La ferme à la ville : de quoi témoigne le boom de l'agriculture urbaine ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Avoir son propre potager en ville est une pratique qui se répand de plus en plus.
Avoir son propre potager en ville est une pratique qui se répand de plus en plus.
©Reuters

Tous au vert

Avoir son propre potager même en ville, une pratique qui se répand de plus en plus. Cultiver ses carottes et ses tomates : pourquoi ce retour au vert ?

François  Purseigle

François Purseigle

François Purseigle est ingénieur en agriculture et maître de conférences en sociologie agricole. Il est habilité à diriger des recherches en sociologie à l’Institut National Polytechnique de Toulouse (ENSAT).

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Atlantico : De plus en plus, on voit naître dans les villes des jardins collectifs, des petits lopins de terre à cultiver. La tendance est au vert dans nos grandes métropoles. Que traduit cette volonté de vouloir faire de l'agriculture en ville ?

François Purseigle : Elle renvoie à la question agricole qui n’est pas forcément une question rurale. L’agriculture n’est pas réservée dans son traitement à l’espace rural, qu’il s’agisse de petite ou de grande agriculture. On peut admettre aujourd’hui que l’urbanité a triomphé sur le rural, la planète compte une majorité d’êtres humains qui vivent en ville. Pour autant l'enjeu agricole met en lumière des préoccupations d’urbains et pas forcément de ruraux. L’agriculture est tout aussi concernante pour les citadins car ils sont attentifs à ce qu’ils mangent, et souhaitent avoir la main sur les dispositifs productifs qui vont contribuer à la distribution alimentaire dans les villes La volonté d’accorder une place à l’agriculture urbaine traduit une envie de renforcer son regard sur les conditions de production.

D’autre part, il y a une interpénétration croissante entre les espaces ruraux et urbains. Les frontières entre les deux sont floues. Ce souhait d’agriculture urbaine n’est pas  nouveau, mais aujourd’hui on le perçoit comme une possibilité de faire une restructuration de certains espaces.

Au-delà de sa capacité à produire des richesses, l’agriculture offre une possibilité d’emplois en ville.

Est-ce que les gens idéalisent l'agriculture, notamment à cause de l'influence de la télé-réalité ?

Il ne faut pas tout ramener à la télé-réalité. On idéalise l’agriculture au regard de son histoire et au regard de sa trajectoire personnelle. La plupart des Français sont issus du monde rural ou agricole, à une ou deux générations près. Il y a un siècle, la France était avant tout paysanne, c’est plus une question d’attachement que d’idéalisation.
Au-delà de ça, la question agricole porte des enjeux forts : territoriaux, alimentaires, environnementaux. L’agriculture n’est pas regardée aujourd’hui comme elle l’était hier. Cela prouve que les urbains ont envie de se réapproprier la production des richesses agricoles.

Parle-t-on d'un effet de mode ou bien d'une vraie prise de conscience de la part des habitants des villes ?

Les populations ont quelque peu oublié que l’agriculture pouvait être aussi urbaine. Cependant, les cultures en villes resteront marginales, il ne s’agit pas de « réagricoliser » tout le chantier urbain.Au-delà de l’effet de mode, ce type d’agriculture ne peut pas s’adapter à tous les contextes urbains, à toutes les populations. Il faut qu’elle soit désirée par les collectivités par le biais de projets territoriaux.

Il s’agit plus d’une reprise de conscience de l’articulation entre urbanité et agriculture. Cette articulation s’exprime à travers le repositionnent d’aires maraîchères, la mise en place de fermes verticales... 

Le vrai enjeu est celui de la coexistence entre les populations urbaines et les espaces ruraux qui ne sont pas forcément vus comme des espaces de production. C’est le paradoxe d’une société qui joue la carte du retour au vert :  là où les zones rurales sont des lieux de résidence plus que de production, les villes, elles, veulent se convertir en un lieu de production.

Propos recueillis par Manon Hombourger

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