Hollande, le président qui n'avait qu'une boîte à outils normale pour relever le défi de la 3ème révolution industrielle <!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande était interviewé par David Pujadas jeudi soir.
François Hollande était interviewé par David Pujadas jeudi soir.
©Reuters

Déception

François Hollande, affable et optimiste, satisfait de tout ce qu’il a fait, s'est exprimé jeudi devant les Français angoissés.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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François Hollande s’est exprimé jeudi devant une France angoissée, une France qui ne croit plus en grand-chose, une France déçue par sa classe politique, une France qui a été gavée de promesses et qui est confrontée au principe de réalité.

C’est donc évidemment sur le fond qu’on attendait François Hollande, mais que pouvait-il annoncer de vraiment crédible ? Écartelé entre une extrême gauche et une gauche plus ouverte mais ancrée dans ses erreurs économiques qui lui servent d’idéologie. Et donc finalement c’est sur  le ton qu’il pouvait faire la différence. Il aurait pu, ainsi que le lui a même suggéré David Pujadas presque déçu, promettre du sang et des larmes.

Il n’en fut rien ; nous avons reçu chez nous un président affable et optimiste, satisfait de tout ce qu’il a fait, des promesses qu’il tient et de sa « boite à outils ». Une boite à outils dont nous connaissons tous les ustensiles et avec laquelle on ne réparera pas grand-chose. Un homme de bonne volonté incontestablement, qui a compris qu’il avait besoin des entrepreneurs… et des salariés bien sur, mais qui continue de confondre les emplois artificiellement crées avec les vrais recrutements. Un président qui en est resté au principe selon lequel la masse d’emplois est un gâteau qu’il convient de répartir : «  pourquoi encourager les heures sup, alors qu’il y a tant de chômage ! » avec ce raisonnement on continuera longtemps de plébisciter la réduction du temps de travail.

Pas vraiment gêné par la question des 75% d’imposition retoqués par le conseil d’Etat, il a trouvé la solution, elle consiste à faire payer l’entreprise ! Curieuse décision, incompréhensible. D’un coté on veut aider les entreprises et de l’autre on va les matraquer si on estime qu’elles paient trop leur management. Qui punit-on finalement ? Pourquoi ? Mesure d’autant plus injuste que le groupe international avec des bénéfices conséquents n’hésitera pas une seconde à payer un peu plus d’impôts sur le dépassement du seuil de tolérance gouvernemental ; sans compter la créativité des avantages en nature… cette symbolique là ne rapporte rien à personne.

Le pacte de croissance est donc en place, cela nous est confirmé ; on parle beaucoup de la croissance : elle reviendra c’est sûr ! On a presque la date, le président l’a décidé elle n’est pas loin, il y croit. Nous beaucoup moins. « Je n’attends pas la croissance, je la crée ».

On se souvient de celui qui voulait aller la chercher avec les dents… cela n’avait pas marché non plus ! Comment ne pas comparer avec « l’autre », qui continue de le hanter même s’il sera élégant et lui accordera le bénéfice de la présomption d’innocence (qu’il venait d’accorder à Cahuzac, ça aide). D’ailleurs François Hollande ne résiste pas à la tentation des 2 ou 3 petits pics : « moi je ne fais pas d’annonces permanentes », suivez mon regard…

Autant l’un pouvait galvaniser les foules même si son message n’était pas accepté et même s’il suscitait de la haine, autant François Hollande dans sa tempérance a du mal à s’imposer. Son physique, sa tenue, sa cravate hésitante dont se gaussent les journalistes, sa diction hachurée en pointillés ne galvanise pas le téléspectateur… rien dans sa stature n’est a priori de nature à laisser croire qu’il va relever le challenge de la 3ème révolution industrielle d’une France qui a raté le début du film.

Il y a tentative de marquer un essai avec le « choc de simplification ». Une bonne idée dont on voudrait qu’elle soit vraie mais dont rien n’annonce le début du commencement. Ce choc de simplification par ailleurs ne peut être un choc de compétitivité que s’il provoque et c’est logique, une économie des dépenses de l’Etat ; vaguement évoqué mais en éludant la vraie question et le véritable enjeu : si on dématérialise, si l’on raccourcit les circuits etc. il faut simultanément que la fonction publique s’allège en conséquence ? En revanche lueur d’espoir sur l’allongement de la durée des cotisations pour les retraites car, n’est-ce pas, par la grâce de son mandat le président a découvert que nous vivions plus longtemps.

Le président ne semble pas avoir la même perception de la dimension de la crise que nous-mêmes et en particulier que les chefs d’entreprises ; il trouve le temps long et regrette le temps perdu par l’Europe. Pourtant lui-même nous raconte un feuilleton donnant les prévisions de 2015 et la période de l’inversion de la courbe du chômage, qui peut y croire ? Lui, c’est même ce qui est inquiétant.

On peut regretter malgré des questions insistantes de Pujadas une certaine complaisance : quid du jour de carence qui est un scandale inégalitaire entre le public et le privé ? Il ne fallait pas passer ce renoncement sous silence. Quid de la reforme scolaire qui cafouille et qui coûte cher ?

Jeudi soir évidemment la gravité était au rendez-vous, mais malgré le ton affirmé, peut-être pour marquer l’impuissance, nous avons pataugé… avec lui. Pas compris le détour par la justice de ceux qui ne sont pas en prison alors qu’ils devraient l’être et ceux qui y étaient alors qu’ils ne devraient pas ? Pas bien compris l’encadrement des loyers ? Pas convaincue par le déblocage des participations dans les entreprises pour permettre de compenser la baisse du pouvoir d’achat.

Qu’avons-nous appris que nous ne savions pas ? Les mesures sont les mêmes que celles qu’on nous vend depuis des mois sans avoir le moindre retour sur l’efficacité ou même l’utilisation qui est faite de la boite à outils ?

En revanche, une petite lueur d’espoir au détour d’un plaidoyer pro domo, le président a dit ce que nous souhaitons entendre, il n’est pas le président du parti socialiste mais celui de tous les Français. Et si cette phrase annonçait qu’il allait prendre des décisions qui ne relèvent plus de l’idéologie du parti mais de l’intérêt du pays ?

En attendant le stade suivant, on a assisté à une danse d‘un pied sur l’autre. Il faut parler Hollandais pour comprendre ce que veut dire vouloir « la rigueur et pas l’austérité » ?

Ah bon ? Quels sont les Français, quels sont les entrepreneurs qui ont su mettre quelque chose de concret sous cette déclaration ? C’est sur ce point que nous attendions d’être éclairés.

En revanche nous avons eu la promesse que nos comptes en banque ne seraient jamais prélevés nuitamment, en tous les cas pas à moins de 100 000 euros.

Regrettons enfin qu’on nous ait parlé d’impôts, de Banque publique, d’un Etat qui veillerait à aider ceux qui investissent dans les bonnes filières, mais pas de confiance en ceux qui entreprennent. Pas d’encouragement à l’investissement privé, au succès… un geste seulement pour ceux qui vendent leur boite après une vie de travail parce qu’eux le méritent.

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