Peut-on se fier à cette chercheuse britannique qui prédit que l’évolution de l’espèce humaine viendra à bout de la ménopause ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La généticienne Aarathi Prasad expose que la ménopause chez les femmes serait en cours de disparition.
La généticienne Aarathi Prasad expose que la ménopause chez les femmes serait en cours de disparition.
©Reuters

Disparition

La ménopause est un phénomène naturel, un passage obligé chez la femme depuis des millénaires. Une généticienne réfléchit sur la disparition de cet épisode de la vie dans les prochaines années.

Patrice  Lopes

Patrice Lopes

Patrice Lopes est professeur au Service de Gynécologie-Obstétrique et médecine de la Reproduction à Hôpital Mère Enfant- CHU de Nantes. Il est également président du Groupe d'étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (gemvi).

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Atlantico : La généticienne Aarathi Prasad dans son dernier livre, expose que la ménopause chez les femmes serait en cours de disparition (voir ici). Elle s'appuie notamment sur le fait que la ménopause est un reliquat de l'évolution qui évitait une concurrence trop grande entre générations pour l'accès aux ressources. Cette concurrence n'étant aujourd'hui plus d'actualité, la ménopause tendrait à disparaître.  Dans quelle mesure pouvons croire en cette théorie ? 

Patrice Lopez : Dans le monde animal la ménopause n’existe pratiquement pas, sauf quelques exceptions. Aujourd'hui il est prouvé que la ménopause a une prédisposition génétique. Pour qu’une telle théorie soit vraie, il faudrait concevoir qu’une modification de l’environnement entraîne une mutation des gènes, qui effacerait la ménopause : cela parait peu vraisemblable.

On sait que chaque individus féminine naît avec un stock ovocytes, tous les mois une femme qui est en âge de procréation va utiliser une centaine des ovocytes pour en faire venir un seul à maturation, parfois deux et exceptionnellement trois, ce qui va donner des jumeaux ou des triplés.  En règle général entre 97 et 99 vont mourir au cours de ce mois d’évolution (apoptose), celui qui va être sélectionné va créer un ovule, qui éventuellement donnera un bébé si il y a fécondation. Une femme va utiliser environ 200 ovocytes durant ses trente d’années de vie de procréation.

Observe-t-on des évolutions de la ménopause ces dernières années : âge des premiers symptômes, manifestations différentes de ces symptômes ? A quoi peut-on imputer ces éventuels changements ?

Selon une étude parue il y a 6 mois, sur l’âge de la ménopause, on retrouve une médiane des femmes ménopausée à 50 ans. Il y a 15 ans, la ménopause était plus précoce d'une demie année, mais on ne peut pas parler d’une diminution de l’âge de la ménopause significative.

Le Gemvi (Groupe multidisciplinaire de réflexion sur la ménopause et le vieillissement hormonal) a réalisé une enquête sur 1000 femmes, âgées de 45 à 65 ans, et globalement on retrouve les mêmes symptômes de la ménopause chez toutes les interrogées : bouffées de chaleur (65%), sueurs nocturnes (56%) et prise de poids (58%). Nous n'avons pas observé de tendance qui montrerait d'éventuels modifications des symptômes.

Quelles seraient les conséquences de la disparition de cette période de la vie d'une femme ? La ménopause peut-elle être également considérée comme un passage symbolique dans la vie d'une femme ? 

La ménopause pourrait disparaître grâce à une intervention médicale qui utiliserait des cellules souches pour se différencier par la suite en cellules ovariennes par exemple. Des travaux sont en cours sur des souris, qui montrent qu’avec des cellules souches on peut gommer la ménopause, ou l’insuffisance ovarienne.

L’idée étant que cela évite de vivre 30% de sa vie sans œstrogène. Cela présente des bénéfices : disparition des bouffés de chaleur, diminution de l’ostéoporose et des fractures, dimunition de l’altération des fonctions cognitives ( Alzheimer), mais une telle pratique peut également augmenter les risques de cancer du sein, de l’endomètre…

La ménopause est un symbole très important, c’est la période de la vie à partir de laquelle une femme n’est plus apte à procréer, ce qui est dans un sens le but de la vie sur Terre. De plus, la ménopause arrive dans une environnement plus global qu'il faut appréhender : les enfants qui quittent le cocon familiale, retour à une vie matrimoniale simple, les habitudes du couple sont remises en question. La sexualité peut être altérée notamment à cause du manque d’œstrogène : sécheresse vaginale, altération du désir…

Aujourd'hui il est intéressant de se pencher sur les risques et les bénéfices du traitement hormonal pour combler le manque d’œstrogène.  Pour que la balance penchent du côté des bénéfices : il faut la ménopause tôt (50/55 ans), donner des hormones par voie cutanée et des hormones naturelles. 

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