Ni le soleil, ni le vent : savez-vous quelle est la plus importante source d’énergie renouvelable en Europe ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La France est dans la moyenne, puisque le pays produit 50% de son énergie renouvelable à partir du bois.
La France est dans la moyenne, puisque le pays produit 50% de son énergie renouvelable à partir du bois.
©Reuters

Bois-énergie, halte au feu !

Avec la flambée des prix du pétrole et du gaz, le "bois-énergie" connaît un net regain d'intérêt.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Oubliez les éoliennes, le solaire ou les biocarburants. Le cabinet Eurostat statistics a révélé l'année dernière que pour respecter l'objectif de 20% d'énergie produite à partir d'énergie renouvelable en 2020 dans l'Union Européenne, les européens faisaient confiance majoritairement au bois. En 2011, 49% de l'énergie renouvelable produite en Europe provenait du bois et de ses résidus.  Et il est vrai que le bois présente certains atouts comparé aux autres énergies renouvelables.

Le bois, qu'il soit utilisé dans le thermique ou la production d'électricité, n'est pas une énergie intermittente comme peut l'être l'éolien. Il est également massivement disponible en Europe, notamment dans les pays scandinaves. Enfin, c'est une énergie « zero carbone » en théorie (les arbres coupés étant remplacés par d'autres), qui ne produit pas de CO2. Il n'en fallait pas plus pour attirer les acteurs de l'énergie européen. En 2012, le groupe Drax annonçait un investissement d'un milliard de dollars pour convertir une centrale au bois en Angleterre. Plus globalement, certains producteurs de l'énergie commencent à introduire 10%  de bois dans leurs centrales au charbon, afin de « verdir » leur bilan carbone. Plus globalement, ce sont les scandinaves, grâce à leur potentiel forestier, qui sont parmi les premiers consommateurs de bois pour l'énergie. Alors que le bois lui a déjà permis de mettre en place une industrie papetière, la Finlande se sert désormais du bois pour produit 85% de son énergie renouvelable. En Pologne, sa production atteint à 80%. La palme revient toutefois à l’Estonie, avec 96%. En Allemagne, c'est 38%.

La France est dans la moyenne, puisque le pays produit 50% de son énergie renouvelable à partir du bois. L'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise du territoire, subventionne, comme toute énergies renouvelables, l'installation de chaudière au bois pour les particuliers. L'Agence met plus particulièrement l’accent sur l'avantage en termes de coût. Oubliez pourtant le charme bucolique d'une cheminée au milieu de votre salon. En plus d'être extrêmement polluant, la production d'un kWh HT à partir d'une cheminée ouverte vous coûtera plus de 10 centimes d'euros, contre 6,8 centimes pour une chaudière au fioul. Par contre, l'Ademe subventionne l’achat d'un poêle moderne à haut rendement ou d'une chaudière à granulés, le coût du kWh tombant 3 centimes. Résultat, grâce au bois, lors du dernier relevé de compteur, l'UE était dans les clous pour respecter ses objectifs de production de 20% d'énergie propre en 2020. L'idylle de l'UE et du bois était pourtant trop belle pour durer. Comme le veux l'expression anglaise, l'UE semble avoir « tiré d'abord, et visé ensuite ».

Une Union Européenne bien isolée

Au rythme actuel, la demande du marché européen en granule de bois pourrait bien progresser de 130%, selon le groupe canadien International Wood Markets Group. Pourtant l'Union Européenne ne sera pas concurrencer de sitôt sur ce marché. Si la Chine voit sa demande de bois progresser ces dernières années, c'est avant tout pur répondre à la demande de son industrie papetière. Les Etats-Unis en revanche voient leur consommation reculer. Si la forte baisse des prix du gaz ces dernières années explique en partie ce désintérêt, des doutes sur l'efficacité du bois pour réduire les émissions de CO2 se sont également fait entendre.  

A rebours du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui donna ses lettre de noblesse au bois en matière environnementale, certains scientifiques et ONG environnementales ont contesté la neutralité en termes de CO2. Pour le professeur Delfet Sprinz, directeur du Comité scientifique indépendant lié à l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), cité par Euractive, « il est faux de prétendre que la bioénergie est neutre en carbone par définition, tout dépend de ce qu’on utilise pour la remplacer (...) Si vous remplacez une forêt en pleine croissance par des cultures énergétiques conformément aux règles de calcul actuellement en vigueur dans l’UE, il est possible que vous accroissiez les émissions de gaz à effet de serre ». En prenant en compte le travail de production des granules, ainsi que leur transport, la consommation de bois pour l'énergie produirait à coup sur du CO2.  Un argument en particulier a été avancé contre la filière bois, le timing du remplacement. Couper un arbre et en replanter un derrière est effectivement un acte neutre en carbone...sur 35 ans, au minium selon l'ONG Southern Environmental Law Center. L'arrive d'un arbre à maturité se compte la plupart du temps en décennie. A court terme, la filière bois participerait à accroître les émissions de CO2.

Pour l’instant, le Canada et la Russie se frottent les mains devant la demande européenne, et exportent massivement leurs immenses ressources en bois. De plus en plus de voix s'élèvent pourtant à Bruxelles pour examiner plus en détail le bilan carbone de l'industrie du bois utilisé dans l'énergie. Un coup d'arrêt pourrait alors être donné à l'industrie.

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