Pourquoi la France a plus à perdre qu'à gagner à déclarer la guerre à Amazon<!-- --> | Atlantico.fr
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L’économie numérique représente 4% du PIB, soit près de 80 milliards d’euros.
L’économie numérique représente 4% du PIB, soit près de 80 milliards d’euros.
©Reuters

Mauvaise stratégie

Après avoir contraint Google à mettre en place un fonds de 60 millions d'euros afin de "faciliter la transition de la presse vers le monde numérique", Aurélie Filippetti annonce vouloir lutter contre le "dumping" exercé par Amazon en interdisant le cumul des frais de port gratuits et la réduction de 5 % sur les livres.

Séverin Naudet

Séverin Naudet

Séverin Naudet, ancien producteur puis vice-président de Dailymotion, a été 5 ans conseiller Internet de François Fillon à Matignon et initiateur de l’open data français. Il est Président de Socialyse. Son blog : www.severinnaudet.com

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Atlantico : Après avoir contraint Google, à l'issue d'un bras de fer de plusieurs mois, à mettre en place un fonds de 60 millions d'euros afin de "faciliter la transition de la presse vers le monde numérique", le gouvernement vient, par la voix d'Aurélie Filippetti, d'annoncer vouloir lutter contre le "dumping" exercé par Amazon en interdisant le cumul des frais de port gratuits et la réduction de 5% sur les livres. Quels avantages le gouvernement compte-t-il tirer de cette guerre qu'il a lancé contre certains acteurs (et pas des moindres) de l'économie numérique ?  

Séverin Naudet : L’illusion d’un petit avantage politique à court terme probablement… En réalité une succession de victoires à la Pyrrhus.

Accuser Amazon de "dumping", c’est-à-dire de faire de la concurrence déloyale, quand par ailleurs on distribue 9 millions, plus 2 millions par an, de subventions c’est assez cocasse  Protectionnisme et subventions publiques, tout un programme, toute une époque…

On ne règle rien. On ne favorise pas l’innovation et l’émergence de nouveaux modèles économiques. Les éditeurs sont de plus en plus exclus de la chaîne de valeur par les géants de la distribution numérique. La réponse est dans l’innovation, dans la recherche de solutions qui permettent à minima de garder le contrôle de sa stratégie commerciale et son lien direct avec les lecteurs. Il existe des start-up françaises comme Milibris qui proposent de bonnes solutions. La réponse doit être offensive et positive, il faut tout mettre en oeuvre pour créer des champions français du web comme Dailymotion, Deezer ou Criteo.

Faire de l'économie numérique la seule responsable de la précarisation de l'économie des commerces physiques est-il constructif ? 

C’est criminel…

Quelles conséquences concrètes cette attitude peut-elle avoir ? Quel message envoie-t-elle aux acteurs économiques, notamment aux potentiels investisseurs ?

Résister encore et toujours à l’envahisseur plutôt que d’encourager l’innovation fait perdre du temps à la France. Cela offre une image désastreuse de notre pays. La vérité c’est que l’écosystème numérique français produit les meilleurs dans tous les domaines, il ne faudrait pas que les investisseurs s’en détournent parce que certains s’acharnent à polluer l’environnement.

Dans son rapport, Louis Gallois a présenté le numérique comme une priorité des investissements d'avenir et un facteur majeur de la productivité de l'industrie. Dans quelle mesure l'industrie numérique permettrait-elle de relancer la croissance et améliorer la compétitivité de la France dans le secteur industriel ? 

L’économie numérique est déjà un puissant moteur de la croissance !! L’économie numérique représente 4% du PIB, soit près de 80 milliards d’euros. C’est 25% de la croissance et de la création nette d’emplois en 15 ans. Les entreprises qui utilisent le web pour leur business exportent deux fois plus que les autres. Le numérique augmente le pouvoir d’achat des consommateurs : chaque point de croissance de l’e-commerce est associé à 0,5 point de déflation du prix des biens de détail. Internet accélère la recherche d’emploi, permet une meilleure qualité de soin, la démocratisation du savoir, la simplification de la vie quotidienne…

Si la France prend toutes les mesures nécessaires pour atteindre sa "maturité numérique", la contribution d’Internet pourrait être portée à 160 milliards d’euros d’ici 2015.

Quand on compare les emplois créés par le web et les emplois perdus, quel peut-être le réel bilan du secteur Internet ?

Très positif, Internet a permis la création nette de 700 000 emplois en 15 ans, soit un quart du total des créations nettes d’emplois en France. Il a permis d’ajouter 1,4 nouvel emploi à chaque emploi ré-alloué  c’est-à-dire supprimé dans un secteur traditionnel et recréé dans la filière Internet.

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