Ne pas dormir tue : dépression, maladies cardiaques, diabète... ces dangers méconnus du manque de sommeil<!-- --> | Atlantico.fr
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Dormir moins de six heures par nuit a un impact très néfaste sur la santé.
Dormir moins de six heures par nuit a un impact très néfaste sur la santé.
©Reuters

Zzzz

Dormir moins de six heures par nuit n'est pas qu'un frein à la productivité, mais cause également de graves problèmes de santé.

On sait que le manque de sommeil est un frein à la productivité. Mais pour une fois, oublions un peu le sempiternel "métro boulot dodo" pour nous intéresser un peu à notre santé. Car il n'y a pas que notre travail dans la vie, en particulier quand le manque de sommeil peut avoir un impact néfaste sur notre santé.

Comme nous l'indiquions déjà il y a quelques mois, le manque de sommeil peut entraîner l'obésité. Mais il y a pire. Comme le montrait dernièrement le site américain Business Insider avec un graphique, il suffit d'une semaine pour que le manque de sommeil altère le fonctionnement de vos gènes, qui contrôlent notre réaction au stress, aux maladies, et plus largement notre état de santé global.

Le manque de sommeil a des effets néfastes sur le fonctionnement cardiaque. Tout d'abord, car le manque de sommeil affecte négativement la santé du système cardiovasculaire, augmentant donc les risques de crise cardiaque (d'après l'étude SLEEP 2012, le manque de sommeil a d'ailleurs plus d'incidence sur les maladies cardiaques que tous les autres phénomène, selon le Medical News Today) . De plus dormir entre 5 et 6 heures par nuit augmente les risques d'avoir de l'hypertension, puisque dormir fait retomber notre pression sanguine.

Une étude publiée dans le journal Science Translational Medicine a montré que les gens qui ont des rythmes de sommeil irréguliers et les personnes qui sont dorment mal ont un risque plus important de développer des syndromes métaboliques et du diabète : en effet le manque de sommeil entraîne du stress qui lui-même entraîne la production de norepenephrine et de cortisol, associés avec la résistance à l'insuline.

En plus du stress, le manque de sommeil augmente l'anxiété et la dépression, puisque moins on dort, moins on produit de neurotransmetteurs qui régulent l'humeur.

Si jamais vous avez vous-mêmes des problèmes de sommeil, vous n'êtes pourtant pas les seuls... 40% des Américains s'endorment en pleine journée (sans le vouloir) au moins une fois par mois. Et 60 millions d'entre eux ont des problèmes de sommeil, que ce soit la narcolepsie, l'apnée du sommeil, ou tout simplement l'insomnie.

Atlantico a interrogé le professeur Sylvie Royant-Parola, psychiatre responsable du centre d’exploration du sommeil.

Atlantico : Comment expliquer le rapport entre le manque de sommeil et la dégradation de la santé ? Le stress semble être un facteur prépondérant…

Sylvie Royant-Parola : La réduction du temps de sommeil va jouer par une augmentation de substance comme l'adrénaline et le cortisone. C'est typique d'une réaction de stress initiale. Cela se manifeste de manière variée : augmentation du rythme cardiaque, de la tension et même constriction des bronches.

Concernant le diabète, du moment où  l'on secrète du cortisone, on rentre dans un système qui agit sur la libération de l'insuline, et notamment sur la résistance à cette dernière. Cela fait le lit du diabète à ce moment-là.

En résumé, la réduction du temps EST un stress et cela entraîne logiquement toutes les réactions du stress habituelles.

La réduction du temps de sommeil n'est pas nécessairement liée à l'insomnie. Les gens pensent qu'ils ne dorment pas suffisamment mais dans de nombreux cas ce n'est pas le cas. On remarque cependant  beaucoup plus de personnes qui ne dorment pas assez car, du fait de leur rythme de vie, ils ne s'accordent pas suffisamment de sommeil.

Existe-il des techniques simples pour améliorer son sommeil, sans forcément passer par des prescriptions médicamenteuses ?

Il faut dormir le temps dont on a réellement besoin. Par exemple, il ne faut pas forcer les soirées en disant : "il faut vraiment que je vive après le travail, je ne peux pas rentrer à 21h et dormir à 23h ! Je vais tenir jusqu'à 1h du matin…". Si l'on a sommeil, il est alors préférable de dormir et de ne pas essayer de profiter de la soirée en luttant contre.

C'est la même chose le matin. Se réveiller spontanément tôt le matin, c'est bien. Mais se forcer à se réveiller tôt, même si en général on n'a pas trop le choix à cause du travail, n'est cependant pas indiqué. Ces gens se mettent en situation de privation de sommeil.

Comment calculer son besoin personnel de sommeil ?

Il existe un excellent moyen. Le temps de sommeil que l'on adopte spontanément en vacances, quand nous n'avons aucunes obligations particulières, est un très bon indicateur. En général, durant ce type de période on dort en moyenne 1h et demie de plus que le temps dont nous avons besoin en période de travail.

La pratique de la sieste est-elle recommandée pour mieux réguler son sommeil ?

La sieste a vraiment beaucoup de vertus. Elle permet de couper la journée, de manière à mieux repartir la pression de sommeil et de stress. L'organisme récupère et repart sur une base très restaurée.

Le problème de la sieste est qu'elle englobe le sommeil qui fait partie du temps dont on a besoin pendant 24h. Ce n'est pas trop un problème en soi si la personne est déjà en privation de sommeil la nuit, mais pour quelqu'un qui n'est pas atteint par ce type de problème, trop de siestes, peut conduire à des troubles.

Existe-t-il des ponts entre le manque de sommeil et la pathologie plus importante qu'est l'insomnie ?

Non, la privation de sommeil n'entraîne pas l'insomnie. En revanche, l'insomnie se gère mieux par ce que l'on appelle la restriction du temps passé au lit, qui comporte tout de même une certaine restriction du temps de sommeil. Cela parait paradoxale mais en fait on apprend à l'insomniaque à dormir mieux en dormant moins, et par la suite on ré-allonge progressivement son temps de sommeil.

La narcolepsie, caractérisée par des accès de sommeil, est-elle fréquente en France ? Comment la traiter ?

La narcolepsie touche seulement un français sur 2000. Néanmoins, c'est une pathologie très handicapante qui s'accompagne d'excès d'endormissement contre lesquels on ne peut pas lutter. Il  existe aussi souvent ce qu'on appelle une cataplexie, une perte brusque du tonus musculaire, qui peut entrainer des chutes graves.

Une très bonne hygiène de sommeil chez un narcoleptique est absolument primordiale. La personne ne doit pas être en situation de privation de sommeil. La pratique du sport es t également très importante car elle augmente la résistance à la somnolence. Enfin, les siestes, si possible brèves et trois fois par jour, peuvent permettre également de récupérer.

Ces techniques non médicamenteuses ne suffisent malheureusement pas. La prise de médicaments comme le Modafinil et le Methylphenidate est souvent conseillée.

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