Gatsby le Magnifique, film d'ouverture à Cannes : la littérature fait-elle vraiment recette au cinéma ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le film Gatsby le Magnifique vient d'être sélectionné pour être présenté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes.
Le film Gatsby le Magnifique vient d'être sélectionné pour être présenté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes.
©DR

Ciné-club littéraire

L'adaptation cinématographique est presque un style à part entière. L'ouverture du festival de Cannes avec Gastby le Magnifique montre cette année encore à quel point une référence culturelle littéraire peut servir un film.

Patrick Brion

Patrick Brion

Patrick Brion est historien du cinéma et animateur de ciné-club.

Une grande partie de ses recherches porte sur les genres cinématographiques (film noir, comédie musicale, cinéma fantastique, etc.) et sur le dessin animé. C'est grâce à lui que le grand public, en France, a redécouvert Tex Avery.

Il a écrit un ouvrage de référence sur le réalisateur américain de dessins animés intitulé Tex Avery (Le Chêne, 1984).

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Atlantico : Le film Gatsby le Magnifique, tiré du roman de Fitzgerald vient d'être sélectionné pour être présenté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes le 15 mai prochain. Rien qu'en 2013 on compte des dizaines d'adaptation de romans au cinéma. Quel est l'intérêt économique de  se baser sur une oeuvre littéraire ? 

Patrick Brion : Un des intérêts de l'adaptation littéraire est que le scénario du livre est en général de qualité (sinon on ne l'adapterait pas), le producteur peut donc se reposer dessus. Deuxièmement, l'oeuvre littéraire véhicule une notoriété que n'a pas un scénario écrit spécialement pour le film. Le simple fait de la mention de l'oeuvre évoque quelque chose au public, et il y a déjà une notoriété qui existe sur le film à ce moment-là, bien avant sa sortie au cinéma. Ce qui explique qu'on adapte souvent des romans ou des pièces déjà connues : les gens peuvent avoir envie d'avoir une adaptation cinématographique, et de voir quelle a été l'approche du réalisateur vis-à-vis de l'oeuvre. 

Ces films sont-ils toujours économiquement rentables ? Adapter des oeuvres littéraires qui ont connu un succès en librairie est-il toujours une garantie de succès public ? 

Oui et non, cela dépend bien évidemment du film. Au départ, c'est bien sûr un avantage car le sujet est connu. La notoriété de l'oeuvre est un atout non négligeable. Après, tout dépend des acteurs, de la manière dont le film est réalisé, du réalisateur, et finalement de la qualité du film. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte que la simple notoriété de l'oeuvre ne peut pas tout garantir. Les adaptations sont quand même, en grande majorité, des succès : Les Misérables, Notre-Dame de Paris. On adapte des oeuvres mondialement connues, donc le risque pris est minime, car même si les films n'ont pas de succès dans certains pays leur très large diffusion leur assure une rentabilité. Si le roman a plu, les gens peuvent être intéressés de voir comment le roman a été adapté. Mais l'adaptation est un exercice risqué : les déçus trouvent souvent que le film n'adapte qu'une petite partie du roman. Mais là est toute la difficulté : pour Les Misérables par exemple, qui vient de sortir, le film dure 2h05, alors que le roman fait plusieurs tomes. 

Est-ce que le fait de s 'appuyer sur des oeuvres littéraires donne aux films une légitimité intellectuelle supplémentaire ? 

Incontestablement. Cela ajoute une crédibilité au film, beaucoup plus que si le point de départ est un scénario inconnu du grand public. Et ces adaptations sont d'autant plus mises en valeur qu'elles tranchent avec les productions de type comédies : quand on adapte du Fitzgerald ou du Flaubert, on part d'un niveau culturel et intellectuel au-dessus. 

Qu'est-ce qu'une bonne adaptation ? Y a-t-il une bonne et une mauvaise façon d'adapter une oeuvre littéraire ? 

Une bonne adaptation est celle qui respecte à la fois le roman, pas forcément dans sa totalité mais au moins l'esprit du roman, mais qui témoigne en même temps de la personnalité du cinéaste. Madame Bovary de Vincente Minnelli est une oeuvre magnifique car elle respectueuse de l'oeuvre de Flaubert et en même temps elle est un bon exemple du style du réalisateur, c'est d'ailleurs un des films importants de sa carrière. Il faut être fidèle aux personnages du roman, respecter le ton, l'imagination et le style de l'oeuvre, ce qui n'est pas toujours évident. 

Est-ce que, à l'inverse, l'adaptation cinématographique sert aussi la littérature ? Les oeuvres littéraires adaptées sont-elles davantage lues ?

La majorité des livres connaissaient déjà un succès immense avant leur adaptation. Mais cela offre aussi à certains livres qu'on avait un peu oublié une nouvelle cure de rajeunissement. Les maisons d'édition profitent de la sortie en salles pour rééditer les livres avec la photo de l'adaptation qui vient d'être faite. Cela peut également permettre de ressortir d'autres versions du film. C'est ce qu'on vient de voir avec la sortie des Misérables, qui vient de ressortir une autre version. Sans la sortie du film, la version musicale ne serait pas ressortie. 

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