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Moins de trois Français sur dix (28% exactement) se disent favorables à des alliances locales entre l'UMP et le FN.
Moins de trois Français sur dix (28% exactement) se disent favorables à des alliances locales entre l'UMP et le FN.
©Reuters

Sondage

Un sondage CSA pour Atlantico montre que la majorité des électeurs de droite sont favorables à ces alliances, contre seulement 28% des Français.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico a confié à l’institut CSA la réalisation d’un sondage sur la perspective d’alliances locales entre l’UMP et le Front national aux prochaines élections municipales. Si une nette majorité de Français s’oppose à cette éventualité, les sympathisants de l’UMP apparaissent beaucoup plus partagés, ceux du Front national y étant très majoritairement favorables.

Moins de trois Français sur dix (28% exactement) se disent favorables à des alliances locales, au cas par cas, entre l'UMP et le Front national à l’occasion des élections municipales qui auront lieu en 2014, près d’un sur deux (47%) exprimant son opposition. Un quart des personnes interrogées n’expriment pas d’avis sur ce sujet. Cette opposition majoritaire se vérifie au sein de toutes les catégories de population, indépendamment de l’âge ou de la catégorie sociale des personnes interrogées.

QUESTION – Êtes-vous favorable ou opposé à des alliances locales, au cas par cas, entre l'UMP et le Front national lors des élections municipales qui auront lieu en 2014 ?

Cliquez sur les images pour les agrandir.

Atlantico : Seuls 28% des Français sont favorables à des alliances locales entre l’UMP et la FN. Cela veut-il nécessairement dire que cette alliance est vouée à l’échec électoral ?

Yves-Marie Cann : Non, car il faut distinguer deux choses. Dans le sondage, on a effectivement seulement trois personnes sur dix qui se déclarent favorables à des alliances entre l’UMP et le FN dans le cadre des municipales de 2014. Mais dans le détail, on observe une très forte disparité des réponses en fonction de la préférence partisane des personnes interrogées.

Il y a un clivage très important entre la gauche et la droite, avec des électeurs de gauche qui rejettent très massivement la perspective de telles alliances, alors qu’à droite les choses sont plus compliquées. Les sympathisants UMP sont partagés, mais une courte majorité d’entre eux (51%) se déclare en faveur des alliances. Quant aux électeurs frontistes, ils sont très majoritairement pour, à 66%.

Au-delà du résultat d’ensemble, il ne faut donc pas oublier ces fortes disparités dans les réponses.

En ce qui concerne le rapport de force électoral, ce sondage montre qu’au moins dans l’hypothèse de ces élections locales, il y a aujourd’hui une proportion non négligeable de sympathisants UMP qui seraient en faveur de telles alliances, ce qui à ma connaissance est un niveau d’approbation qui n’avait jamais été observé.

Pour une grande partie de l’électorat UMP, la perspective de telles alliances n’aurait donc pas l’effet repoussoir qu’elle pouvait avoir dans le passé.

51% des sympathisants UMP et 66% des sympathisants FN sont favorables à ces alliances. Les militants de droite envoient-ils un signal à leurs dirigeants, plus frileux sur cette question ?

Les résultats du sondage sont en porte-à-faux par rapport à la position officielle de l’UMP, qui a été rappelée à plusieurs reprises par François Fillon et Jean-François Copé au cours des derniers mois. A l’échelle de l’électorat, les choses sont plus complexes et la tentation d’alliances lors de scrutins locaux est quelque chose qui peut exister.

Différentes raisons peuvent l’expliquer :

-       la proximité idéologique qui peut exister aujourd’hui entre une partie de l’électorat de l’UMP et le Front national sur des sujets comme l’insécurité ou l’immigration. Sur un certains nombres de points, des fractions de ces deux électorats peuvent se retrouver.
-       On voit aussi régulièrement dans les enquêtes d’opinion que la mue du Front national sous Marine Le Pen porte ses fruits, puisque le parti a un « effet repoussoir » beaucoup moins important que par le passé. Marine Le Pen elle-même a une bien meilleure image qu’avait son père.
-       Un élément stratégique existe aussi. Dans certaines villes de France, des militants UMP peuvent se dire qu’une alliance avec le FN peut permettre à la droite de conserver, voire de conquérir des villes, alors que faire bande à part favoriserait les listes de gauche.

Une écrasante majorité de sympathisants de gauche s’oppose à ces alliances. Comment expliquer une telle ferveur, alors qu’ils pourraient très bien ne pas avoir d’opinion sur la question ? Ont-ils peur d’une droite alliée sur « toute sa longueur » ?

Il peut en effet y avoir le sentiment auprès d’une partie de l’électorat qu’une telle alliance pourrait mettre en difficultés certaines listes de gauche.

Mais si cet élément stratégique peut exister, je pense que ce résultat s’inscrit surtout dans une tendance plus générale de rejet très fort du FN, qui reste très fort dans l’électorat de gauche. Sur certains sujets, notamment sociétaux, l’électorat de gauche se positionne très différemment de l’électorat frontiste. Le FN conserve une très mauvaise image auprès de l’électorat de gauche.

Qu’espèrent les 8% de sympathisants de gauche qui y sont favorables ? Une diabolisation générale de la droite ?

On peut imaginer que face aux stratèges de droite, il puisse aussi y avoir des stratèges de gauche qui se diraient « pourquoi pas ? Que l’UMP et le FN s’allient, ça pourra peut-être nous aider à diaboliser l’UMP, de provoquer un effet repoussoir notamment envers les électeurs du centre. » Ils peuvent penser que de telles alliances pourraient permettre à leur camp de récupérer des voix effrayées par ces alliances.


Méthodologie : Sondage exclusif CSA / ATLANTICO réalisé par Internet du 19 au 21 mars 2013. Echantillon national représentatif de 2 221 personnes résidant en France âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle du répondant), après stratification par région et taille d’agglomération. Au sein de cet échantillon, 430 sympathisants UMP et 252 sympathisants FN ont été interrogés.

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