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La mort : un frisson pour les vivants
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C'est le pied sous terre

Le Salon de la mort ouvre ses portes ce vendredi 8 avril. Entre dissimulation et fascination, notre société entretient des rapports complexes avec Thanatos...

Longtemps notre société moderne s'est construite sur le mythe de la jeunesse, de la santé et de la perfection. Éloignant la mort jusqu'à son nom, contournant le mal par euphémisme, réduisant le risque, émasculant le danger derrière les statistiques, et jusque dans notre langage qui nous parle de "fin de vie", ou de "départ", c'est toute notre culture occidentale qui a détourné le regard.

Une société obsédée par la dissimulation de la mort

Les morts eux-mêmes sont cachés, dissimulés. Le masque mortuaire, fonction traditionnelle dans bon nombre de société, tout comme l'ultime portrait photographique - dernier hommage -, ou encore les nécropoles et autres cimetières, sont reléguées au ban de nos villes. Alors que longtemps on a conservé auprès de soi les reliques des défunts, c'est aujourd'hui interdit par une loi de décembre 2008.

La mort fait peur, elle pétrifie, et la réponse qu'a portée notre culture est le déni. Elle n'existe pas, c'est une expérience indicible, c'est là le pari pascalien. Les promesses de la mort imminente, ou les signes de la vieillesse doivent donc être dissimulés, l'âge est déconsidéré, notamment dans les cultures managériales où seule l'activisme est légitime.

Pourtant d'autres cultures ont affronté la mort, l'intégrant au cœur même de la vie. On connait les célébrations de la Santa Muerte au Mexique, qui donnent lieu à des festivités des plus populaires, ou les ressurgissements inattendus d'Halloween qui ont émergé brièvement il y a quelques années en France.

La mort produit du lien social

Mais le traitement de la mort est paradoxal, puisqu'en cherchant à l'écarter, on la célèbre, comme une forme de fascination. Aujourd'hui, les figures morbides, crânes et ossements ornent les vêtements. Les vanités ressurgissent comme motif obsessionnel dans l'art contemporain, et la décoration, y compris dans l'alimentaire ou les vêtements d'enfants. Là où les pratiques de prise de risque (psychotropes, comportements d'excès...), ou de célébration de la mort, plus ou moins simulées, étaient le lot de groupes marginaux, elles réapparaissent aujourd'hui comme pratiques sociales de masse.

Par les personnages de séries télévisées ou du cinéma, littérature - au delà même du seul créneau du polar -, la mort revient, elle se manifeste, et crée sur nos contemporains une étrange et puissante attraction. Le succès récent d'une exposition au Musée d'Orsay, jusqu'à l'esthétisation de la mort dans les cultures métal ou gothique, nous indiquent clairement que l'image de la mort est là. Et qu'elle semble produire sens et lien social.

Salon de la mort : l'imaginaire de Thanatos

Ce vendredi ouvre à Paris le Salon de la Mort, au Carrousel du Louvre - sous une pyramide de verre,  notons-le - encore un indice qui témoigne de ce retour en force dans notre imaginaire contemporain des figures de Thanatos. Parmi les exposants de ce salon on trouvera notamment des services de ritualisations, de théâtralisation autour du défunt.

La pompe funèbre revient ainsi comme un rite, au coeur-même de nos sociétés qui se voulaient rationnelles et démystifiées, et témoigne de l'intérêt croissant pour les évènements par lesquels les vivants donnent un sens collectif à la mort, comme un surcroit de vie à proximité du vide.

Ceci redonne peut-être un sens à certaines pratiques de prise de risque, d'exposition de soi à l'aléatoire, que l'on retrouve dans les sports extrêmes, les prises de psychotropes, ou les pratiques à risque, que recherchent non plus seulement certains automobilistes ou traders, mais d'avantage le plus commun des mortels.

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