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Le président de la BCE Mario Draghi a abaissé son taux directeur à 0,5%.
Le président de la BCE Mario Draghi a abaissé son taux directeur à 0,5%.
©Reuters

Decod'Eco

La BCE va-t-elle succomber aux sirènes de l'impression monétaire ? Alors que l'Allemagne subit à son tour les effets de la crise, la question se pose sérieusement.

Cécile  Chevré

Cécile Chevré

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’Institut national des techniques de documentation (INTD). Elle rédige chaque jour la Quotidienne d'Agora, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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La BCE va-t-elle elle aussi succomber aux sirènes de l'impression monétaire ? Alors qu'il y a quelques jours, Mario Draghi a abaissé son taux directeur à 0,5%, la question peut légitimement se poser et ce d'autant plus que le principal adversaire à l'impression monétaire sur le Vieux Continent – l'Allemagne – subit à son tour les effets de la crise économique.

Au premier abord, l'Allemagne semble ne pas si mal s'en sortir que cela – surtout en comparaison de notre cher vieux pays. Alors que la Zone euro est en récession, que le PIB français recule de 0,2% au premier trimestre, celui de l'Allemagne s'affiche en petite (toute petite) hausse à +0,1%. Pas de quoi avoir envie de célébrer tout cela avec une pinte de bière blonde et une orgie de currywurst, mais mieux que le reste de l'Europe.

La croissance est donc morose outre-Rhin : le PIB du dernier trimestre 2012 a été révisé à la baisse, à -0,7% et le recul du PIB au premier trimestre 2013 atteint tout de même 1,4%.

Même les bonnes nouvelles ne le sont pas tant que cela. En mars, la production industrielle s'est affichée en hausse de 1,2% sur un an alors que tout le monde attendait un recul. Mais en regardant dans le détail, le chiffre n'est plus si rassurant. La production industrielle a été tirée par le secteur de l'énergie (+4%), alors que les biens de consommation ont seulement augmenté de 1% et que la construction recule de 3,1%.

Plus inquiétant encore, les derniers chiffres des investissements des entreprises et surtout du commerce extérieur (au point mort) laissent anticiper une nouvelle dégradation de l'économie allemande dans les mois qui viennent.

Ce recul pourrait déjà donner des envies d'impression monétaire au gouvernement Merkel qui, en outre, ne perd pas de vue la prochaine grande échéance électorale, prévue pour l'automne prochain.

Mais il y a pire. Et comme d'habitude, ce pire vient… des banques !

Les banques allemandes sont dans un sale pétrin


Les banques sont, vous le savez, le talon d'Achille de l'Europe. Ces dernières années, elles se sont gavées d'obligations souveraines de leur propre pays – ce qui, dans le cas de l'Allemagne, n'est pas vraiment un problème pour le moment – mais surtout des autres pays européens. Les banques allemandes et françaises sont particulièrement concernées par ce phénomène. Elles détiennent des monceaux de dettes grecques, espagnoles, portugaises ou encore italiennes…

Le montant total d'exposition des banques allemandes aux dettes de pays périphériques se monte à 390 milliards de dollars, soit environ un dixième du PIB allemand (3 600 milliards de dollars). La Commerzbank et Deutsche Bank sont particulièrement exposées, à la dette italienne en premier lieu. Or c'est l'Italie qui constitue aujourd'hui le plus grand risque souverain en Europe. De gré ou de force, la plupart des banques ont réduit leur exposition aux autres pays de la Zone euro. Mais la dette italienne – la Botte étant un des principaux émetteurs de dettes souveraines au monde après les Etats-Unis, le Japon ou la France – est partout, dans tous les bilans bancaires.

Et pour l'Italie, ce n'est pas la grande forme. Si le pays a (enfin !) un gouvernement, son économie inquiète Bruxelles et marchés. En 2012, le recul du PIB a atteint -2,4% et il devrait encore être de -1,3% cette année. Au premier trimestre, le PIB a encore reculé de -0,5% et la dette publique atteint 123% du PIB. Conclusion, comme le souligne Le Monde, alors que jusqu'à présent c'était essentiellement l'Espagne qui inquiétait, c'est maintenant au tour de l'Italie de donner des sueurs froides au reste de la Zone euro : "Au sujet de l'Italie, en revanche, aucun commentaire encourageant n'est formulé. Sous le gouvernement du 'réformateur' Mario Monti – de novembre 2011 à décembre 2012 – le pays suscitait pourtant l'espoir. Aujourd'hui, il inquiète".

Les obligations souveraines des pays du sud de la Zone euro sont très loin d'être l'unique source d'inquiétude – et de défaillance – pour les banques allemandes. Selon, Niels Jensen d'Absolute Return Partners le niveau d'exposition global de la seule Deutsche Bank aux différentes catégories de produits dérivés atteint 55 000 milliards de dollars – à rapporter toujours avec le PIB allemand.

Autant dire qu'en cas de problèmes sur la dette italienne – ou espagnole – l'Allemagne aura le plus grand mal à voler au secours de ses banques. Une situation qui n'a pas échappé aux agences de notation. Début avril a couru la rumeur d'une dégradation de la note souveraine du pays par Moody's. Rumeur qui s'est révélée infondée même si l'agence a renouvelé sa perspective négative.

Rappelons en outre que l'Allemagne contribue à environ un tiers dans les différents plans de sauvetage en cours de la Zone euro. Si le pays plonge dans la récession… cela en sera fini de la manne financière allemande.

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