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Les questions sur l'énergie sont nombreuses et très souvent, ce ne sont pas les bonnes...
Les questions sur l'énergie sont nombreuses et très souvent, ce ne sont pas les bonnes...
©Reuters

Têtes d'ampoule

Une mauvaise gestion des industries liées au secteur de l'énergie mène à des fermetures d'entreprises et à de mauvais choix stratégiques. Le tour de ces errements en cinq points.

Thierry  Lepercq et Sophie de Menthon

Thierry Lepercq et Sophie de Menthon

Thierry Lepercq dirige l'opérateur d'énergie photovoltaïque Solairedirect, une société membre du Mouvement patronal ETHIC.

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME). Elle est aussi l'une des personnalités qualifiées membres du Conseil Economique, Social et Environnemental. Sophie de Menthon intervient régulièrement sur iTélé dans l'émission « On ne va pas se mentir ».

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1 - Du fait de groupes idéologiquement très influents au sein du gouvernement, les scénarios dominants dans le débat sur la transition énergétique plaident pour une décroissance énergétique massive ! N'est-ce pas condamner la France à une stagnation économique sans fin, alors que les seuls pays occidentaux qui se développent sont ceux qui, comme les États-Unis, le Canada ou l'Australie, connaissent une trajectoire créative et volontariste de croissance énergétique ?


Les groupes en question sont divers, et partent de points de vue différents pour converger vers le même objectif de décroissance électrique :
  • Les écologistes et les associations (du type Greenpeace) qui se situent dans la mouvance dite « Negawatt » qui s’attaquent à l’électricité (notamment le bâtiment) pour mieux viser le nucléaire. Ils sont aussi souvent opposés à la croissance économique en général comme priorité politique ;
  • Les souverainistes et antilibéraux (de droite comme de gauche) qui chérissent avec nostalgie l’héritage étatiste français, ont une vision du monde foncièrement pessimiste, voient la croissance (notamment celle des pays émergents) comme une menace et se replient sur les valeurs de sobriété, de défense de l’Etat et de ses ex-monopoles énergétiques, face à l’ouverture des marchés et au développement des énergies décentralisées comme le solaire. Un de leurs porte-paroles les plus éloquents sur les questions énergétiques est Jean-Marc Jancovici du collectif Carbone 4. Cette mouvance est influente dans tous les partis, grands ou petits, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, et se trouve en position de force dans l’administration centrale et certains syndicats (FO et CGT en particulier). Elle est aussi bien représentée au sein du Parlement (elle a inspiré la dernière loi Brottes) et au gouvernement. Pour elle les objectifs chéris d’indépendance énergétique de la France et de limitation des factures énergétiques pour les plus modestes ne peuvent être atteints que via la baisse de la consommation électrique, tout en sanctuarisant le nucléaire et le modèle dirigiste et centralisateur français.

2 - La réglementation thermique française chasse l'électricité (décarbonée et produite nationalement) du bâtiment, au bénéfice du gaz importé. N'est-ce pas une absurdité économique et écologique ?

Ce mécanisme en jeu est très simple : la RT (réglementation thermique) calcule l’effet joule du chauffage électrique sur la base de sa valeur en énergie en énergie primaire, et donc en lui appliquant un facteur de 2.54 par rapport à sa valeur en énergie finale (le coefficient pour les énergies thermiques comme le gaz est 1). Avec la baisse des normes de consommation le chauffage électrique (décarboné et produit en France), classique ou dans une moindre mesure pompe à chaleur, est virtuellement expulsé au profit du fuel et du gaz (carbonés et importés).

3 - Le programme de réhabilitation thermique comprend pour une très large part des investissements à temps de retour supérieurs à 40 ans. Impossible à financer surtout si l'on considère le durcissement de la fiscalité, accompagné de la réglementation pléthorique, le tout assorti du principe de  précaution qui freine même l'expérimentation avec un coût pouvant atteindre 30 milliards d'euros par an. En revanche notre énergie fiscale est  exemplaire ! N'est-ce pas condamner la France au suicide fiscal ?

4 - Le programme éolien offshore lancé par le gouvernement, au prix exorbitant de 220 €/MWh, représente un surcoût en CSPE (Contribution au Service Public de l'Electricité) de l'ordre de 20 milliards d'euros. Ne va-t-on pas condamner de la sorte les industries électro-intensives qui restent encore en France à la disparition complète ?

Les industries électro-intensives sont déjà gravement menacées en France : le groupe chimique Arkema/Kem One, qui vient de déposer son bilan (2 600 emplois concernés), attribue entre autres son défaut de compétitivité à un coût de l’électricité supérieur de 20% en France par rapport à l’Allemagne, laquelle exempte certaines industries électro-intensives de diverses taxes et contributions. C’est la même raison qui devraient conduire à la fermeture prochaine des usines Rio Tinto (ex-Pechiney) de la vallée de la Maurienne. Et on a encore rien vu ! Selon la CRE l’explosion des différentes taxes (CSPE et TURPE – contribution au financement des réseaux) devrait faire croître les prix de l’électricité de 30% d’ici 2017. Si on prend en compte le plein effet du coût de l’éolien offshore et de l’explosion incontrôlée des investissements dans les réseaux, c’est plus de 100% d’augmentation qu’il faut anticiper d’ici 2020. On peut donc dire avec un grand degré de certitude que la plupart des industries électro-intensives auront disparu de notre pays à cette échéance.

5 - N'est-il pas absolument urgent et impératif de sortir de ce cocktail létal qui conjugue : stagnation économique, explosion de la fiscalité et de la CSPE, augmentation des importations d'hydrocarbures (gaz) et dégradation de la compétitivité de notre industrie ?

Pour approfondir toutes ces questions, retrouvez Sophie de Menthon et Thierry Lepercq au colloque "un nouveau regard sur l'énergie" organisé par le Mouvement ETHIC qui aura lieu le jeudi 28 mars de 14h à 18h à l'Espace Fondation EDF. Au programme : 

      • "l'indépendance énergétique : une vraie volonté politique ? 
      • La transition énergétique : le mythe de l'énergie propre ? 
      • un focus sur le gaz de schiste 

Inscription obligatoire, participation gratuite - plus d'information : www.ethic.fr

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