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Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture qui n’aimait pas la musique
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Editorial

La coupure d'accès à Internet, dernière des sanctions graduées prévues actuellement en cas de téléchargement illégal par la loi Hadopi, devrait être supprimée par décret "extrêmement rapidement", selon la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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A chaque fois que l’occasion lui est donnée de porter un coup à la chanson française, Aurélie Filippetti ne la rate pas. Déjà, pendant la dernière campagne présidentielle, la jeune députée qui travaillait au projet du candidat socialiste l’avait convaincu de liquider la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet (Hadopi), une réalisation du gouvernement Sarkozy qui avait les faveurs des artistes. Hadopi et ses sanctions prévues pour les fraudeurs pris la main dans le téléchargement illégal étaient considérées comme ringardes par Aurélie Filippetti, et inadaptées à notre époque de l’Internet roi. La régulation n’a pourtant jamais entravé la liberté, bien au contraire. Dans le cas présent, elle préserve celle de créer. La ministre de la Culture vient cependant d’annoncer que Hadopi disparaîtra par décret avant la fin juillet, période à laquelle le Parlement suspendra son activité. Certaines prérogatives seront transférées vers le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel - lesquelles ?-, sachant que le CSA est déjà en surchauffe du fait du développement de nouvelles chaines de télé et de programmes de plus en plus border line qu’il lui faut surveiller. Sans compter certains vieux dossiers comme la radio numérique que le CSA semble avoir enterré faute de temps et de moyens.

Aurélie Filippetti a, par ailleurs, prié la direction de France Télévisions de faire des économies et donc de supprimer certaines émissions, en veillant toutefois « à ce que la place de la musique soit préservée dans le service public ». Or, quels sont les principaux programmes dont on a décidé la disparition dés la rentrée 2013/2014 ? Chabada, consacrée à la chanson française d’hier et d’aujourd’hui, Taratata qui vient de fêter ses vingt ans et CD’Aujourd’hui, un programme court qui valorisait souvent les œuvres de jeunes chanteurs en mal de visibilité. Une centaines d’artistes de renom ont signé une pétition demandant le maintien de Chabada, 100 000 fans de Taratata en ont signé une autre en faveur de ce rendez-vous nocturne, en vain. La direction de FT s’est contentée d’annoncer qu’il existera l’an prochain un nouveau magazine musical « trois fois par mois »…

Cette attitude du pouvoir actuel perçue comme hostile à la création par des milliers d’auteurs, compositeurs et interprètes en France préfigure peut-être un renversement politique d’une dimension historique. Car dans le passé, les artistes majeurs ont souvent exprimé leur soutien à la gauche dans notre pays. Lors de sa campagne de 2012, François Hollande avait déjà essuyé plusieurs refus de stars sollicitées pour chanter lors de ses meetings. En 2017, les mêmes pourraient bien accepter d’agrémenter les manifestations de ses principaux rivaux.

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