés liées à la fois au développement des conceptions néolibérales, sur le plan économique, et identitaires, sur le plan politique. De cette curieuse conjonction, il semblerait que le président Sarkozy soit une sorte d’exemplarité, mêlant bling-bling et radicalisation identitaire, du débat sur l’identité nationale au rôle de l’actuel ministre de l’intérieur.

Évidemment, dans un tel contexte, les sondages en faveur de Marine Le Pen ainsi que les résultats du FN, tant aux régionales qu’aux cantonales, ne peuvent qu’accréditer la thèse d’un repli sur soi de la société française. On aura aussi remarqué, en mars et avril, que parmi les ouvrages caracolant en tête des ventes se trouvaient la réédition du Camp des Saints de Raspail, roman interrogeant une vision menacée de l’occident par l’immigration, et l’essai pourtant intellectuellement catastrophique d'Alain Soral, Comprendre l’Empire.

La France fasciste ? Bien-sûr que non...

Est-ce vraiment le cas ? La France devient-elle ou redevient-elle « fasciste », pour oser employer le vocable que bien des analystes murmurent. Bien sûr que non. Le concept même de « fascisme » appliqué à la droite française est un truisme militant, destiné à éviter de réfléchir sur la situation réelle de l’extrême droite française, voire même sur la situation sociale du pays.

Une droite extrême du reste plurielle. Quoi de commun en effet entre des groupuscules identitaires (Bloc Identitaire, Alsace d’Abord, Ligue du Midi, Terre & Peuple), des revues confidentielles (Synthèse Nationale, Réfléchir & Agir), des dissidents de l’ancien frontisme, celui d’avant Marine Le Pen ou celui des exclus d’hier (amis de Golnisch demeurés au FN, Parti de la France, Nouvelle Droite Populaire, MNR), des groupements nationalistes (Œuvre Française, Renouveau Français), la dizaine de nationaux socialistes affirmés dont l’existence se résume à un ou deux blogs, des maisons d’édition comme Dualpha ou Avatar, les anticapitalites de l’Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne et de leur revue Rébellion, le dernier carré de la Nouvelle Droite et le magazine Eléments, les nationalistes révolutionnaires (voxnr, bulletin Résistances), les antisionistes antisémites inavoués d’Egalite & Réconciliation, ou les individualités nationales-bolcheviques ?

Pas une mais des extrême-droites

On le voit, il paraît bien étonnant de parler d’une fascisation de la société ou même d’une montée de l’extrême-droite en France quand ladite extrême-droite est à ce point diverse. Il n’est pas une mais des extrême-droites, dont les courants sont souvent historiquement et politiquement incompatibles. Il y a tant de familles de ce côté du politique que la notion même de famille paraît bien illusoire. D’autant que nombre des mouvements cités refusent l’étiquette d’extrême-droite, de façon parfois légitime, cette étiquette étant appliquée par les ennemis de ces courants aux fins inefficaces de diabolisation.

Ce que les analystes nomment extrême-droite est ainsi une diversité peu homogène, les groupes ou partis étant alors regroupés sur la base de critères comme celui, par exemple, du refus de la démocratie, du racisme, du nationalisme ou du goût pour les breloques nazies. Le problème étant qu’aucun de ces mouvements ne répond à l’ensemble des critères en usage.

(à suivre, demain : « Le Front national est devenu le premier parti de gauche »)

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