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La rigueur budgétaire va-t-elle se trouver orpheline après le départ de Jérome Cahuzac ?
©Reuters

Et après... ?

Le ministre du Budget était apprécié pour son autorité. Après son départ, comment poursuivre l'effort de rigueur et faire appliquer les sacrifices budgétaires récemment demandés à tous les ministères hauteur de 5 milliards d'euros ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Bernard Cazeneuve et Jérôme Cahuzac, c’est le yin et le yang en politique. On ne peut en effet imaginer personnalités plus différentes. Là où le ministre du Budget démissionnaire affiche un caractère flamboyant et a le verbe tranchant, son successeur cultive la discrétion et la rondeur dans la forme, mais sait faire preuve de détermination sur le fond, voire de dureté dans l’expression, -quelques députés de l’opposition en ont fait l’expérience à l’occasion du dernier débat consacré aux questions européennes.

Autrement dit, les ministres changent, l’orientation politique demeure, et avec elle, les restrictions budgétaires. Les membres du gouvernement qui ne connaissaient pas très bien leur collègue des Affaires Européennes, ne vont pas tarder à s’en rendre compte. Pendant que les commentaires se multipliaient sur la démission du Ministre du Budget , ceux qui gardaient la tête froide, s’empressaient de préciser , tant dans les couloirs de l’Assemblée qu’au sommet de l’exécutif: "On ne change rien à la ligne". Pas question, par exemple, de revenir sur la re-fiscalisation des heures supplémentaires que réclame Jean-Louis Borloo. Trop de manque à gagner.Tout au plus peut-on s’attendre à quelques inflexions en faveur du logement, mais toujours dans la contrainte de la réduction des déficits publics. Pour le reste, plaide le gouvernement, les outils ( compétitivité, crédits d’impôts pour les entreprises notamment),sont déjà sur la table.

Une continuité qui s’explique d’autant mieux que le Gouvernement est sous la pression conjointe de l’opposition qui dénonce, à l’instar de Jean-François Copé un "gouvernement qui décidément n'a plus ni direction ni boussole", et de Bruxelles qui examine à la loupe les efforts de réduction des déficits de la France. Et même s’il n’est pas familier de Bercy, le nouveau Ministre du Budget connait parfaitement ces exigences puisqu’il a participé aux négociations sur l’élaboration du budget européen et qu’il était aux cotés de François Hollande pour sa finalisation il y a un mois. Les choses seront sans doute moins faciles pour son successeur aux Affaires Européennes, Thierry Repentin , chargé jusque là de la Formation Professionnelle , qui devra effectuer "une immersion totale" dans l’océan des problèmes européens , avec une priorité pour la crise bancaire chypriote. Quant à l’équilibre politique du gouvernement, il reste intact, puisqu’un "hollandais" venu de la "fabiusie" en remplace un autre, ex-strauss-kahnien rallié de longue date au Président de la République ! C’est peut-être au niveau de la visibilité des personnalités que les choses vont évoluer, Jérome Cahuzac dont le verbe est haut, éclipsait souvent le Ministre de l’Economie ,Pierre Moscovici, dont il n’était pourtant que le Ministre délégué.

Géré depuis l’Elysée par François Hollande dont la main n’a pas tremblé face à l’urgence de la situation, ce remue ménage gouvernemental a sans doute été accéléré à cause du débat sur la motion de censure programmé pour ce mercredi. On ne s’est pas embarrassé de formes au "Château" pour annoncer que le Président de la République avait mis fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac qu’il "remercie… pour l’action qu’il a conduite depuis mai 2012 comme ministre du Budget pour le redressement des comptes de la France. Il l’a fait avec talent et compétence", et qu’il le remplaçait derechef par Bernard Cazeneuve. Comme pratiquement tous ses prédécesseurs dans la tourmente (- de Bernard Tapie à Gérard Longuet, en passant pas Dominique Strauss-Kahn), Jérôme Cahuzac quitte le gouvernement avant même d’être mis en examen, emporté par la tourmente médiatique, et en dépit de la réaffirmation de la présomption d’innocence !

Jean-Marc Ayrault n’a pas eu à "proposer" le nom du successeur, restant officiellement en dehors du coup de ce chassé-croisé même s’il en était informé et y a participé .Mais il trouvera de ce fait un terrain dégagé pour "prononcer un discours  essentiel pour son avenir",selon les termes d’un hiérarque du PS. Et tout au long de la journée d’hier les responsables du groupe socialiste ont multiplié les déclarations pour expliquer leur attente d’un "discours d’un chef qui sait où il va, qu’il donne du sens, de la lueur, et des armes" (à ses troupes ). Des mots qui en disent long sur l’état d’esprit de ces députés quotidiennement aux prises avec le mécontentement des électeurs sur le terrain, et le désarroi qui règne au sein du groupe PS au lendemain du revers électoral dans l’Oise où la candidate socialiste a été éliminée au premier tour. Jean-Marc Ayrault va donc s’efforcer de reprendre la main, en annonçant peut être que le gouvernement va avoir recours aux Ordonnances pour accélérer la mise en œuvre des réformes, et pour relancer la machine économique, toujours sans creuser davantage les déficits en 2013. Y parviendra-t-il ? Certains au PS, regrettent en privé que l’on n’ait pas saisi l’occasion pour "procéder à un vrai remaniement", sans préciser l’ampleur qu’ils souhaiteraient lui donner. Pour l’heure la question n’est pas à l’ordre du jour. Mais le simple fait de l’évoquer montre qu’elle est posée.

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