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Oubliez les plats lyophilisés, la Nasa a trouvé mieux : de la nourriture réalisée par une imprimante 3D
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Bon appétit bien sûr

La Nasa a octroyé 125 000 dollars à une entreprise américaine pour qu'elle développe une imprimante 3D capable de fabriquer... des pizzas !

Vous reprendrez bien un peu de pizza 3D ? Vous avez bien lu. D'ici quelques années, il sera sans doute possible de manger de la nourriture élaborée grâce à une imprimante 3D. La Nasa planche en tout cas sur ce concept, appelé "food printing". Ce projet fou permettrait notamment aux astronautes de ne plus être obligés d'avaler des repas lyophilisés lorsqu'ils vagabondent dans l'espace. L'agence spatiale américaine a donc octroyé 125 000 dollars (97 000 euros) à Anjan Contractor, ingénieur et directeur de Systems & Materials Research Corporation, pour qu'il crée un "synthétiseur universel de nourriture", rapporte le site Quartz.

A l'impossible nul n'est tenu, puisque cette merveille de technologie a déjà permis de créer un revolver capable de tirer à balles réelles (vidéo ci-dessous) et de sauver la vie d'un bébé de deux mois grâce à une prothèse fabriquée sur mesure.

Le principe de cette imprimante alimentaire 3D est simple : la machine disposerait de cartouches de nourriture en poudre contenant les éléments nécessaires pour réaliser un plat, explique le site 01 Net. Les ingrédients seraient ensuite étalés couche par couche, créant ainsi un objet tridimensionnel. Selon Anjan Contractor, "ces cartouches [...] peuvent résister à l’humidité et à la moisissure pendant 30 ans".

Premier défi de ce Top Chef est peu particulier : faire une pizza. Cet aliment est parfait pour tester ce procédé d'impression 3D car la pâte serait "imprimée" en premier, puis la sauce tomate etc.

Et s'il faudra encore patienter un peu pour le plat principal, le dessert, lui, est déjà au menu : en novembre dernier, Anjan Contractor a présenté un prototype d'imprimante 3D permettant d'apposer une couche de chocolat sur un biscuit, rappelle Futura Sciences (vidéo ci-dessous). Le tout était parfaitement comestible, mais l'histoire ne dit pas si ça avait bon goût...

Anjan Contractor se montre bien plus ambitieux que la Nasa : "comme beaucoup d'économistes, je suis persuadé que le système actuel ne pourra pas nourrir correctement 12 milliards de personnes [un seuil qui sera vraisemblablement atteint en 2050, ndlr]", a-t-il déclaré. "L’idée de manger des plats imprimés n’est pas très appétissante, car nous avons les moyens d’acheter de bons produits. Ce ne sera plus le cas lorsque nous serons 10 milliards sur Terre." Son invention pourrait donc être une des solutions pour endiguer la faim dans le monde, un fléau qui touche aujourd'hui près d'un milliard d'habitants.

L'ingénieur estime par ailleurs qu'équiper tous les foyers d'une telle technologie permettrait d'éviter le gaspillage alimentaire. Au lieu d'acheminer des aliments par avions depuis l'autre bout du monde, il suffirait d'aller acheter une nouvelle cartouche chez son épicier. Enfin, le "food printing" permettrait de mieux manger et de lutter contre l'obésité, en réglant les doses de nourriture nécessaires à chacun.

Pour aller plus loin, Atlantico a interrogé Guilhem Peres, gérant d'eMotion Techune start-up française qui démocratise le matériel de prototypage rapide et plus particulièrement d’impression 3D.


Atlantico : La Nasa souhaite utiliser les imprimantes 3D pour fabriquer de la nourriture. Est-ce réaliste ou à l'inverse de l'ordre du gadget ?

Guilhem Peres : D’un point de vue technique, cela existe déjà. Le chocolat fondu est déposé sur une plaque et la machine va successivement superposer des couches pour créer un motif. On reste pour l’instant dans du gadget High-tech néanmoins accessible en terme financier, il s’agit d’imprimantes 3D  RepRap modifiées pour déposer à l’aide d’une seringue des matières alimentaires sous forme liquide.

L’idée est sympathique lorsque l’on envisage de la pâtisserie, elle devient beaucoup plus intéressante si la Nasa développe les cartouches alimentaires dont il est question. La difficulté de développement ne repose pas sur le matériel mais sur la matière déposée. Conditionnement, qualités nutritives, gout, propriétés physiques…

Pour répondre à votre question, le projet est pour lors un gadget, mais il est également réaliste, si tant est que son usage se révèle être plus efficace dans certains contextes qu’une plus traditionnelle lyophilisation.

A terme, cela va-t-il se répandre à l’ensemble de la population (sachant que cela coute très cher et que pour le moment il es impossible de créer de nombreux "plats". Ce n'est donc pas très varié...). Le cout de fabrication va-t-il rapidement baisser ? Est-ce la junk food du futur ?

Je doute de voir ce genre de choses se répandre jusque dans les domiciles.

D’une part parce qu’il existe des méthodes de production, de conditionnement et de conservation des aliments plus efficaces, d’autre part puisque l’on ne peut pas vraiment parler de plats mais de « composés alimentaires », les cartouches de consommable ne contenant pas de nourriture mais des éléments nutritifs (protéines, sucres, des hydrates de carbone). Les pizzas de nos astronaute si elles étaient fabriquées avec cette méthode n’auraient certainement pas gout à pizza.

Quand à savoir s’il s’agit de Junk food futuriste, je n’y crois pas à court terme, l’intérêt réside dans les composés nutritifs pas dans le matériel. La diffusion de cette nourriture en poudre n’aura d’intérêt qu’en cas de pénurie alimentaire mondiale due à une trop forte croissance démographique et il existe déjà des aliments tel que le Plumpy’Nut à cet effet.

Peut-on imaginer que cette invention pourrait être utilisée pour lutter contre la faim dans le monde ? Ou encore lutter contre l'obésité en contrôlant les ingrédients utilisés ?

On peut envisager énormément d’applications aux imprimantes 3D. Comme toute technologie médiatique, les industriels, concepteurs et autres rêveurs, pour différentes raisons ont tendance à surévaluer les usages potentiels, on voit ainsi apparaitre des projets de fabrication d’organes, de maisons, d’armes… La réalité va rapidement rattraper les esprits égarés, il s’agit avant tout d’un outil de fabrication dont la technologie est connue depuis près de trente ans, je m’étonne ainsi que tous ces projets ne fleurissent qu’aujourd’hui, à l’heure ou les médias lui vouent un intérêt certain.

La question de la faim dans le monde est une problématique économique, j’évoquais le Plumpy Nut en répondant à votre précédente question, il existe depuis des années de nombreuses solutions beaucoup moins onéreuses et plus aisées à mettre en œuvre. Les technologies sont rarement  développée dans un but humanitaire, à mon sens, la Nasa achète avant tout un peu de pub.

L’impact de cette nouvelle est très limité, tout comme le budget alloué aux recherches qui a tout de même le mérite d’aider le département recherche du PME européenne.

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