Voulez-vous une VIème République ? Elle sera GVGG (De Gauche, Vulgaire, Grossière, et Gueularde) !<!-- --> | Atlantico.fr
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Montebourg et Mélenchon réclament une nouvelle République.
Montebourg et Mélenchon réclament une nouvelle République.
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Crise de régime ?

La Vème République se meure, paraît-il. Il en faut une toute neuve, réclament Montebourg et Mélenchon.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le mot "République" est partout. Comme une sorte d’exorcisme qui aurait les vertus d’un crucifix brandit devant un vampire pour le faire fuir. "République irréprochable" proclame Hollande. "République exemplaire" renchérit Ayrault. "La République vacille" ratiocine un obscur député PS du nom de Faure. Ainsi, à cause du scandale Cahuzac, la République est devenue un paillasson sur lequel tout le monde à gauche s’essuie les pieds en en ayant plein la bouche.


Des républiques, la France en a connu de nombreuses. La première est décédée sous les coups d’un certain Napoléon qui voulait devenir empereur. La deuxième, celle de 1848, est morte d’un coup d’état fomentée par un autre Napoléon, qui, lui aussi, voulait se faire couronner empereur. La troisième s’est suicidée en 1940, terrorisée par les nazis et l’extrême-droite française. La 4ème a succombé en 1958 à un coup de force militaire qui a amené De Gaulle au pouvoir.

Aujourd’hui, nous vivons sous le régime de la Vème. Une sorte de machin, unique au monde, que Mitterrand dénonça en son temps avant de revêtir, à son tour, les habits de président qu’il trouva finalement seyants quand c’est lui qui les portait. La Vème République a ceci de particulier qu’elle accorde au Président des pouvoirs étendus, exorbitants, qui n’existent nulle par ailleurs en démocratie. Un Obama, qui n’est quand même pas rien, ne dispose pas de la moitié des prérogatives d’un Hollande, qui, à première vue, n’est pas grand chose. Pour trouver l’équivalent de l’omnipuissance présidentielle régnant en France, il faudrait chercher du côté du souverain d’Arabie-Saoudite ou d’un quelconque roi nègre comme il y en a encore quelques-uns en Afrique australe.

Mais cette Vème République est manifestement un colosse aux pieds d’argile, en tout cas sous François Hollande. Un simple Jérôme Cahuzac l’a fait trembler et se fissurer, alors que naguère il fallait au moins une défaite militaire ou un coup d’état. Personne, au demeurant, n’est tenu d’être un idolâtre de notre système présidentiel, assez proche d’une monarchie absolue qui serait temperée, à intervalles réguliers, par des élections. C’est pourquoi, en courageux défricheur, Arnaud Montebourg appela de ses voeux une VIème République avant de devenir ministre, ce qui calma un peu ses ardeurs.

Avec lui, Marianne aurait été assez mignonne. Elle porterait un soutif Lejaby (garantie "made in France"). Et sur ses cheveux un ravissant foulard antillais en madras (on n’oublie pas si aisément Audrey Pulvar...). Mais, comme on dit, le ministre du Redressement productif s’est un peu mis en réserve de cette république. 

C’est quelqu’un d’autrement plus vigoureux, un homme, un vrai, un fort en gueule, qui a pris le relais : Jean-Luc Mélenchon, incarnation parfaite de la GVGG (De la Gauche Vulgaire, Grossière, et Gueularde). Le 5 mai, il manifestera avec ses troupes pour chasser les pourris, les corrompus, les coquins, les voleurs, les salopards et pour hâter  l’avènement de sa VIème République). A quoi ressemblerait-elle à supposer qu’elle voit le jour et que le chef du Front de Gauche en devienne le premier président ? Par respect pour la tradition républicaine, on garderait les trois couleurs. Mais sur le drapeau, le rouge occuperait presque toute la place, laissant juste subsister une toute petite bande bleue (c’est la couleur de l’UMP) et un minuscule filet blanc (monarchiste). 

L’armée serait dissoute et remplacée par la levée en masse des citoyens et des citoyennes obligatoirement coiffés du bonnet phrygien. Tous et toutes seraient munis de piques. Et au bout de ces piques il y aurait les têtes des socio-traitres (Hollande and co), des requins de la finance, des patrons du CAC 40, et des hyènes néo-libérales, ce qui fait du monde. La très niaise devise "Liberté, Egalité, Fraternité" serait remplacée par un viril " mort aux riches ! " et le balai deviendrait le seul emblème de cette nouvelle VIème République. Mais pour mettre un peu d’amour, ou de glamour, dans ce monde de brutes, Marianne serait représentée sous un aspect très appétissant (en tout cas pour les populations masculines). Elle aurait le visage et le corps très gentiment dépoitraillé de la Liberté du célèbre tableau de Delacroix. Pas de soutif Lejaby, ça c’est bon pour un mièvre comme Arnaud Montebourg ! C’est une perspective qui ne manque pas de charme. Mais quelque soit l’hostilité qu’on éprouve à l’égard de la Ve République, est-ce bien raisonnable d’en changer pour deux seins aussi jolis soient-ils ?

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