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Les records à Wall Street reflètent-ils vraiment l'état de l'économie américaine ?
©Reuters

Toujours plus haut !

L'indice phare de la place financière de New York a atteint le plus haut niveau de son histoire cette semaine. Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ?

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot est économiste, spécialiste des Etats-Unis chez BNP Paribas.

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Atlantico :  Le Dow Jones, l'indice phare de la bourse de New York, a atteint son plus haut niveau historique mardi. Son précédent record datait de 2007, soit avant le déclenchement de la crise financière puis économique. Que traduit ce nouveau record sur l'état de l'économie américaine ?

Alexandra Estiot : Certes, l’indice Dow Jones a atteint un plus haut historique, mais il faut tout de même relativiser, car si l’on tient compte de l’inflation, on reste sous les niveaux atteints en 2000. Cela dit, l’amélioration est notable, et en ligne avec l’amélioration du résultat des entreprises américaines, sous le jeu de forts gains de productivité ayant permis de réduire les coûts unitaires de production et ainsi, d’améliorer la compétitivité des entreprises exportatrices, qui ont aussi bénéficié du repli du dollar. Par ailleurs, les perspectives pour l’économie américaine s’améliorent, avec notamment un marché immobilier assaini.

La Fed, la banque centrale américaine, a lancé un programme de "planche à billets" de 600 milliards de dollars en 2010 en plus d'un programme de 40 milliards de dollars par mois pour une durée illimitée. Les résultats de la bourse de New York ne sont-ils pas le reflet "artificiel" de cette injection de liquidités massive ?

Les différentes vagues d’assouplissement quantitatif ont effectivement consisté à l’achat de titres longs par la Fed grâce à la création monétaire. Mais il n’y a rien d’artificiel à ce type de politique. Une banque centrale cherche toujours à orienter les taux d’intérêt à long terme. Lorsque les conditions économiques sont "normales", les décisions sur les taux courts influencent les anticipations du niveau dans le futur de ces mêmes taux courts, et par là, le niveau des taux longs. Lorsque les taux courts s’approchent de zéro, on ne peut plus utiliser leur baisse pour abaisser, ou maintenir bas, les taux longs : il n’y a alors d’autres choix que d’intervenir directement sur ces marchés.

En assurant que les taux d’intérêt resteront bas pour longtemps, la Fed envoie un signal aux investisseurs : le rendement est ailleurs. Cette politique incite ainsi à une prise de risque alors même que les conditions économiques restent incertaines, permettant aux entreprises de se financer à moindre coût. L’idée est donc bien de soutenir l’investissement. Bien entendu, un univers de taux trop bas trop longtemps conduit à une mauvaise estimation des risques et souvent à la formation de bulles. Mais les officiels de la Fed veillent bien davantage à ce type de dérive que dans le passé, et constatent, qu’actuellement, les risques potentiels sont très limités au regard de celui qui pèserait sur l’économie si la politique monétaire venait à devenir restrictive prématurément.

Démocrates et républicains ne sont pas parvenus à un accord sur le séquestre budgétaire. Résultat, plus de 80 milliards de coupes budgétaires sont entrées en vigueur. Au-delà des effets récessifs connus, l'économie américaine peut-elle se permettre de tels soubresauts ?

Il ne faut pas trop s’inquiéter des baisses de dépenses automatiques entrées en vigueur le 1er mars dernier. En premier lieu, une loi de financement (continuing resolution) doit être votée avant le 27 mars prochain afin d’assurer le financement de l’État fédéral jusqu’à la fin de l’actuel exercice budgétaire (30 septembre). Ceci pourrait constituer l’occasion de recalibrer ces baisses de dépenses automatiques vers des coupes plus ciblées, et pourquoi pas une hausse des recettes. Par ailleurs, le montant de ces baisses reste limité, et les effets sur l’économie devraient être limités, réduisant la croissance de moins d’un demi-point de PIB.

En réalité, les baisses de dépenses cette année sont moindres que celles mises en place l’année dernière, alors que la pression au niveau des finances des Etats et collectivités locales se lèvent. En résumé, les finances publiques américaines prises dans leur globalité pèseront moins sur la croissance, alors que les fondamentaux de l’économie réelle sont meilleurs qu’au cours des toutes dernières années. Un moindre poids sur une économie plus dynamique ne devrait donc pas avoir d’effet notable sur l’économie américaine, et encore moins sur celle de la zone euro.

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